12
34.
Léon BLOY
. L.A.S., Mévoisins 5 septembre 1915, à René
M
artineau
; 1 page in-8 en hauteur.
150/200
Très occupé par le septième volume de son
Journal
, il prie ses amis de « se contenter de ces rognures de papier, supprimant ainsi autant
que possible toute correspondance onéreuse. Je suis à peu près bien portant, mais Jacques exagère, quand il parle de ma
gaité
. Il n’y a
pas de quoi et, sans mon travail, je mourrais de tristesse ici. La pluie froide a commencé déjà. Le bon [Pierre]
T
ermier
était chez nous
dimanche, ayant fait le voyage de Rennes à Saint-Piat tout exprès pour nous voir 3 heures »… Son épouse Jeanne a ajouté une ligne au
bas de la lettre.
35.
Louise d’Osmond, comtesse de BOIGNE
(1781-1866) mémorialiste. L.A.S. et 5 lettres dictées, la plupart s.d. ; 3 pages
in-8 à son chiffre couronné, adresse, et 22 pages in-8, la plupart à son chiffre.
200/250
Dimanche [17 décembre 1843]
, à Sylvain
D
umon
(nouveau ministre des Travaux publics) : « depuis tantôt trente ans j’entends crier à
tous
les ministères à la fin de
toutes
les sessions, “il faudra nous
fortifier
ou nous
épurer
avant la prochaine session” : et puis n’y plus penser. Cette
fois on a fait l’un et l’autre en votre personne : cette pauvre personne en sera-t-elle plus heureuse ? Hélas je ne suis pas assez spartiate pour
désirer à mes amis le fardeau et les ennuis du portefeuille ! »… – Les lettres dictées semblent s’adresser à un Anglais. Mme de Boigne parle
du dernier chapitre de son « barbouillage », où est peint « une classe d’hommes qui n’existe plus, que vous n’avez jamais connue » … Elle
évoque les affaires politiques anglaises, Paul Demidoff, la princesse Obolensky, le baron de Budberg, les Duchâtel, Rouher et Drouyn de
Lhuys, parle des effets d’une grève de cochers de fiacres à Paris, exprime des condoléances et des vœux, etc.
O
n
joint
une l.a.s. de la duchesse de
G
alliera
sur les derniers moments de la comtesse (11 mai 1866).
36.
Jacques-Bénigne BOSSUET
(1627-1704). L.A.S. « JBenigne E de Condom », Saint-Germain 14 décembre 1671, au Père
Dominique
B
ouhours
; 1 page in-4 (rousseurs).
1 500/2 000
S
ur
son
livre
E
xposition
de
la
D
octrine
de
l
’É
glise
catholique
sur
les matières
de
controverse
,
qui
vient
d
’
être
imprimé
.
« Ce qui m’a obligé mon Reverend Pere a vous faire presenter mon petit Traité, c’est l’estime particuliere que je fais de vostre personne.
Je m’estois bien atandu qu’un religieux si zelé loueroit le dessein d’un ouvrage si necessaire, et je n’ai pas douté non plus que la
doctrine ne fust approuvée par un theologien aussi eclairé que vous. Mais qu’un homme dont la plume est si correcte et si delicate, bien
loin destre rebuté par la simplicité de mon style, luy donne autant de loüanges que vous faites, je n’aurois osé l’esperer. Je dois cette
approbation en partie a ce jugement exquis qui vous fait si bien distinguer les caracteres qui sont propres a chaque matiere, et en partie
a vostre bonté qui vous a fait excuser mes defauts. J’en suis fort touché »…
Ancienne collection René
K
erviler
.
Correspondance
, t. I, p. 231 (n° 54).
37.
André BRETON
(1896-1966). L.A.S., Ciudad Trujillo 28 mai 1941, à Pierre
M
abille
; 1 page in-4 à l’encre verte sur
papier pelure.
700/800
P
assage
à
S
aint
-D
omingue
après
son
séjour
à
la
M
artinique
[il partira quelques jours plus tard pour New York où il rendra visite à
Yves
T
anguy
, dont il indique l’adresse au bas de la lettre]. « Notre séjour à Ciudad Trujillo aura été aussi agréable que possible. Nous
n’avons qu’à nous féliciter de l’accueil reçu ici de toutes parts. On ne sait pas assez l’excellente organisation qui préside ici à tous les
services publics, la diligence et même la prévenance y sont de règle. […] La ville toute moderne, reconstruite après le cyclone de 1930,
n’a pas le charme physique de Fort-de-France : il y a toutefois de beaux vestiges des premières années de la conquête et, au musée, de très
beaux spécimens de l’ancien art caraïbe, que j’ai toujours situé très haut ». Il croit savoir que
M
asson
et
L
ebeau
sont partis la veille pour
New York sur le
Duc d’Aumale
… « N’oubliez pas, si vous allez à la Martinique, d’aller voir longuement
C
ésaire
ou d’ici là de lui écrire :
c’est un poète véritable et sa rencontre a illuminé une partie de notre voyage. Je sais que vous et lui vous avez beaucoup à vous dire »…
38.
Charles de BROSSES
(1709-1777) premier président au Parlement de Bourgogne, érudit et écrivain. L.S. avec lieu et date
autographes, « A Dijon 22. Juillet 1767 », à Charles-Marie de
L
a
C
ondamine
, de l’Académie française, à Paris ; 3 pages in-4,
adresse, cachet de cire noire aux armes, marque postale ; note autographe de
L
a
C
ondamine
en tête de la lettre. 1 000/1 500
B
elle
lettre
relative
à
son
T
raité
de
la
formation mécanique
des
langues
et
des
principes
physiques
de
l
’
étymologie
(1765),
ouvrage
précurseur
de
la
linguistique moderne
.
Il est flatté de la lecture suivie de son ouvrage, et du suffrage d’un aussi bon connaisseur. « Je n’ai voulu que donner l’essay d’une
theorie générale sur la formation du langage humain ; en l’appuyant sur des principes physiques, et sur une Metaphysique fondée elle-
même sur l’observation de la nature : car je pense avec notre ami
B
uffon
qu’il n’y a de bonne Metaphysique que celle qui est tirée de
la nature »… Il comptait s’en tenir là, mais on l’exhorte maintenant à développer ses principes, « soit par l’application de cette Théorie
grammaticale aux sciences qu’elle peut eclairer : soit par l’execution d’un essay monoglotte de l’Archæologue que j’ai proposé, lequel
contiendroit un Catalogue des Racines organiques et des principales branches qu’elles ont poussées sur chaque tronc dans les langues les
plus connues. […] ce sera le cas d’extraire à la suite du monoglotte un petit vocabulaire paralelle des termes équivalens en toute sorte de
langues, distribué comme vous en avez formé le projet par classes de mots, de 1
ere
, 2
e
ou 3
eme
necessité. Ce tableau paralelle seroit d’une
grande utilité aux voyageurs, outre qu’il faciliteroit beaucoup la prompte intelligence des langues. Car vous scavez, que l’on ne scait
jamais mieux une langue que quand on la scait par Racines, et que de plus rien n’aide davantage a en apprendre une autre, puisquelles
rentrent toutes les unes dans les autres. Personne n’est plus en état d’executer un si bon projet que vous, Monsieur, qui avez tant vu de
Nations, et qui avez sçu les voir philosophiquement »… Il lui serait fort obligé de lui faire part de ses « vocabulaires Americains pour
les joindre à une quantité de vocabulaires barbares que j’ai déjà rassemblés », afin de ranger « les termes de toutes les langues sous leurs
signes primitifs organiques et radicaux, tels qu’ils sont indiquez par les inflexions et articulations de la voix humaine »…