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les collections aristophil

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VALÉRY Paul

(1871-1945) [AF 1925, 38

e

f].

L.A.S. « Paul Valéry », Paris 25 septembre 1915, [à Camille

ENLART, président de la Société des Amis des Cathédrales,

et directeur du Musée de Sculpture comparée, au Palais du

Trocadéro] ; 2 pages et demie in-8.

400 / 500 €

Belle lettre relative à

La Conquête allemande

, à l’organisateur de

la première exposition de photographies de monuments dévastés

par la Guerre.

[L’étude de Paul Valéry

La Conquête allemande

, parue dans

The New

Review

de Londres, n° 92, janvier 1897, puis publiée hors commerce,

fut reprise par

Le Mercure de France

du 1

er

septembre 1915.]

« Je suis infiniment sensible aux paroles que vous avez bien voulu

m’écrire au sujet de ma vieille petite étude. J’ai eu la triste chance de

tomber juste ; et je dois l’avouer, je croyais moi-même en l’écrivant,

me livrer à un jeu de pure logique imaginative. Je ne connais ni l’Al-

lemagne ni l’allemand, et toute cette bestialité suggérée par quelque

lecture, je me suis amusé alors à la pousser sur la pente de mon

esprit. La véritable horreur était au bout. Ces crimes contre l’esprit

commis par l’esprit le plus bêtement profond me stupéfient. Votre

musée était naguère un promenoir très délicieux pour moi. De plâtre

en plâtre, j’allais bien souvent perdre ou gagner une heure, dans votre

empire. Mais désormais, le Trocadéro me fait horreur. Songer que

Reims est morte m’est insupportable, et je vous plains positivement

d’avoir envers elle de pieux devoirs à remplir. […] certains aspects de

cette guerre sont incompatibles avec le sang-froid »…

On joint

une enveloppe à en-tête de l’Académie, à son nom, portant

le calcul de la somme de ses indemnités et droits de présence en juin

1934. Plus une photo de Valery et Mauriac en habit d’académicien.

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VALÉRY Paul

(1871-1945) [AF 1925, 38

e

f].

L.A.S. « P.V. », Lundi [9 avril 1917], à Pierre LOUŸS ; 2 pages et

quart in-8, enveloppe.

400 / 500 €

Au surlendemain de la mort de Georges Louis, demi-frère de l’écrivain.

Dans un moment aussi déchirant, certains préfèrent être seuls. « Et,

chose étonnante, chose même effrayante, je ne te connais pas assez

pour savoir ce qui te ferait le moins de mal quand tu souffres, d’être

seul ou de ne l’être pas. Chaque nerveux a son secret. Chaque peine

a sa figure absolument privée et incommunicable »… Il fera tout ce

qu’il pourra pour être à Saint-Sulpice le lendemain. « J’ai été heureux

de voir les journaux parler justement et véritablement de ton frère et

de sa carrière. On voit que son ambassade en Russie avait dû gêner

bien des gens, aujourd’hui par terre, les uns là-bas, les autres ici !

Du moins il a vu avant de mourir tomber ce dont il avait pressenti la

fragilité et l’intense pourriture »…

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VALÉRY Paul

(1871-1945) [AF 1925, 38

e

f].

3 L.A.S. « Paul Valéry », Paris ou Montpellier [1922-1927] ;

4 pages formats divers, une adresse, une enveloppe.

500 / 700 €

Mardi [5 décembre 1922]

, à Henry de MONTHERLANT. « J’aurais

grand plaisir à causer avec vous. Hélas ! Nous avons perdu notre

“académie” ! »…

2 avril 1926

. Il décline l’invitation de présider une séance

de la Société d’agriculture, des sciences et des arts d’Indre-et-Loire,

consacrée à la mémoire de René BOYLESVE. « Boylesve a été pour

moi un ami constant, l’un de ceux qui m’ont suggéré de me présenter

à l’Académie et qui ont soutenu ma candidature. Il est mort quelques

semaines après l’élection et les dernières lignes qu’il a écrites sont

les lignes d’un article sur moi qui n’a pas encore paru et dont j’igno-

rais l’existence. Les épreuves m’en ont été montrées trois ou quatre

jours après sa mort et je ne puis vous dire avec quelle émotion j’ai

lu ce texte posthume dans lequel le mort parle du vivant ! »…

17 juillet

[1927]

, à Maurice HERBETTE, ambassadeur de France en Belgique :

« Je reçois à l’instant la triste nouvelle de la mort de ma mère. Ne

pouvant donc à cause de ce grand deuil assister au dîner du 28, je

vous prie de m’excuser auprès de LL. MM. »…

On joint

une lettre dactylographiée à sa maîtresse Mme Jean VOI-

LIER, 26 mars 1939 (3 p. in-8, enveloppe) : « Il faisait un froid. Neige

et vent de rasoir à la glace. Je songeais à l’Etre, fou de fleurs et de

faïences, avec des cheiks devant et derrière, pendant que le triste

My self gelait l’âme accablée d’événements, et se demandait ce qu’il

allait débiter le soir. […] suppose que ton cœur soit un fruit. Bon, eh

bien, ce sourire est le goût de ce fruit quand il vient à maturité »…

Plus 2 télégrammes à la même, signés « Pauline ».