400
770.
Léon DAUDET
(1868-1942) écrivain.
M
ANUSCRIT
autographe signé « Léon Daudet »,
Les Femmes Savantes
, [juillet 1934] ; 4 pages in-4 sur papier vert
pâle.
400/500
É
LOGE
DES
FEMMES
ET
DE
LEUR
RÔLE
DANS
LA
CULTURE
ET
LA
SOCIÉTÉ
.
« De nouveau c’est une jeune fille, Mademoiselle Lucienne V
ITREY
, pupille de la nation, qui emporte le prix d’honneur de
dissertation philosophique au Concours général. Ce succès [...] fait partie de l’accession générale des femmes à la connaissance et à
la haute culture, accession qui peut très bien concilier avec les devoirs du foyer et de la maternité ». Le grand M
OLIÈRE
, « génie peu
cultivé et mari malheureux », avait dans
Les Femmes Savantes
fait dire à un personnage : « “Je vis de bonne soupe et non de beau
langage” ; mais une bonne soupe peut parfaitement s’accommoder d’une causerie élevée », où celle qui a fait la soupe parle avec
esprit : « Il n’y a pas d’antinomie entre la lecture de Spinoza et celle d’Ali Bab ou de Tendret. Des affinités mystérieuses existent
entre la cuisine et l’imagination philosophique et littéraire. C’est pourquoi les hommes de lettres sont si gourmands et les femmes
lettrées généralement aussi »... Léon Daudet se souvient de son enfance : « je voyais ma mère travailler aux côtés de mon père,
recopier des chapitres entiers de ses romans et je croyais qu’il en était ainsi dans toutes les familles ». Il se rendit bientôt compte
que c’était loin d’être le cas. Aujourd’hui les choses ont changé, et il se réjouit de voir que de nombreuses femmes ne sont plus
laissées dans l’ignorance scientifique par leurs maris, mais au contraire, collaborent avec eux, en particulier dans les milieux de
la médecine, où l’on voit de nombreuses étudiantes qui feront ainsi « des collaboratrices parfaites [...] Même remarque pour les
avocats et avocates, mathématiciens et mathématiciennes », etc. « La grande époque de la culture féminine a été le seizième siècle.
Celles d’alors s’occupaient également de lettres et de sciences. Nombreuses étaient celles qui savaient le latin et le grec. [...] Cette
effervescence intellectuelle de la femme se prolongea dans le dix-septième », avec Mme de S
ÉVIGNÉ
, « savante par excellence »…
Suivit « une sorte de syncope dans la vivacité d’esprit et d’érudition des femmes, jusqu’à ce que parut le type, immortellement
peint par les G
ONCOURT
, de la femme du dix-huitième, encyclopédique, pédante, sensuelle, athée »… L’on cite des scientifiques,
qui ont fait des expériences intéressantes, mais à qui semble manquer « l’esprit de synthèse, qui permet d’user des bottes de sept
lieues [...] Mais rien ne dit qu’il ne viendra pas “une” Claude Bernard ou “une” Pasteur. Puis, dans les prochaines guerres que
nous ménagent le pacifisme et l’humanitarisme, on verra dans les États Majors une émule de Mangin, de Joffre et de Foch, qui
décidera de la victoire »...
771.
Simone de BEAUVOIR
(1908-1986) philosophe et romancière.
M
ANUSCRIT
autographe ; 2 pages in-fol. à l’encre bleue.
400/500
S
UR
LA MORALE
ET
LA
LIBERTÉ
. Brouillon entièrement biffé, paginé 13-14.
« C’est le sens du mot de L
ÉNINE
qui dit en substance “J’appelle morale toute action utile au parti, immorale toute action qui lui
est nuisible”. [...] Faut-il admettre ce curieux paradoxe : que du moment où un homme se reconnaît comme libre il lui est défendu
de rien vouloir ? [....] Il est contradictoire de penser la liberté comme une conquête si d’abord elle est un donné. Cette objection
n’aurait de portée que si précisément la liberté était une chose, une qualité donnée ; mais au reste, plutôt que : l’homme
est
libre,
il faudrait dire : l’homme
s’existe
libre, car la liberté se confond avec le mouvement même de l’existence, mouvement qui est projet
vers une fin »… Etc.
Les Neuf Muses, 2002
.