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6 mai [
1915
]
: « l’atmosphère de Paris n’est rien moins que réconfortante. Les pessimistes et les décourageurs sont nombreux.
Ils ne feraient pas grand mal, car le moral de la population est excellent ; si les événements [...] ne donnaient un sentiment
de déception. On a trop parlé de “l’offensive de printemps”. Nous voilà en mai. Rien ne change. Les bonnes gens sont bien
excusables d’être un peu troublés. [...] On ne sait rien ici des Dardanelles, mais il est avéré que le général
D
’A
MADE
est remplacé
par G
OURAUD
»...
23 septembre
, après la mort du fils Doynel [Jean-Philippe, tué en juin] : « C’est seulement à mon amour pour mon
fils que je peux mesurer votre peine. [...] Il est trop facile de faire de belles phrases quant on est encore parmi ceux que la guerre
a épargnés. Je ne sais plus que pleurer avec ceux qui pleurent ». L’atmosphère calme du village lui fait du bien et elle espère se
remettre bientôt au travail. Elle passe parfois à Paris, qui a « une physionomie très particulière. [...] si quelques parties du centre
sont animées par les Anglais et les Belges qui s’amusent en galante compagnie, le reste de la ville est fort triste, tristesse résignée,
discrète, mêlée d’une grande angoisse, et d’un vague sentiment de déception ». Les permissionnaires repartent « bravement, mais
dans un déchirement terrible, et cela non plus ne ressemble pas à la légende du “joyeux poilu” que propagent les journaux »...