ADER. Paris. Femmes de lettres et manuscrits autographes - page 295

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des
Misérables
et au retentissement qu’aura votre pièce et quelle responsabilité tu prends en la faisant représenter dans des
conditions redoutées par ton père. Rêve ce que serait un échec de la pièce après le succès sans précédent du roman. C’est ton avenir
que tu engages dans cette partie ». Les engagements ayant été
pris avec des directeurs de théâtre impatients, les répétitions
devront débuter dès novembre, mais, dans son état actuel,
la pièce est entièrement à réécrire. Meurice, occupé avec une
autre pièce, ne peut aider Charles dans ce travail laborieux, et
son père l’invite à venir le retrouver immédiatement ; Adèle
rapporte les propos de Victor : « nous nous mettrons le jour de
ton arrivée au travail, je n’écrirai rien bien entendu du drame,
mais en dirigerai le plan, en reverrai les difficultés et serai enfin
ton directeur permanent. Il y a ici des copistes et la pièce étant
copiée au fur à mesure qu’elle sera écrite pourra être terminée
le 25 novembre. Voilà une offre mon Charles, qui à ta place
me transporterait car il est évident qu’une pièce maintenant
Les
Misérables
dans leur réalité absolue est d’un succès certain et
indiscutable », sans compter la responsabilité de « faire revivre
en chair et en os
l’œuvre la plus importante de ton père »…
V
ICTOR
H
UGO
prend alors la plume pour rectifier : « Ta mère,
mon Charles, me donne sa lettre à lire, je la trouve excellente ;
seulement il y a une petite méprise ; je ne crains pas que tu
fasses jouer à l’étranger le drame
déguisé
, ce n’est nullement
ta pensée, mais
inachevé
. Là est le péril. Un commencement
de drame n’est pas un drame, il faut au public une émotion
complète ; le commencement, le milieu et la fin. Il est impossible
que l’infaillible sens dramatique de Paul M
EURICE
ne soit pas de
ces avis. Meurice est le meilleur des collaborateurs ; mais si
François les Bas-Bleus
l’accapare, viens ici. Je te conseillerai pour
les larges et nécessaires amputations à faire dans le livre, et en
quinze jours, tu écriras ton drame. Je t’embrasse, mon Charles ».
Adèle termine : « Ton père entre pour me dire qu’il est bien
entendu que ce n’est que dans l’impossibilité où serait Meurice
de travailler avec toi qu’il s’offre à le remplacer et que Meurice
conserve tous ses droits ».
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