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Littérature
« Galanteries », puis dans l’appendice, tiré à
15 exemplaires hors commerce, du tome II
des
Poésies complètes
(Charpentier, 1876).
C’est le gendre de Gautier, Émile Bergerat,
qui le révélera au public en 1879 dans son
livre
Théophile Gautier, entretiens, souvenirs
et correspondance
, avec une lettre de Paul
de Saint-Victor définissant ce poème comme
« le dernier mot de la beauté plastique ». [Voir
Charles de Lovenjoul,
Histoire des œuvres
de Théophile Gautier
, t. II, p. 274 et 604-607.]
Le titre fait évidemment référence au cabinet
secret du musée de Naples.
Le manuscrit, quasiment sans ponctuation,
présente des ratures et corrections, et
d’importantes variantes inédites, différentes
de celles relevées par Lovenjoul dans le
manuscrit de premier jet sur le carnet de
Louis de Cormenin. L’ordre des strophes
est modifié sur ce manuscrit, et certains
quatrains figurent en deux ou trois versions
successives. Sur les deux premières pages,
Gautier a d’abord mis au net son poème, en
19 quatrains, puis il y a porté des corrections,
et ajouté dans la marge de gauche deux
nouveaux quatrains, puis rédigé dans la
marge de droite des versions alternatives
de six strophes, avant de mettre au point
sur la troisième page une nouvelle suite de
neuf quatrains.
« Des déesses et des mortelles
quand ils font voir les charmes nus
les sculpteurs grecs plument les ailes
de la colombe de Venus »...
La 7
e
strophe, faisant allusion à La Fontaine
et au poil de la brune, reçoit en marge une
nouvelle version alternative où apparaît le
vers : « le cheveu que rien ne rend droit ».
La 8
e
strophe offre une intéressante
correction inédite au 2
e
vers : « et tes Venus,
ô Titien », dont le début est corrigé en « grand
pornographe ».
C’est à partir de la 12
e
strophe que le travail de
réécriture devient plus important, et le poème
fortement remanié. Citons ainsi la première
version de l’avant-dernier quatrain, ajouté
dans la marge, après quelques ébauches
sur la 3
e
page :
« Sur ta soie annelée et fine
que l’art toujours voulut raser
ô douce barbe féminine
reçois mon vers comme un baiser ! »
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GIDE André (1869-1951).
L.A.S. « André Gide », Cuverville 6
août 1912, à Jean
COCTEAU
; 2 pages
in-4.
1 000 / 1 500 €
Précieuse lettre portant sa première
appréciation sur l’œuvre de son jeune
admirateur
.
[Cocteau venait de publier son troisième
recueil de poésies,
La Danse de Sophocle
.]
« Si je les avais trouvés mauvais, vos vers, vous
le sauriez déjà, et je vous aurais mal pardonné
la grosse déception qu’ils m’auraient causée.
Mais rien ne m’est plus difficile qu’une lettre
que je ne puis remplir que de louanges. Vous
êtes prodigieusement, périlleusement bien
doué. De toute ma morosité je souris à votre
jeunesse. Quel jugement saurais-je porter
sur vos pensées ? Et comment critiquer la
danse, lorsque le danseur est charmant ? »…