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107

Histoire

tances, et monte à cheval pendant une ou deux heures au pas, il en

éprouve une extrême fatigue et voudroit déjà y renoncer. Mais notre

docteur insiste tellement pour qu’il prenne cet exercice que j’espère

qu’il continuera, […] j’emploie à l’y engager toute mon influence »… Il

évoque l’écrivain Arnault pour prendre sa place près de Napoléon :

« L’idée de mon départ l’attriste toujours, il la repousse de toutes les

armes que Dieu lui a laissées, mais il sait que rien ne peut me retenir

un jour loin de toi, dès que tu auras rompu ma chaîne »… Leur 15 août

a été « aussi triste que possible, l’Empereur n’a pas quitté sa chambre

à coucher et n’a vu que Bertrand et moi, j’ai dîné à côté de son lit

selon notre noble usage et le soir nous avons lu

La Nouvelle Héloïse

pour oublier S

te

Hélène »…

1

er

septembre

. Remarques sur Séguier

(« l’homme est dans son sang »), puis le frère de Montholon (« sa

vanité l’a toujours égaré »), et Macdonald (il met son honneur à

défendre le malheur)…

20 septembre

. « La mesure adoptée par le

gouvernement est la plus funeste pour moi, il a tellement pris l’ha-

bitude de passer ses journées et souvent ses nuits avec moi qu’il ne

peut s’accoutumer à l’idée de mon départ ; le rhumatisme m’a retenu

deux jours chez moi, il n’y a pas tenu, il est venu en robe de chambre

s’asseoir auprès de mon lit et si j’ose le dire a transporté sa chambre

dans la mienne. Je sais vivement tout le prix de ses bontés, et c’est

pour cela mon Albine que je te dis romps ma chaîne, toi seule peut

la rompre. Drouot, Arnault & tant d’autres qui l’ont intimement connu

et qui seroit choisi par toi et par les personnes de son ancienne

habitude comme Maret, Ségur, Caulaincourt &c une fois arrivé ici

seroit reçu avec plaisir et je partirois »…

10 octobre

. Évocation de

serviteurs : Peggy, qui l’a ému en parlant de la pauvre petite José-

phine ; le valet de pied Gentilini, parti pour le Cap, et remplacé par

Richard, le tailleur de Mme Bertrand ; Frank, parti, etc. Rapproche-

ment avec les Bertrand afin de « rompre notre tête à tête » et rendre

son départ moins sensible. « J’en ai causé avec Sir Hudson LOWE

il a bien voulu me promettre, d’expliquer ma position à son ministère

[…] et je serois fou de compter sur aucune démarche partie de Lon-

gwood pour amener mon remplacement »… Albine choisirait mieux

un remplaçant que le cardinal Fesch ou la princesse Pauline : « D’ail-

leurs il t’a lui-même désigné lors de ton départ une douzaine de

personnes qu’il verroit ici avec plaisir. Drouot, Arnauld, Carrion, Fleury,

Rolland, Desmasis, l’abbé de Pradt, &c. »…

6 novembre

. Confidence

de l’Empereur, pour qui la séparation d’avec sa femme et son fils est

la plus pénible des privations…

5 décembre

. « L’Empereur me disoit

dernierement, votre femme semoit des fleurs sur ma tombe, depuis

son départ il n’y croît plus que des ronces. […] La maladie de l’Em-

pereur a pris une mauvaise tournure, à son affection chronique s’est

jointe une maladie de langueur bien caractérisée, sa faiblesse est

devenue telle quil ne peut plus faire aucune fonction vitale sans en

éprouver une fatigue extrême et souvent perd connaissance, son

estomach ne garde plus rien, depuis quinze jours on le nourrit avec

des choses fort légères qu’on lui fait prendre tous les 6 heures, il

reste toujours couché […] constamment assoupi. On lui a mis des

vessicatoires, les chairs du derrière sont cadavéreuses, le pouls ne

peut plus se sentir qu’avec la plus grande difficulté, ses gensives ses

lèvres, ses ongles sont tout a fait décolorés, ses pieds et les jambes

sont continuellement envellopés dans de la flanelle et des serviettes

chaudes et cependant froids comme de la glace, quelquefois le froid

monte jusqu’au milieu des cuisses », etc.

20 décembre

. Albine lui

manque toujours autant, mais « le père le plus tendre ne feroit pas

pour moi plus que me fait l’Empereur. – Ma vie se passe avec lui,

depuis qu’il est tout à fait tombé il veut que je sois toujours là, il ne

veut pas de remèdes que ceux que je lui donne ou lui conseille ; son

médecin en perd la tête ; seul je trouve grace près de lui ; quelques

fois les enfants de Mad. Bertrand, le sortent aussi de son assoupis-

sement mais c’est bien rare […]. Nous avons eu il y a quelques jours

les plus grandes inquiétudes, elles sont un peu calmées »…

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