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pas
trop
fort,
la prochaine fois ».
Elle s’inquiète de la santé de
N
IZAN
…
Mardi [21 mars]
. « Depuis plus
de 8 jours je vous avais complètement perdu e t
j’avoue n’avoir fait aucun effort pour vous repêcher, vous
étiez pour moi quelque chose de très lointain, presque
passé. Cet état d’indifférence n’était peut-être qu’une
forme de l’exaspération où me plongeait votre silence ». Elle
parle d’A
LAIN
-F
OURNIER
dont elle lit la correspondance avec
Jacques R
IVIÈRE
, qui la passionne. « Je suis heureuse de vous
avoir retrouvé, j’avais peur d’avoir à attendre votre venue
à Lyon, j’ai été très malheureuse pendant quelques temps,
c’était pire que la solitude. J’ai pleuré beaucoup parce que
je suis sans doute encore très près de la sensiblerie. Je suis
mécontente de moi, je méprise peut-être un peu les autres,
et pourtant je ne vaux pas plus qu’eux. Je vous aime et vous
attends avec joie, alors quand je serai tout près de vous
je serai heureuse, je voudrais être près de vous ce soir »…
Vendredi matin [29 juin]
. « Mon aimé, je vous adore encore
davantage s’il est possible. Peut-être est-ce parce que je suis
plus gaie et plus sûre qu’auparavant de rester joyeuse. Je
pense que mes bains à l’Océan n’enlèveront pas le souvenir
de vos caresses, car je vous vois très mal après quelques
semaines de séparation, mais je sens si nettement votre présence, vos bras autour de mon corps. […] Je vous adore, comme je n’ai
jamais adoré personne au monde. Je vous embrasse sans déranger vos cheveux, puisque la petite mèche qui vient comme ceci
[dessin de mèche] sur le front est le seul mode de coiffure qui vous aille »…
Mardi soir [
1929
]
(incomplète). « Hier j’ai pensé à vous
avec angoisse, et comme j’y pense souvent, vous pouvez vous rendre compte de ce que fut ma journée ; angoisse bien masquée
car j’ai été fort garce, j’ai ri consciencieusement aux plaisanteries gentilles des camarades. […] J’ai appris cette après-midi à mon
père que vous alliez arriver bientôt. […] Soyez persuadé qu’il vous méprise beaucoup de faire ce qu’il doit appeler un voyage, une
dépense inutile ». Elle a lu
Le Grand Meaulnes
: « ça ne m’a pas passionnée. Depuis 3 semaines j’essaye d’attraper à la bibliothèque
du bahut le second volume des
Jeunes filles en fleurs
»…
762.
Marguerite DURAND
(1864-1936) journaliste et féministe,
fondatrice du journal féministe
La Fronde
, et de la bibliothèque qui
porte son nom consacrée au féminisme.
Lettre autographe signée « Marguerite Durand »,
Paris
11 mars 1928,
[à Noël C
HARAVAY
] ; 1 page et demie in-4 à en-tête de son journal
La
Fronde
.
150/200
À
PROPOS
DE
L
’E
XPOSITION
INTERNATIONALE
DE
LA
P
RESSE
QUI
SE
TIENDRA
PROCHAINEMENT
À
C
OLOGNE
. « Je désire que l’envoi de
La Fronde
soit, au point
de vue de la presse féministe, complet et important : avez-vous des autographes
ou des documents concernant des femmes journalistes – elles ont été rares, je
crois – de la période révolutionnaire et aussi du milieu du siècle dernier ? Soyez
assez aimable pour me le faire savoir »…