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les collections aristophil
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FLAUBERT Gustave (1821-1880).
L.A.S. « G
ve
Flaubert », [Croisset fin décembre 1860], à Ernest
FEYDEAU ; 2 pages in-8 sur papier bleu.
2 000 / 3 000 €
Amusante lettre fort libre à propos de
Salammbô
.
« Vieux fol Je te souhaite pour 1861 gloire, argent, santé et ce qui vaut
mieux que tout cela : Bonne humeur.
Tu vas avoir pour ta pièce [
Un coup de bourse
, qui ne sera pas
joué, mais publié en 1868], mon bon, une série d’emmerdements
fantastiques, & tu entendras sur la moindre de tes scènes dire plus
de bêtises qu’il n’en fut imprimé sur tous tes livres – ce qui n’est pas
une raison pour reculer. Au contraire ! Mais tu n’es pas au bout & je
te plains d’avance ; car tu vas entrer dans un joli monde – joli, joli !
Quant à moi je ne vois personne, je ne lis rien. Je barbouille de midi
à 3 heures du matin & me rotis horriblement les tibias, voilà tout. M
elle
Salammbô fait maintenant, toute nue, des langues fourrées avec un
crocodile – par un clair de lune superbe – et dans le chapitre qui va
venir (le XI
e
) elle va enfin tirer un coup »...
Sur la page 4, notes autographes au crayon d’Ernest FEYDEAU,
brouillon de répliques pour sa pièce.
Correspondance
(Pléiade), t. III, p. 128.
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FLAUBERT Gustave (1821-1880).
L.A.S. « G
ve
Flaubert », Croisset Lundi soir [29 mai 1865], à
Mme Hortense CORNU ; 2 pages in-8 sur papier bleu (trace
d’onglet au verso).
1 500 / 1 800 €
En faveur de son ami Louis Bouilhet.
[Hortense CORNU, née Lacroix (1809-1875), épouse du peintre Sébastien
Cornu, était filleule de la Reine Hortense et du futur Napoléon III, avec
qui elle avait été élevée, et sur qui elle eut une grande influence.]
Il la remercie « beaucoup pour avoir recomforté mon pauvre
Monseigneur [Louis BOUILHET] qui était dans un état pitoyable. Sa
situation est triste. En lui venant en aide vous ferez une bonne action,
je vous assure. Comment s’y prendre pour qu’il ait
de quoi manger
tout en restant poëte ? Voilà la question. Je m’en rapporte à votre bon
cœur & à votre esprit pour la résoudre, & je vous suis reconnaissant
de la chose comme si elle était accomplie ».
Puis au sujet du discours du PRINCE NAPOLÉON à Ajaccio, le 15 mai,
en faveur d’un Empire libéral (qui lui valut la disgrâce de Napoléon
III) : « Le discours d’Ajaccio m’avait tellement frappé que j’ai eu, un
instant, l’idée d’écrire au Prince. La peur de paraitre courtisan m’a
retenu. Jules [Duplan] m’écrit que j’ai bien fait. Est-ce vrai ? il me
semble qu’on a été un tantinet sevère pour le Prince ? »
Il a appris avec tristesse que la marquise ROCCAGIOVINE avait perdu
sa fille [Matilda del Gallo, âgée de 15 ans, fille de Julie Bonaparte,
marquise de Roccagiovine et cousine issue de germain de Napoléon
III], et prie Mme Cornu de lui dire « combien cette nouvelle m’a
affligé
.
Le mot est exact. Vous ne mentirez pas. Le souvenir de cet enfant
est lié, pour moi, à celui de sa mère, car elle était chez vous avec
elle lorsque je l’ai vue pour la première fois. Pauvre femme ! quel
désastre ! quel désespoir ! Comme elle doit être, en plus, irritée de
toutes les
consolations
qu’on lui offre ! »…
Correspondance
(Pléiade), t. V, p. 1008 (extrait).