5
Littérature
Je suis maintenant avec un groupe du peloton où il n’y a que des polytechniciens, des centraux et des gens très riches de Nîmes, surtout
un gros type nommé Favre de Tirens. Je crois qu’ils sont tous tantes. Je regrette mes jeunes gens simples de l’autre groupe et mon
premier Maréchal des logis, qui n’était certes pas meilleur type que celui-ci, mais bien meilleur instructeur, ce qui compte. Mon Lou
adoré, j’ai en somme passé une bonne journée, sauf un peu mal au ventre, je suis gai et dispos, je viens de prendre un thé au rhum, j’ai
vu partir des obus, j’ai appris à trotter, j’ai fait une belle promenade. Je t’aime, tu m’aimes, que me faut-il de plus. A bientôt donc, mon
très cher chéri, je t’embrasse et te respire partout, ma tubéreuse de Nice, mon jasmin de Grasse, ma baie de laurier de Nîmes. Je baise
ton pied et ta bouche ma bien-aimée ».