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les collections aristophil

jamais seul. Je n’ai le temps de rien faire »… Mme Bertrand a fait sa

quatrième fausse-couche depuis leur arrivée…

8 février

. Les soins du

Dr Antommarchi et l’exercice ont fait du bien à l’Empereur : nul doute

que s’« il vainquoit sa répugnance et montoit à cheval il ne contribua

à sa guérison. La crainte d’un malentendu dans les consignes le retient

toujours, l’aggrandissement de l’enceinte en a diminué les chances,

mais il en reste encore et c’est assez pour l’arrêter »… Plaintes sur les

prêtres que le cardinal FESCH a envoyés ici…

28 février

. Nouvelles

de M. SAINT-DENIS [le Mamelouk Ali] ; Gentilini a la permission de

partir…

30 avril

. Le Dr Verling a quitté l’île ; le comte BALMAIN s’est

marié avec la fille aînée de Lady Lowe, la rage de partir a repris de

plus belle chez la belle Fanny [Bertrand], « quelle folle ! »… Toujours

des travaux au jardin ; il n’écrit pas plus de 4 heures par jour, « c’est-

à-dire une cinquantaine de pages sous sa dictée et la mise au net.

Malheureusement tout ce travail n’est pas toujours sur des objets

d’un même intérêt, les rêveries militaires, les guerres des anciens,

les chapitres de finances seroient bien souvent mis à l’arrière si

j’indiquois l’ordre du travail »…

6 juin

. Les Bertrand sont toujours

parfaits pour lui, mais « au dernier degré du désir de retourner en

Europe », et il gronde sa femme de ne pas s’être occupé tout de suite

de lui trouver un remplaçant. Il insiste sur les habitudes de son

caractère ; et « si jamais je quittais l’Empereur sans être remplacé

près de lui j’aurois détruit en un seul jour tout ce que j’ai fait pour toi

pour mes enfants, pour ma réputation »…

22 juin

. « Notre Longwood

est triste, bien triste, sans cependant qu’aucun nouveau malheur soit

venu nous y frapper, mais tout a fini dans ce monde, et il faut plus

qu’un courage ordinaire pour pouvoir supporter notre position –

Fanny peut-être y contribue un peu, ses cris continuels pour revoir

d’autres rives que celles de notre immense océan ne jettent pas sur

notre vie beaucoup d’agréments […], elle ne peut s’accoutumer à l’idée

quelle vieillit sur ce rocher maudit »… Lui-même veut retrouver sa

femme, plus qu’il ne veut quitter Sainte-Hélène : « Toutes les conso-

lations de l’amitié, tout ce qui peut diminuer mes regrets, je le trouve

dans l’Empereur »…

19 juillet

. Il ne conçoit pas quels « obstacles

chimériques » l’empêchent de lui trouver un remplaçant ; le refus du

jeune LAS CASES est naturel, « il falloit être ideologue comme son

père pour imaginer qu’on lui permît de renvoyer ici un écolier de 18

à 20 ans qui ne pouvoit être utile qu’à lui-même en venant acquerir

et non aider à supporter une horrible situation. J’ai tort de dire comme

son père seul, car sans aucun doute le Cardinal Fesch a été tout aussi

insensé dans le choix des individus qu’il nous a envoyés. Un homme

instruit littérateur distingué, un vieux compagnon d’armes, un ami

d’enfance voila ce qu’il falloit choisir »…

29 juillet 

: « quel interêt le Roi

peut il avoir à ce que ce soit moi plustot que tout autre individu qui

languisse sur ce rocher en y remplissant un devoir si saint que tant

de français couverts des bienfaits de celui qui vingt ans fut leur

souverain ? Rappelle-toi que même dans les premiers moments de

notre arrivée à S

e

Helène, le ministère acceda aux instances de

PIONTKOWSKI, ce polonais, espèce d’aventurier qui n’avoit pour lui

que l’exagération de sentiments vrais ou faux ; aucun titre a une telle

faveur, pas même celui d’avoir servi, d’être un vieux soldat qui pleure

son général. Comment donc te refuseroit-on ? »… Du reste beaucoup

trouveraient sa vie fort supportable : « mes journées se passent à

écrire les souvenirs de l’homme le plus extraordinaire qu’ait produit

la nature, à entendre et discuter avec lui les plus grands ressorts les

plus grands interets de la societé, de la politique, de l’administration,

de la guerre. Nos journées sont presque toujours trop courtes, et le

plus souvent nos nuits se passent à travailler. Depuis l’hyver plus de

jardin, plus ou peu de promenades, il ne peut plus se decider à

s’habiller et le moindre exercice le fatigue beaucoup. L’impression

de ce vent que tu craignois tant, lui fait beaucoup de mal et lui donne

des douleurs vives. Bertrand et sa femme vivent de leur coté nous

du notre, on peut dire qu’il y a deux Longwood à Longwood »…

13 août

. « Depuis quelques jours l’Empereur a enfin cédé à nos ins-

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