Previous Page  129 / 268 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 129 / 268 Next Page
Page Background

127

Littérature

439

FLAUBERT Gustave (1821-1880).

MANUSCRIT autographe signé « G

ve

Flaubert »,

Les

Mémoires d’un Fou

, 1838 ; 141 pages in-fol. sur 72 feuillets

montés sur onglets et reliés en un volume in-fol. (32,7 x 23,8

cm) cartonné recouvert de soie lie de vin brochée de

motifs noirs et de points rouges, chemise et étui (quelques

légères rousseurs éparses).

300 000 / 350 000 €

Très précieux manuscrit autographe de la première œuvre littéraire

de Flaubert, largement autobiographique, et qui servit de matrice

à

L’Éducation sentimentale

. Un des rares manuscrits d’une œuvre

de Flaubert en mains privées

.

Ces pages constituent l’entrée en littérature de Flaubert. Âgé de 17

ans, il donne une forme romanesque à ses premières expériences

sentimentales, autour du récit de sa rencontre sur la plage de Trouville

avec Mme Schlesinger, qui marquera à jamais sa sensibilité, et inspirera

le personnage de Mme Arnoux dans

L’Éducation sentimentale.

Flaubert a rédigé

Les Mémoires d’un fou

en 1838, entre la fin juin et

l’achèvement du conte

Ivre et mort

, et décembre où il commence

le « vieux mystère »

Smar

. Il en offre le manuscrit en étrennes à son

ami Alfred Le Poittevin le 4 janvier 1839.

Le manuscrit est rédigé à l’encre brune au recto et verso de feuillets

de 32 x 20,5 cm pour la plupart (quelques-uns sont un peu plus petits,

et 3 versos seulement sont vierges), avec une pliure verticale pour

marquer la marge au recto. Après le feuillet de titre portant l’envoi

au verso (plus grand et large que les autres, avec un pli horizontal

montrant qu’il a pu servir de chemise au manuscrit), et le feuillet

de dédicace, Flaubert a numéroté en haut du recto les 7 premiers

feuillets de son récit (1 à 7), puis a cessé (une pagination au crayon a

été ajoutée ultérieurement, probablement lors de la copie qui servira

à l’édition). Le récit est divisé en 23 chapitres, numérotés I à XXIII,

Flaubert allant à la page pour chaque chapitre. L’écriture est cursive

et rapide, et montre une rédaction pressée, avec quelques fautes et

mots oubliés dans l’encrier. Le manuscrit présente de nombreuses

ratures et corrections (plus de 230), avec des additions, principalement

dans les marges, ainsi que des passages biffés, comme par exemple,

pour s’en tenir au chapitre II, ces phrases supprimées : « et je meurs

d’un vers solitaire qui m’a rongé peu à peu les entrailles morales », et

sur sa mère : « qui a versé tant de larmes sur ma fragile existence qui

veillas tant de nuits et avec tant d’amour au chevet de ton enfant…… Quel

monde que le cœur d’une mère quels élans d’amour en sortent, de

combien de douces choses son âme en est baignée d’une mysticité

de tendresse qui est quelque chose des cieux ».

Flaubert a offert ce manuscrit à l’état brut, sans avoir pris le soin de

mettre au net, à celui qui était alors son ami le plus proche, Alfred

LE POITTEVIN (1816-1848), avec cette longue dédicace, qui occupe

toute une page en tête du manuscrit :

« A toi mon cher Alfred

ces pages sont dédiées et données

.../...