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Littérature
296.
SAINT-JOHN PERSE
. L.A.S. « Alexis Léger », Washington 5 avril 1949, à l’éditeur A.A.M.
S
tols
, à La Haye ; 5 pages
in-4, enveloppe.
1 000/1 300
B
elle
et
longue
lettre
parlant
de
V
alery
L
arbaud
,
aphasique
depuis
1935,
et
de
ses
propres
éditions
françaises
et
étrangères
.
Il vient de recevoir la lettre de Stols du 20 juillet 1947, adressée à la Library of Congress, où il n’a plus d’attache depuis près de trois
ans, et l’assure de son excellent souvenir : « Je ne suis pas un être abstrait et ma mémoire n’est pas celle d’un intellectuel. J’ai encore dans
les yeux le visage et la silhouette du parfait galant homme que m’amenait
L
arbaud
. Je me souviens de tout ce qui m’a plu de l’élégance
de son esprit aussi bien que de ses manières. Je me souviens aussi des parfaites œuvres d’art et de style qu’étaient les pures éditions
portant sa signature […] Ce lien vivant que demeure entre nous la pensée de Larbaud m’émeut, car je garde à son amitié – j’allais dire,
hélas ! à sa mémoire – toute ma fidélité »… Il aborde ensuite les publications de Stols : la revue
Érasme
, dont la disparition, si elle s’avère
définitive, est une « perte française » ; une bibliographie de plaquettes françaises ; un Corbière ; la correspondance Jammes-Larbaud et les
lettres de Larbaud à Gide ; enfin un projet de plaquette comprenant deux textes de Larbaud sur Saint-John Perse : « De quel autre texte
s’agit-il que sa préface à l’édition russe d’
Anabase
? Est-ce un très vieil article donné à
La Phalange
, vers 1911, au sujet de la publication
d’
Éloges
? Je ne me rappelle rien d’autre ; et tout ce qui me rattache à cet ami m’est précieux »… Il demande des éclaircissements
bibliographiques sur des traductions néerlandaises de ses œuvres, et s’il peut le renseigner sur d’éventuelles traductions scandinaves ;
il parle d’éditions chez Gallimard d’
Exil
,
Anabase
et
Vents
, et explique pourquoi il ne peut lui accorder le droit de faire une édition
intégrale de ses œuvres en un volume. « En fait de publication partielle, je vous signale la possibilité de faire un sort particulier à la
suite des cinq poèmes groupés sous le titre :
La Gloire des rois
, et qui comprend la réédition d’
Amitié du prince
dont vous parliez »… Il
souhaite que Stols lui parle plus longuement de lui-même et de ce qui lui tient à cœur. « J’imagine mal votre vie à La Haye. Aidez-moi
à vous y suivre dans tout ce que vous pouvez avoir en vue, ne fût-ce qu’en songe »…
297.
Bernardin de SAINT-PIERRE
(1737-1814). L.A. (minute), [vers 1785, à son frère Joseph-Nicolas de
S
aint
-P
ierre
D
utailly
]
; 4 pages in-4, avec de nombreuses ratures et corrections.
1 000/1 200
B
elle
et
longue
lettre
de
consolation
à
son
frère
,
accusé
de
trahison
et
emprisonné
à
la
B
astille
.
« Dans votre passage de Charelstown à St Domingue pour échaper aux corsaires anglois qui infestoient les mers de la Floride vous
avés feint une lettre adressée au gouverneur de la Jamaïque où vous lui proposés de livrer au roy d’Angleterre, la Georgie au service
de laquelle vous étiés. Cette ruse digne de l’ancien Ulisse vous a servi à échaper à un corsaire de Tortone et aux prisons cruelles de St
Augustin, mais par un revers fatal elle vous a fait tomber dans l’animadversion du gouverneur de St Domingue et dans les prisons de la
Bastille. Il est triste sans doute de se voir envelopé dans le filet, et de se voir puni par sa patrie d’un moyen imaginé pour se conserver
à ses alliés mais votre conscience doit vous rassurer et la sagacité et l’équité du Ministre de la Marine. Quoique les preuves positives de
votre stratagème soient hors de votre portée par l’éloignement et par votre position, il y a des preuves négatives si lumineuses qu’elles
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