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sociaux ; je n’ai point été infidelle à mes principes et l’atteinte même des passions, j’ai le droit de le dire, n’a guère fait qu’éprouver
mon courage. Somme totale, j’ai eu plus de vertus que de plaisirs, je pourrois même être un exemple d’indigence de ces derniers, si
les premières n’en avoient qui leur sont propres et dont la sévérité a des charmes consolateurs. Si j’échappe à la ruine universelle,
j’aimerai à m’occupper de l’histoire du temps […] J’ai pris pour Tacite une sorte de passion, je le relis pour la 4
ème
fois de ma vie
avec un goût tout nouveau »… Et elle termine en recommandant : « ne point prononcer mon nom auprès des autorités est le seul
service qu’on puisse me rendre »…
Publiée dans les
Mémoires de Madame Roland
(Baudouin, 1827, t. II, p. 247) et les
Lettres de Madame Roland
(éd. Claude
Perroud, Imprimerie nationale, 1900-1902, t. II, p. 516, n° 545).
Ancienne collection du marquis de L’A
IGLE
(25 mai 1973, n° 86).
342.
Manon P
HLIPON
, Madame ROLAND
(1754-1793) l’égérie des Girondins ; femme (1780) de Jean-Marie Roland de
la Platière (1734-1793), elle fut guillotinée.
Lettre autographe signée de son paraphe, [prison de Sainte-Pélagie mi-octobre 1793], à J
ANY
[surnom du géographe
Edme M
ENTELLE
] ; 4 pages in-8.
4 000/5 000
T
RÈS
BELLE
LETTRE
,
UNE
DES
TOUTES
DERNIÈRES
,
OÙ
M
ADAME
R
OLAND
CONFIE
LES
CAHIERS
DE
SES
M
ÉMOIRES
ET
LE
SECRET
DE
SON
AMOUR
POUR
B
UZOT
.
« Votre douce lettre, cher Jany, m’a fait autant de bien que votre aimable causerie. La tendre pitié est le vrai baume du cœur
malade. Je sens la délicatesse qui vous fait répugner à l’idée de publier jamais mon secret ; cette délicatesse, pour autrui, m’auroit
empêchée de le confier au papier s’il n’eût été deviné et travesti. Quant à moi, personnellement, je ne tiens absolument qu’à la
vérité ; je n’ai jamais eu la plus légère tentation d’être estimée plus que je ne vaux ; j’ambitionne que l’on me connoisse ce que je
suis, bien et mal, ce m’est tout un. J.J. [R
OUSSEAU
] ne m’a jamais paru coupable par ses aveux, mais seulement répréhensible de
deux faits
, qui ne sont point dans la nature,
l’attribution
, à la pauvre Marie, du vol du ruban ; et l’abandon de ses enfans à l’hopital.
Quant au blâme de la tourbe indiscrète et légère, on ne l’évite jamais dès qu’une fois on a excité l’envie ».
Elle en vient à son amour pour B
UZOT
et à la jalousie de son mari : « Sans prétendre m’excuser, je suis convaincue que la jalousie
du malheureux R. [R
OLAND
] a seule fait percer mon secret par des confidences multipliées, en même temps qu’elle m’a inspirée,
par momens, des résolutions violentes. Croiriés-vous qu’il avoit fait des écrits là-dessus, avec tout l’emportement et les faux-jours
d’un esprit irrité qui déteste son rival et voudroit le livrer à l’exécration publique ? et que je n’ai obtenu, que depuis peu, que ces
écrits empoisonnés fûssent brûlés ? Concevés-vous combien leur existence m’enflammoit d’indignation d’une part, et alimentoit
de l’autre le sentiment même dont je voyois maltraiter si injustement l’objet ? Oui, vous l’avés vu, vous le dépeignés bien ; vous
trouverés son portrait
peint
, et aussi écrit, dans certaine boîte qu’on vous remettra ; c’est ma plus chère propriété, je n’ai pû m’en
défaire que dans la crainte qu’il soit profané. Conservés-les bien, pour les transmettre un jour ».