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15.
Jules BARBEY D’AUREVILLY
(1808-1889). L.A.S., Lundi 13 [octobre 1856 ?], à un Vicomte [d’
Y
zarn
-F
reissinet
] ;
2 pages et demie in-8 à l’encre rouge (petite fente au pli médian).
700/800
B
elle
lettre
au
sujet
des
P
ensées
grises
du
vicomte
. « J’ai lu vos épreuves
intégralement
. Mon impression est
celle-ci
: je brusque tout.
Livre
subjectif
, – trop peut-être – poétique, – d’un coloris agréable, – des
méditations poétiques
en prose. Vous auriez pu tout aussi bien
les faire en vers […] La seule chose qui manque peut-être encore ici, c’est l’originalité profonde, mais tant mieux pour le succès ! Votre
livre donne le
si bémol
de toutes les âmes bonnes, pieuses, distinguées et très sensibles, et fera vibrer toute une masse d’esprits qui, si
vous étiez plus exceptionnel, plus original, plus personnel, ne vibreraient pas. Vous êtes le poète et le moraliste d’un très-grand milieu.
Dites cela à vos éditeurs. Tout ce qui se frotte de poésie comme nous frottons les chapons d’ail, dans nos salades adorées, sera pour vous.
Il n’y a guère que cela dans le monde – des
frottimini
poëtiques ! […] Votre livre très
subjectif
n’a pas besoin d’une préface qui est toujours
un peu
subjective
. Vous n’avez pas besoin de multiplier votre
moi
dans une préface ; dans votre livre, il est partout. Vous pourriez, sur
une très belle
page blanche
, écrire le mot de Mme de Staël : “Que ceux qui se comprennent se devinent !” C’est un peu concis. Mais
j’aime la concision. Les gens d’esprit la pénètrent, et elle met les sots à la porte »…
16.
Jules BARBEY D’AUREVILLY
. L.A.S., Hôtel Granval Dimanche 23 [décembre 1877], à Victor
L
alotte
; 3 pages in-8,
enveloppe (timbre découpé, cachet de cire rouge à la devise
Trop tard
).
500/700
S
ur
les droits de
ses
B
as
-B
leus
.
« J’étais endormi sur votre bonne lettre, quand une lettre de Nicolardot est venue très désagréablement
me réveiller. Il me mande qu’Amyot
est allé chez Palmé et qu’il y a dit : qu’il allait me faire un procès
en police correctionnelle pour
stellionnat
. C’est odieux et profondément bête. Mais il faut croire à la bêtise humaine, parce que c’est ce qu’il y a au monde de plus
commun ». Il voudrait savoir ce qu’il en est. « Dans tous les cas, nous sommes à l’abri, je pense, de cette ignoble accusation. J’étais de
la plus entière bonne foi, en vendant à Palmé,
après les refus
du père Amyot de prendre mes
bas-bleus
,
– refus répétés avant sa faillite.
M. Nicolardot, lui-même, qui était souvent mon intermédiaire auprès du père Amyot, lui a,
comme moi
, souvent proposé le manuscrit
des
bas bleus
, et Amyot lui a finalement répondu : que j’étais libre de faire des
Bas bleus tout ce que je voudrais
[…] Cependant, et
quelques armes que nous ayons, cette idée
du procès en stellionat
est pour moi une inquiétude. Rassurez-moi »…
Correspondance générale
, t. VIII, p. 135.
17.
Jules BARBEY D’AUREVILLY
.
L.A.S.
« J.B. d.A. » (minute), [mai 1878, à Hippolyte
T
aine
] ; 2 pages in-8 sur papier à
sa devise
Never more
.
500/700
B
elle
lettre
au
sujet
de
L
a
R
évolution
de
T
aine
(tome I, second volet des
Origines de la France contemporaine
).
« Je suis très heureux de vous avoir rendu justice et j’aurai du bonheur à vous la rendre toujours. […] Vous ne voulez être à mes yeux
ni matérialiste ni athée. Vous êtes l’homme du développement scientifique, tout simplement, le meilleur des bons enfants scientifiques.
Vous n’êtes point hostile aux choses religieuses – pourquoi le seriez-vous ? – et vous poussez même la bonté jusqu’à trouver dans le
Darwinisme un petit péché originel, à notre usage, et qui doit nous faire, à nous autres, honneur et plaisir. […] Je vous trouve aimable,
Monsieur, mais vous ne m’avez convaincu que de cela. J’ai beau me monter la tête en vous lisant, votre Adam-loup ou singe à qui la
civilisation tond le poil et gratte la peau pour en faire un homme, ne ressemble pas du tout au mien à qui on n’a pas appris à marcher
progressivement sur ses pieds de derrière et qui (peut-être pour cela) est tombé de toute sa hauteur, l’imbécile ! Et resterait par terre, si
la Religion ne le remettait pas sur les pieds ! »….
Correspondance générale
, t. VIII, p. 153.
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