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Presbourg 14 décembre [1813]
. Elle l’entretient de Joseph, M. Roth… et M. Parent, à qui elle l’a recommandé ; si la demande
réussit, elle lui donnera la croix de son père… Elle se plaint de la conduite de son frère Charles, de l’interruption depuis mai de sa
pension de Russie, et de la nécessité de « solliciter comme grâce » la succession paternelle : « il faut employer le crédit des ministres
d’Autriche, et de Russie pour l’obtenir », etc. ; puis elle fait l’éloge du général autrichien Jérôme C
OLLOREDO
, dont la conduite dans
cette guerre a été brillante. « Il est plein d’ame, plein d’honneur, et d’après ce que j’en ai oui dire […] je suis sure qu’il aura éprouvé
une profonde et douloureuse impression en se trouvant dans la chambre de cet objet si cher, si profondément regretté »… Depuis
que leurs succès permettent d’espérer un retour dans leur patrie elle éprouve des sentiments contradictoires : « Je sentais mille fois
moins la douleur de sa perte alors qu’une suite de malheurs ont pesé sur son existence que lorsqu’un éclair de bonheur a semblé
nous luire »…
Presbourg 25 juin [1814]
. Elle lui envoie la croix de Saint-Louis par le premier de la colonie qui se met en marche ;
elle-même suivra dès qu’elle aura vu l’Empereur de Russie ; elle a hâte qu’il sache à quoi s’en tenir sur la place que le Prince (duc
de B
OURBON
) lui destine. « Le P
ce
Louis que j’ai vu hyer m’a dit qu’il était dans une profonde mélancolie, et que sans son père, sans
les liens qui le retiennent il ne pourait se décider à rester en France où tout lui rappelle si vivement cet affreux malheur. Chaque
individu qu’il revoit, chaque lieu, chaque place, je conçois également qu’on puisse redouter, et desirer de les revoir. La douleur
produit tant d’effets différents »… Elle aimerait voir le Prince, « mais je ne voudrais pas d’une consolation qui pourrait ajouter à ses
peines »… Elle l’entretient encore d’une affaire à Carlsrühe, réclame des nouvelles d’Ettenheim, et confie son espoir de retrouver en
France leurs bois, et la maison de la rue de Varenne : un « ordre du Roi » rend aux propriétaires des objets non vendus…
Presbourg
4 juillet [1814]
. Ce qu’il écrit de l’intérêt et de l’attachement que lui conservent les habitants d’Ettenheim l’a émue aux larmes.
« C’est uniquement parce que j’ai crû qu’il pouvait vous être douloureux de revenir sur ce sujet que j’ai dit
n’en parlons plus
mais je
dirais au contraire
parlons en
si vous croyez que cela puisse vous faire quelque bien, ou du moins quelque consolation »… Quant à
ses propres affaires, « l’intérêt des créanciers doit passer avant tout mais […] il y aurait peut être moyen d’entrer en accomodement
avec la cour de Bade et d’accepter une pension au lieu d’argent comptant »…
Charavay, 1978
.
360.
Thérésa C
ABARRUS
, Madame TALLIEN
(1773-1835) fille du financier Cabarrus, elle fut la femme du conventionnel
Tallien (1794) et l’égérie des Thermidoriens et du Directoire ; maîtresse de Barras puis d’Ouvrard, elle se remaria
(1805) avec le prince de Caraman-Chimay.
Lettre autographe signée de son paraphe, Chimay 28 août 1805 ; 3 pages in-8.
800/1 000
B
ELLE
LETTRE
ÉCRITE QUELQUES
SEMAINES
APRÈS
SON MARIAGE
AVEC
LE
PRINCE
DE
C
HIMAY
.
Elle remercie son correspondant pour ses lettres et pour son intérêt pour ses affaires : « Quelque soit l’issue de mon malheureux
procès, je n’oublierai jamais, que votre amitié n’a rien négligé pour qu’elle soit favorable et mon cœur en conservera un reconnaissant
souvenir »... Les fêtes se succèdent depuis son arrivée à Chimay : « On m’a fait ici la plus brillante réception et la plus imprévue,
car M
r
de C
ARAMAN
[son époux] n’étoit arrivé à Chimay que deux heures avant moi. Elle a été telle qu’on l’auroit faite il y a trente
ans »… La veille elle a baptisé un enfant « avec la pompe usitée, toutes les cloches sonnoient » ; le soir la musique militaire lui a
donné une sérénade et on a fait un feu d’artifice… Elle décrit le château de Chimay, « bati sur des rochers très escarpés et au milieu
des ruines des anciennes fortifications ; brulé, pillé et presqu’entièrement détruit dans les dernieres guerres, il n’en reste qu’une
partie peu considérable, mais dont les appartements sont vastes et bien distribués. […] Les chemins sont affreux »… Son époux
compte y séjourner six semaines avant de retourner à Paris par Bruxelles… Elle ajoute un post-scriptum, car M. de Caraman est
« choqué de ce que je ne vous parle pas de son parc qui est fermé d’un côté par une riviere, de ses etangs qui ont
300
arpens et sur
lesquels nous avons navigué à pleines voiles, de sa superbe forêt »…