205
L
E
C
ONSULAT
ET
L
’E
MPIRE
355.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
(1783-1837) fille de Joséphine de Beauharnais, adoptée par Napoléon, épouse
(1802) de Louis Bonaparte (1778-1846), elle fut Reine de Hollande ; mère de Napoléon III.
Lettre autographe, 13 messidor VIII [2 juillet 1800], au général C
AFFARELLI
DU
F
ALGA
à l’état-major ; 1 page in-4,
enveloppe.
500/700
C
HARMANTE
LETTRE
DE
JEUNESSE
.
« Cinq Dames que le même sentiment a reuni pour offrir au Premier Consul un hommage digne de lui (que l’elan du cœur leurs
avoit inspiré), partoit ce matin pour aller à sa rencontre, lorsqu’elles ont appris l’arrivée du General B
ONAPARTE
. Vous vous doutez
bien, General, quelles n’ont point renoncées à leurs projets, et tout en refléchissant les moyens de realiser l’envoie de louvrage de
leurs doigts, elles ont pensees quand l’adressant à vous tout leur repondoit du succès, et de la sureté de l’objet ! Voulez vous bien,
General, avoir la bonté de le remettre
vous-même
à Bonaparte
directement
nous ne pouvons pas douter de votre obligeance ! »...
Elle ajoute : «
Voici ce que renferme le papier attaché aux lauriers
: Dieu des combats ! Sois toujours fidèle / Dieu de la Paix
couronne ce Guerrier ! / à son génie appartient l’immortelle, / à sa valeur appartient le laurier. »
Charavay
(46507).
356.
Marie-Antoinette-Thérèse de B
OURBON
-N
APLES
, Princesse des ASTURIES
(1784-1806) fille du Roi de Naples
Ferdinand et de Marie-Caroline-Charlotte, première femme (1802) de Ferdinand VII d’Espagne (1784-1833).
60 lettres autographes signées « Toto », 1802-1805, à sa chère amie la baronne de M
ANDELL
; 125 pages in-4 ou in-8,
reliées en un vol. in-8, reliure de l’époque demi-basane brune à coins.
2 500/3 000
B
ELLE
ET
ÉMOUVANTE
CORRESPONDANCE
DE
LA
JEUNE
P
RINCESSE
venue vivre à la Cour d’Espagne, après son mariage le 21 août 1802
avec le futur Ferdinand VII, alors Prince des Asturies. Ses lettres sont
D
’
UNE
GRANDE
RARETÉ
.
Tout au long de ses lettres, écrites de Barcelone et Valence, puis d’Aranjuez, Madrid, S. Ildefonso, L’Escurial ou La Granja, la
jeune femme exprime son ennui et sa tristesse à son amie (qui l’a accompagnée en Espagne avant de repartir à Naples en octobre
1802). Elle parle de véritables coups de désespoir, d’une mélancolie intérieure terrible qu’elle tente de dissimuler et qui se
transforme parfois en une espèce d’indifférence « bien peu de fois réveillé par ma vivacité naturelle ». Si elle ne veut pas inquiéter
sa mère du récit de ses afflictions et de ses maux, ni sa sœur A
MÉLIE
[la future Reine de France, qui épousera Louis-Philippe en
1807], elle se confie à la baronne et parle d’une vie à laquelle elle ne trouve rien d’extraordinaire... « ici je n’ai rien qui m’attache
car le prince ne fait aucun changement en mieux il est toujours sans faire rien trinbalant par la maison et sans vouloir entendre
rien de sages, toujours froid, sans prendre aucun goût [et] amusement » (9 février 1803). Elle trouve cruel d’être privée de bals à
18 ans ; ses occupations se partagent entre le clavecin, la guitare, le chant, le dessin, la lecture, les promenades à pied car on lui
refuse l’équitation sous prétexte que cela l’empêcherait d’avoir des enfants : « ils disent que quand j’en aurai ils me feront aller a
cheval je crois qu’ils ne m’y feront jamais aller car je suis bien sure que je n’en aurai pas » (février 1803). Elle assiste à une course de
taureaux, spectacle horrible qui l’a fait crier et pleurer : « chaque fois je retourne malade cela m’irrite les nerfs » ; elle apprécie en
revanche les promenades publiques de Madrid et la foule qui s’y presse, elle trouve le caractère espagnol à son goût, mais toujours
évoque un état de tristesse très profond : « je suis sure que je ne vivrai pas longtems car je me sens rendue si cela ne fusse peché
je desirerois la mort car pour moi ce seroit la fin d’une vie qui ne pourroit etre que remplie d’amertume » (13 septembre [1803]).
Si elle rend parfois hommage aux bontés que le Roi [C
HARLES
IV], « un excellent homme », et la Reine d’Espagne ont pour elle,
elle souffre du renvoi à Naples de ses dames de compagnie pour n’avoir « pas fait les rapporteurs [...] j’ai pris le parti de prendre
tout avec modération sans quoi je me tuais et puis toujours je resterai dans le respect que je dois au Roi et à la Reine avec tout ce
qu’ils me peuvent faire, mais jamais de bassesse devant les autres et me rappeler qui je suis et qui il est » (18 septembre 1804). En
octobre, on la pense enceinte, et elle le désire « pour le plaisir que cela ferait a mon cher Papa et ma chere Maman, et a toutte cette
bonne Nation, et puis parce que j’en comprend l’utilité. [...] le Prince en était enchanté et depuis il est de si mauvaise humeur que
c’est un vrai tourment, c’est dire que les femmes ont bien a souffrir appres etre incomodé elles ont a souffrir la mauvaise humeur
des hommes » (21 novembre 1804). Elle croyait à un retard de ses règles dû à ses épouvantes et ses déplaisirs, mais c’est une fausse
couche qu’elle subit le 23. Il est question de divers membres de son entourage, dont le duc S
AN
C
ARLOS
; de l’envoi et de l’échange
de cadeaux : portraits, châles, éventails, souliers, etc. ; de la vie à la Cour (promenades, bals, jeu, etc.) ; et toujours de sa tristesse à
être séparée des siens et de son pays. La dernière lettre est un court et émouvant billet... « comme je suis en pleur appeine puis-je
écrire noubliez pas mes comissions, parlez mille fois a François de moi aimez-moi »...
[La Princesse des Asturies devait mourir sans postérité le 21 mai 1806 à l’âge de 21 ans ; on soupçonna le ministre Godoy de
l’avoir empoisonnée.]
Librairie Les Autographes, 2000
.
357.
Charlotte, princesse de ROHAN
(1767-1841) fille du prince de Rohan-Rochefort, compagne du duc d’Enghien
auprès de qui il vivait à Ettenheim (Bade) lors de son enlèvement.
Lettre autographe signée « Charlotte de Rohan », Ettenheim 11 avril [1803], à M. F
AUCON
, à Paris ; 1 page et demie
in-4, adresse avec cachet de cire noire et marque postale
Prissenheim RI
.
250/300
Son père et elle remettront la procuration à une personne sûre pour faire valoir « les droits de mon père et de ma belle-sœur, dans
le cas où les créances de France seraient admises dans ce pays. – Ces intérêts même fussent-ils contraire aux miens j’espère qu’il
est bien sur que la marque de confiance qu’il me donne, me ferait les suivre avec plus de soin s’il était possible, – mais je ne serai
vraisemblablement pas dans ce cas puisque je serai nécessairement forcé de renoncer aux bienfaits de mon oncle si les créanciers
de France ont quelques droits sur sa succession »… Elle est charmée que Faucon ait réuni des pièces qui prouveront à son père que
M. Dupin a faussement attaqué son frère…