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établira un gouvernement monarcho-fasciste dans lequel chacun connaîtra sa place, et l’on ne montrera aucune pitiés envers les
dissidents, les ouvriers, les Juifs. Je te soumets cela pour ce que ça vaut. Si je pensais que cela représente une grande partie de
l’opinion publique française, je serais très effrayée. Est-ce propre au
Midi
ou y a-t-il une grande partie de la société française qui
aimerait remonter l’horloge jusqu’en 1788 ? Tu dois griller à Paris (
bien cuit
). Ici à Sanary la chaleur est presque insupportable, et
je ne peux pas faire ces longues promenades que je me suis promises. Mais l’autre jour, quand le mistral soufflait, j’ai pu pousser
jusqu’à Le Brusc »… Elle pense remonter avec Carl [le philosophe Karl J
ASPERS
] vers le nord pour chercher des endroits plus frais…
Les Neuf Muses, 2004
.
776.
Valentine PENROSE
née B
OUÉ
(1898-1978) poétesse et plasticienne
surréaliste, épouse (1925) de Roland Penrose (1900-1984).
P
OÈME
autographe signé « Valentine Penrose », [1946] ; 1 page et demie
in-4.
400/500
Beau poème de 29 vers.
« Comme il n’était plus question
d’eau ni de fleurs
ni de chanter ni d’écrire sous bois
les cœurs étant perdus les cœurs étant touchés »...
Ancienne collection Christian Z
ERVOS
(12-16 novembre 1998, n° 179).
777.
Louise WEISS
(1893-1983) militante féministe, journaliste et écrivain.
Lettre autographe signée « Louise Weiss », Montréal Jeudi [1946 ?] ; 1 page in-4 (petite trace de rouille).
100/120
« Monsieur N
ÉGRIER
, notre éminent consul, me dit que vous voudrez bien probablement me faire l’honneur de me recevoir. Je
représente plusieurs grands quotidiens français, auriez-vous la bonté de me fixer un rendez-vous ? »… O
N
JOINT
sa carte de visite.
778.
Natalie C
LIFFORD
BARNEY
(1876-1972) femme de lettres d’origine américaine, “l’Amazone” de Remy de Gourmont,
elle eut de nombreuses amantes.
Lettre autographe signée « N.C.B. », Paris 24 mai 1949, [à la poétesse G
EORGE
D
AY
] ; 3 pages et quart in-8. 400/500
L
ONGUE
ET
INTÉRESSANTE
LETTRE
CONSACRÉE
À
L
’
ORGANISATION
DU
P
RIX
R
ENÉE
V
IVIEN
.
Elle prie sa « chère et précieuse amie » de venir la voir en juin avec Marie L
AURENCIN
, « d’ici là j’irai voir les livres de vers déposés
chez vous ». Elle exclut la poétesse D. A., « car elle a une soixantaine d’années bien sonnées [...] Et Louise de V. [V
ILMORIN
] qui
approche de la cinquantaine est notre
extrême limite
». Elle rejette aussi Anne F
ONTAINE
, déjà primée par l’Académie : « et entre
nous, son style et ses vers libres ne cadrent pas avec un prix que je continue en souvenir de Renée V
IVIEN
». Elle évoque différentes
candidates et marque nettement sa préférence pour « L. de V. [Louise de V
ILMORIN
], ainsi que Myriam H
ARRY
– charmée également
par son talent et sa fantaisie ». Elle aimerait obtenir une 4
e
voix pour elle, soit celle de Foulon de Vaulx ou de Marie de R
ÉGNIER
;
mais elle regrette que « l’auteur du
Jardin délivré
[Lucienne D
ESNOUES
] ne se soit pas présentée ». La seule poétesse éligible reste
donc Louise de Vilmorin... Et elle rappelle les principes liés à ce prix, non sans autorité : « Formulons bien à la réunion de 7 juin
que je continue le prix Renée Vivien selon les statuts déjà convenus : pour une poétesse encore jeune et d’une carrière ascendante
et qui écrit en vers réguliers – plus ou moins – et non encore primée [...] Quant à M. Rostand les femmes n’ont évidemment pas
d’âge pour lui ! Et si on fait une exception pour Lucie D
ELARUE
-M
ARDRUS
c’est – comme je l’écris dans ma présentation [...] – parce
que c’est R. V. [Renée Vivien] elle-même qui sembla la désigner ainsi et
exceptionnellement
»...
Les Neuf Muses, 2002
.
779.
Sidonie-Gabrielle C
OLETTE
, dite COLETTE
(1873-1954)
écrivain.
Lettre autographe signée « Colette », à un ami ; 2 pages in-4.
400/500
B
ELLE
LETTRE
DE
REMERCIEMENTS
GOURMANDS
,
ET
SUR
SA MALADIE
.
« Cher ami, il y a bien longtemps que je ne vous ai écrit “une
lettre d’amour” ! [...] J’ai gardé mon goût de vieille chatte pour les
paquets qu’on dépouille, et mon plaisir à découvrir les “fèves noires”,
la semoule de neige, le miel introuvable, un vin probe (pas encore
entamé), un rhum de vieille date (goûté, puis caché !) et une orangeade
sucrée faite, ô merveille, avec des oranges ! ». Elle n’est pas en bonne
santé : « En ce moment je suis à la 4
ème
piqûre profonde que me fait
le professeur L
ERICHE
. Et voilà que depuis trois jours consécutifs mon
arthrite est moins douloureuse... c’est si surprenant pour moi que je
n’ose pas encore croire à un mieux durable. C’est que j’ai tellement
souffert, depuis des années, en le cachant, et essayé tant d’inutiles
traitements... J’y retourne demain. Grosses piqûres, et pas amusantes.
Mais vient un âge où on ne peut plus montrer autre chose que... du
courage. Je fais de mon mieux »...