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les collections aristophil
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MONTHOLON Charles Tristan,
comte de
(1783-1853) général, il
accompagna Napoléon en captivité.
manuscrit autographe signé « Le
g
al
Montholon »,
Article S
te
Hélène
,
Paris 3 juillet 1836 ; 23 pages et demie
in-fol. sous chemise autographe (avec
la fin d’une version précédente ; cotes
d’inventaire).
4 000 / 5 000 €
Intéressants souvenirs sur la captivité de
Napoléon à Sainte-Hélène
.
Article destiné à un
Dictionnaire des conver-
sations
que nous n’avons pas réussi à identi-
fier (il ne s’agit pas du grand
Dictionnaire de
la conversation et de la lecture
) ; le manuscrit
présente de nombreuses ratures et correc-
tions, et des additions marginales ; chaque
page en est paraphée en bas. Ce texte a été
publié (sauf le premier paragraphe), sous le
titre « Notes inédites du général de Mon-
les détails ignominieux des rapports de Sir
Hudson Lowe avec nous. L’insulte arrivoit
journellement au galop et si parfois elle s’y
arrêta, confuse et refoulée qu’elle étoit alors
dans les entraves d’un respect religieux, c’est
seulement à la vue de Napoléon qui sut
constamment par l’élévation de son âme,
l’égale de son génie, apparoître dans son
malheur bien plus gigantesque encore qu’il
ne l’avoit été assis sur le char de la victoire »…
Montholon fait le portrait des commissaires
des grandes puissances (Stürmer, Balmain
et Montchenu), puis après avoir évoqué
négligeamment l’œuvre de LAS CASES (qui
resta seulement neuf mois à Longwood), et
son propre journal de six ans, qu’il publiera
peut-être un jour, il esquisse « les causes et
l’histoire de cette si célèbre captivité », qu’il
n’attribue ni à la défaite militaire ni à l’hos-
tilité politique. « L’abdication de Napoléon
fut l’effet de ses profondes méditations sur
les causes dominantes des crises natio-
nales de 1814 et de 1815, de toutes parts il ne
trouva dans les hautes classes sociales […]
qu’ingratitude, trahison, sacrifice des grands
intérêts de la nation à des rancunes indivi-
duelles, à des illusions d’ambition, à des
théories d’une application funeste, lorsque
l’ennemi souilloit en vainqueur le sol fran-
çais. L’élément nécessaire du salut, l’amour
de la patrie, il ne le retrouvoit que dans les
rangs du peuple ou de ses vieilles bandes
échappées par miracle aux mille périls des
champs de Leipsic et de Waterloo. Mettre
en action la force brutale du peuple c’étoit
s’assurer la victoire sans courir les chances
de la guerre civile, mais c’étoit courir celles
toutes aussi odieuses à sa grande âme, de
voir répandre des flots de sang français »…
Par amour de la France, donc, il abdiqua,
et les événements se précipitèrent : négo-
ciations, retour de Louis XVIII, départ pour
Sainte-Hélène… Montholon rend hommage
à l’amiral KEITH, qui laissa à Napoléon son
épée, et à l’amiral COCKBURN, et rapporte
des propos de l’Empereur tant sur Cockburn
que sur son successeur Lowe... Il relate les
derniers instants de l’Empereur… « Napoléon
est mort comme il a vécu, son agonie fut celle
de personne, quelque chose de surhumain
la dirigeoit, l’expression de sa figure étoit tout
à la fois sereine et gracieuse, elle rappelloit
ces belles têtes de Raphael »… Il décrit le
défilé des troupes de la garnison devant la
dépouille, et la rage impuissante de Lowe ;
il corrige l’erreur attribuant sa mort à une
longue maladie… Et de citer les prévisions
du mourant, concernant la chute des Bour-
bons et le probable transfert de la couronne
aux Orléans. Napoléon désigna Montholon
alors comme celui à qui « le destin réserve
l’honneur de relever mes aigles le jour où
la France brisera le joug de Waterloo »...
Il ajoute : « J’ai la conscience d’avoir reli-
gieusement obéi aux ordres et aux vœux de
Napoléon », déclaration dont le brouillon
figure sur la chemise contenant le manuscrit.
tholon », par François de Candé-Montholon
en appendice du
Journal secret d’Albine
de Montholon maîtresse de Napoléon à
Sainte-Hélène
(Albin Michel, 2002).
Montholon précise la situation géographique
de l’île, résume son histoire, parle des for-
tifications, du sol, de la végétation et de
l’eau, du climat, de la population et de son
espérance de vie. L’arrivée de Napoléon dans
l’île provoqua de grands changements dans
la culture et les travaux d’art. « Sir Hudson
LOWE a mérité tout le mal qu’on a dit de
lui, et cependant c’est un administrateur
d’une capacité supérieure. Des préven-
tions haineuses plus encore, peut-être, un
travers de son caractère qui faisoit d’une
méfiance extrême la base de sa conduite
en toutes choses, ont dominé les actes de
son administration. Souvent au milieu de la
nuit il rêvait la fuite de son Prisonnier, se
levoit en hâte et accouroit comme un fou
à Longwood pour s’assurer que son rêve
n’étoit pas une réalité. L’Angleterre dénie-
roit avec indignation, si elle les connoissoit,