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Histoire
tances, et monte à cheval pendant une ou deux heures au pas, il en
éprouve une extrême fatigue et voudroit déjà y renoncer. Mais notre
docteur insiste tellement pour qu’il prenne cet exercice que j’espère
qu’il continuera, […] j’emploie à l’y engager toute mon influence »… Il
évoque l’écrivain Arnault pour prendre sa place près de Napoléon :
« L’idée de mon départ l’attriste toujours, il la repousse de toutes les
armes que Dieu lui a laissées, mais il sait que rien ne peut me retenir
un jour loin de toi, dès que tu auras rompu ma chaîne »… Leur 15 août
a été « aussi triste que possible, l’Empereur n’a pas quitté sa chambre
à coucher et n’a vu que Bertrand et moi, j’ai dîné à côté de son lit
selon notre noble usage et le soir nous avons lu
La Nouvelle Héloïse
pour oublier S
te
Hélène »…
1
er
septembre
. Remarques sur Séguier
(« l’homme est dans son sang »), puis le frère de Montholon (« sa
vanité l’a toujours égaré »), et Macdonald (il met son honneur à
défendre le malheur)…
20 septembre
. « La mesure adoptée par le
gouvernement est la plus funeste pour moi, il a tellement pris l’ha-
bitude de passer ses journées et souvent ses nuits avec moi qu’il ne
peut s’accoutumer à l’idée de mon départ ; le rhumatisme m’a retenu
deux jours chez moi, il n’y a pas tenu, il est venu en robe de chambre
s’asseoir auprès de mon lit et si j’ose le dire a transporté sa chambre
dans la mienne. Je sais vivement tout le prix de ses bontés, et c’est
pour cela mon Albine que je te dis romps ma chaîne, toi seule peut
la rompre. Drouot, Arnault & tant d’autres qui l’ont intimement connu
et qui seroit choisi par toi et par les personnes de son ancienne
habitude comme Maret, Ségur, Caulaincourt &c une fois arrivé ici
seroit reçu avec plaisir et je partirois »…
10 octobre
. Évocation de
serviteurs : Peggy, qui l’a ému en parlant de la pauvre petite José-
phine ; le valet de pied Gentilini, parti pour le Cap, et remplacé par
Richard, le tailleur de Mme Bertrand ; Frank, parti, etc. Rapproche-
ment avec les Bertrand afin de « rompre notre tête à tête » et rendre
son départ moins sensible. « J’en ai causé avec Sir Hudson LOWE
il a bien voulu me promettre, d’expliquer ma position à son ministère
[…] et je serois fou de compter sur aucune démarche partie de Lon-
gwood pour amener mon remplacement »… Albine choisirait mieux
un remplaçant que le cardinal Fesch ou la princesse Pauline : « D’ail-
leurs il t’a lui-même désigné lors de ton départ une douzaine de
personnes qu’il verroit ici avec plaisir. Drouot, Arnauld, Carrion, Fleury,
Rolland, Desmasis, l’abbé de Pradt, &c. »…
6 novembre
. Confidence
de l’Empereur, pour qui la séparation d’avec sa femme et son fils est
la plus pénible des privations…
5 décembre
. « L’Empereur me disoit
dernierement, votre femme semoit des fleurs sur ma tombe, depuis
son départ il n’y croît plus que des ronces. […] La maladie de l’Em-
pereur a pris une mauvaise tournure, à son affection chronique s’est
jointe une maladie de langueur bien caractérisée, sa faiblesse est
devenue telle quil ne peut plus faire aucune fonction vitale sans en
éprouver une fatigue extrême et souvent perd connaissance, son
estomach ne garde plus rien, depuis quinze jours on le nourrit avec
des choses fort légères qu’on lui fait prendre tous les 6 heures, il
reste toujours couché […] constamment assoupi. On lui a mis des
vessicatoires, les chairs du derrière sont cadavéreuses, le pouls ne
peut plus se sentir qu’avec la plus grande difficulté, ses gensives ses
lèvres, ses ongles sont tout a fait décolorés, ses pieds et les jambes
sont continuellement envellopés dans de la flanelle et des serviettes
chaudes et cependant froids comme de la glace, quelquefois le froid
monte jusqu’au milieu des cuisses », etc.
20 décembre
. Albine lui
manque toujours autant, mais « le père le plus tendre ne feroit pas
pour moi plus que me fait l’Empereur. – Ma vie se passe avec lui,
depuis qu’il est tout à fait tombé il veut que je sois toujours là, il ne
veut pas de remèdes que ceux que je lui donne ou lui conseille ; son
médecin en perd la tête ; seul je trouve grace près de lui ; quelques
fois les enfants de Mad. Bertrand, le sortent aussi de son assoupis-
sement mais c’est bien rare […]. Nous avons eu il y a quelques jours
les plus grandes inquiétudes, elles sont un peu calmées »…
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