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ACADÉMIE FRANÇAISE

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SULLY-PRUDHOMME Armand Prudhomme, dit

(1839-

1907) poète [AF 1881, 24

e

f].

MANUSCRIT autographe signé « Sully Prudhomme », [25

mars 1884] ; 5 pages et quart in-8.

500 / 600 €

Allocution au banquet fêtant l’élection de François Coppée à

l’Académie française

.

[François COPPÉE avait été élu le 21 février 1884 ; il sera reçu le 18

décembre.]

Il ne fera pas l’éloge public du nouvel académicien : « j’aimerais

à signaler dans votre œuvre les qualités qui n’appartiennent qu’à

vous et dont nous, vos confrères en poésie, nous pouvons le mieux

connaître toute la valeur, parce que seuls nous les sentons inimitables.

J’aurais plaisir à étudier par quel prodige vous avez su tout ensemble

émouvoir les plus rebelles à notre art, étonner les plus habiles et

satisfaire les plus délicats, à caractériser, par exemple, vos rimes à la

fois si choisies et si peu laborieuses, dont les groupes ressemblent

à ces nobles familles qui ne doivent qu’à leur sang leur richesse et

leur distinction. J’aurais plaisir surtout à rappeler comment, dans la

mêlée sociale où l’Idéal a tant besoin de défenseurs, vous vous êtes

fait champion de la poésie sur les terrains les plus divers »... Mais le

but de ce banquet est plutôt de faire sentir à Coppée combien ses

confrères l’aiment, et Sully-Prudhomme se plaît à y voir le symbole

de la concorde qui règne entre les poètes : « On ne les voit plus,

comme autrefois, s’adresser ces cruelles satires, ces épigrammes

sanglantes où Boileau se consolait par sa malice de la modération

de son souffle, où le tendre Racine laissait percer des ongles si aigus

sous le velours de ses vers »... L’invective du XVIII

e

siècle, l’affaire

des classiques et des romantiques font partie du passé : « le génie

victorieux dont nous sentons encore le sceptre paternel s’étendre sur

nous, ne condamna les vaincus qu’à l’affranchissement perpétuel. La

querelle finit par un mariage, car maintenant l’imagination renouvelée

épouse le bon sens rajeuni. A ces noces, les Parnassiens mêmes

tiennent le poêle : après avoir savamment discipliné la forme ils ont

compris qu’elle est seulement belle par sa transparence qui donne

envie de toucher le fond. Les mœurs littéraires se sont donc adoucies

pour nous et tous les poètes aujourd’hui sont vraiment confrères »...

Il salue Coppée, artiste et homme de la conciliation et de la grâce, et

il termine par un hommage à

LECONTE DE LISLE

et

BANVILLE

, qu’il

souhaite voir bientôt sous la Coupole, et à

MIGNET

, décédé la veille....

On joint

un SONNET a.s.,

Aux poètes futurs

, 18 juillet 1872 (page

d’album in-8 fendue et réparée) ; et 3 L.A.S., 1881-1899 :

23 décembre

1881

, à une marquise après son élection,

24 juillet 1898

à Charles

de Freycinet et

24 juillet 1899

à un confrère, sur ses articles pour la

Revue Scientifique

« sur les

causes finales dans la science

[…] Je ne

déserte pas la poésie, mais maintenant rien ne me fatigue plus que

la versification », la préparation de son discours pour la réception

de Paul Deschanel, etc.

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SUPERVIELLE Jules

(1884-1960).

L.A.S. « Jules Supervielle », Le Randon, Olivet (Loiret) 31

janvier 1956, à André MAUROIS ; 1 page in-4.

300 / 400 €

Sur son projet de candidature à l’Académie française

. [Supervielle

avait reçu en 1955 le Grand Prix de Littérature de l’Académie française

pour l’ensemble de son œuvre.]

Il remercie vivement Maurois pour le conseil transmis par leur ami

Roger CAILLOIS, et sans lequel, étant parti tête baissée, il allait à un

échec certain. « Ma double excuse : je suis un huron de Patagonie

et, qui plus est, un huron changeant mais ne pensez-vous pas qu’il

est permis à un poète d’avoir des variantes, même dans sa vie. Il me

semble que le Colonel Bramble m’aurait compris »... Le comble, c’est

qu’il ne sait à quel fauteuil s’adresser. « Vialar me dit que ce serait

plutôt celui du baron Seillière mais j’aimais bien l’Amiral Lacaze [...]

De plus, ayant passé plus de 400 jours sur mer je me considère

souvent comme un marin d’eau salée. J’allais dire pardon, cher

ami, mais nous savons tous deux n’est-ce pas que l’ironie est la

forme moderne d’une tendresse même respectueuse et que sur ce

point notre complicité n’est peut-être pas impossible »... Il écrit au

Secrétaire perpétuel...

On joint

une carte de visite autogr. de Mme

Supervielle aux Maurois.