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[…] je ne reviendrai jamais sur le passé, en aucune façon. Quant aux conditions présentes, elles sont telles qu’un homme délicat
généreux peut les faire pour un objet qui l’intéresse. […] Dans cette révolution, je n’oublie pas, ma bonne amie, que c’est par toi
que j’eus la connoissance de celui auquel je vais unir à jamais mon sort. Je me plais à me représenter que tu es ainsi la cause de
mon bonheur et que je suis redevable de ce dernier à ton amitié. […] Je suis depuis quelques jours dans l’espèce d’embarras que
tu peux te représenter ; je vais incessamment quitter le couvent et retourner chez mon père, pour aller de chez lui à l’Autel ». Elle
ira voir « ta sœur » Henriette dimanche, et lui remboursera « les 350
ll
dont ton amitié et la sienne m’avoient obligée, non pas que
je croye ni prétende m’acquitter envers elle ni toi […] c’est une simple restitution aux personnes de ta connoissance qui pourroient
avoir besoin d’un même service. […] Sois persuadée qu’aucun des actes de ta tendresse ne s’efface de mon souvenir […] Nous serons
rapprochées, ma chere Sophie ; tu me verras heureuse, tu savoureras mon bonheur qui s’augmentera par ta participation; et nous
dirons qu’enfin la vertu n’est pas inutile, ni dévouée sans retour aux souffrances. […] je t’estime et t’aime autant que jamais et je
suis toujours la même, ton amie vraie et fidelle »…
Lettres en partie inédites de Madame Roland (Mademoiselle Phlipon) aux demoiselles Cannet
… (Plon, 1867), t. II, p. 422 (texte
fautif).
Ancienne collection Alfred M
ORRISON
(t. V, p. 309).
332.
Marie-Anne-Charlotte de C
ORDAY D
’A
RMONT
,
dite Charlotte CORDAY
(1768-1793) jeune fille normande, noble
et pieuse, elle assassina Jean-Paul Marat, et fut guillotinée.
Lettre autographe [signature « Corday » cancellée], [Caen] 24 septembre 1788, à Mme D
UHAUVELLE
en sa terre des
Authieux ; 2 pages in-4, adresse avec cachet de cire rouge brisé et marque postale de
Caen
(quelques infimes trous de
ver, le bas du feuillet d’adresse manque).
8 000/10 000
R
ARISSIME
LETTRE
À
UNE
COUSINE
,
TÉMOIGNAGE
DE
SA
PIÉTÉ
ALORS QU
’
ELLE
EST
PENSIONNAIRE
À
L
’
ABBAYE
AUX
D
AMES
DE
C
AEN
.
« Jaurais eu lhonneur Madame de vous ecrire plutôt et de vous remercier de votre souvenir, mais il ma fallu feuilleter toutes les
vies de Saints pour trouver la patronne de ma petite cousine dont je vais vous dire la vie en peu de mots.
Il y avait à Rome vers l’an 300 une femme de qualité nommée Aglaé, elle possedait des richesse immense et menait une vie
très dissipée, elle navait que 3 bonnes qualités, l’hospitalité, la liberalité, la compassion. Après plusieurs années passées dans le
crime, Aglaé touchés de la grâce dit a Boniface son intendant aussi convertit, daller assister les Saints martirs et de lui en aporter
des reliques afin de les honorer et dobtenir par leurs intercession la remission de ses pechés. Boniface lui dit en plaisantant, Si
je trouve des reliques des martyrs je les aporterai, mais Madame si mes reliques vienne sous le nom des martyrs recevés les. En
effet Boniface assistant les Saints fut condamné a mort et eu la tête tranchée. Ses domestiques remporterent son corps. Cepandant
un ange aparut a Aglaé et lui dit Celui qui était votre serviteurs est maintenant votre frere recevés le comme votre Seigneur et le
placés dignement vos pechés vous seront remis par son intercession, elle partit aussitôt avec un nombreux Clergé et alla au devant
des Saintes Reliques. Aglaé lui fit batir un superbe oratoir ou il se fit bien des miracles. Des lors Aglaé renonça pour toujours au
monde donna tout son bien aux pauvres, vêcut encore 13 ans dans les exercices de pieté et mourut de la mort des Saints. Elle fut
enterrés dans la chapelle quelle avait batie à S
t
Boniface. Leglise en fait la fête le même jour.
Voila Madame quelle fut la patronne de ma petite Cousine, a qui je desire une fin pareille et que jembrasse bien tendrement ainsi
que son aimable sœur. On ma dit Madame que vos affaires etaient terminées raport a votre terre » ; elle lui en fait son compliment,
mais ne peut s’en réjouir, « puisque c’est un présage certain que vous allés nous quitter ». Elle espère la voir l’année suivante…
Une note manuscrite jointe précise que cette lettre a été donnée le 9 juillet 1822 à M. Lamouroux par la sœur de Charlotte
Corday.
Librairie Les Autographes, 2000
.
333.
Anne-Josèphe T
ERWAGNE
, dite THÉROIGNE de MÉRICOURT
(1762-1817) d’abord cantatrice et demi-mondaine,
puis femme politique, féministe, meneuse révolutionnaire, surnommée “l’Amazone de la Liberté” ; prenant la défense
des Girondins, elle fut fouettée par les femmes d’un club et devint folle.
Lettre autographe signée « Theroigne », Gênes 16 mars 1789, au banquier P
ERREGAUX
; 2 pages
in-4, adresse (cachet de collection ; portrait gravé joint).
2 000/2 500
T
RÈS
RARE
ET
BELLE
LETTRE
SUR
SES
SOUCIS
FINANCIERS
.
Elle rend compte de démarches auprès de D
URAZZO
, correspondant du banquier, pour
obtenir 2400 livres, et elle renouvelle sa prière à l’égard de son frère : « si effectivement
vous me faite ce plaisir vous enverez l’argent a votre corespondant a Liege qui payera la
petite plase que je veux acheter a mon frere de trois mille livre [...] il ne faudra point
qu’il lui donne l’argent a moins que ce ne soit pour payer cette plasse et de plus qu’il la
paye lui même car je craindrois qu’il n’enploye mal l’argent »... Elle donne des garanties
pour cette avance : M. de P
ERSAN
[un de ses amants] lui devra 5000 livres le mois
prochain « et la rente que j’ai sur le Roi sera egalement echuée vous payerez les cent
louis a Dourazzo et vous enverez trois mille livre a Liege il est vrais qu’il ne me restera
presque rien pour vive pendant six mois et que je serai obligée de vendre ou angager
mes effet pour subvenir a mon petit entretient a moins que vous ne soyez assez bon
pour m’avancer quelque petite chose il fait bon marché vive a Rome je pourai me tirer
d’affaire avec economie »...
Elle voudrait aussi quelque lettre de recommandation pour Rome, car en Italie on court
des risques quand on n’est point recommandé : « ont ne peut se flatter d’etre dans ce pays la
sous la protection des loix et des honnaite gens, car il n’y en a point »...
Ancienne collection Max T
HOREK
, Chicago
(cachet).