48
122.
Jacques BENOIST-MÉCHIN
(1901-1983) historien. 9 L.A.S. « Jacques » (plus une incomplète), 1939-1940 et 1951-
1953, à sa « chère Micheline » ; 18 pages in-4 (défauts, déchir. et répar.).
300/400
C
urieuse
et
tendre
correspondance
à
une
amie
. D’amical au début, le ton devient plus tendre ; Micheline envoie des colis au
soldat qui se défend de l’aimer : « Je ne puis vous aimer qu’à condition de détruire l’homme que je suis devenu, et qui m’assure
que l’être nouveau qui surgira à sa place, ne vous fera pas horreur ? Vous faites effraction dans ma vie, en pleine morte-saison,
vous demandez à la terre gelée de porter des fleurs et des fruits. […] S’il s’agissait de feindre l’amour, ce serait bien facile. Mais il
s’agit d’une chose autrement grace – puisqu’en fait je vous aime, mais que je me refuse encore à y croire – comme je me refuse à la
vie »... Il est plein d’idées noires et a composé son épitaphe : « I
ci
repose
/
un
cœur
/ plein d’armes, de jardins / et de musique »…
On suit le soldat au début de 1940 d’Orléans, à Blois, Bourges, puis Cosne… La correspondance reprend le 30 juin 1951 (alors qu’il
est emprisonné à Clairvaux) : « Le monstre (que je suis) veut terminer son demi-siècle en votre compagnie. À partir de demain, ce
sera un monstre quinquagénaire »…Une autre lettre (31 juillet 1953) répond à l’envoi d’un livre sur les oiseaux et une rêverie sur
le jardin, et évoque le sort du prisonnier...
123.
Maurice BLONDEL
(1861-1949) philosophe. 12 L.A.S. et 11 L.S. (et une non signée avec addition autographe),
Aix-en-Provence 1910-1949, à Armand
C
hambon
; 66 pages in-12 ou in-8 (quelques en-têtes de la
Faculté des Lettres
d’Aix
).
700/800
T
rès
belle
correspondance
philosophique
et
amicale
à
un
élève
puis
ami
.
1910
.
13 avril
. La dissertation de Chambon dénote de « sérieuses qualités d’esprit », mais il lui reste à « étendre ces connaissances
un peu livresques et à les vivifier par une réflexion plus personnelle et par une philosophie plus directement en contact avec
les préoccupations des intelligences et des âmes contemporaines ». Chambon est isolé à Grasse, et Blondel lui conseille de lire
des revues philosophiques, et des ouvrages « autres que des manuels ou que des livres de vulgarisation »...
17 avril
. Il a lu
sa dissertation sur
la liberté
, travail sérieux mais encore un peu trop scolaire ; Blondel lui reproche de traiter ce thème trop
dans son ensemble, sans l’approfondir et sans point de vue psychologique et subjectif : « vous restez trop dans la perspective
des connaissances conceptuelles ou objectives qui masquent souvent “les données immédiates de la conscience”. Malgré ces
imperfections [...] votre dissertation m’a laissé une impression favorable et encourageante. Quant à la question de la Liberté, en
Dieu, il n’est pas étonnant qu’elle vous embarrasse après avoir embarrassé les plus grands esprits. Quand je me suis présenté au
Baccalauréat à Dijon M. Henri
J
oly
, qui était alors doyen de la faculté de Lettres, nous avait proposé ce sujet qui laisserait perplexe
plus d’un candidat actuel : “En quoi consiste le désaccord de St Thomas
et de Dun Scot, de Leibniz et de Descartes sur la théorie
de la Volonté et de l’Entendement en Dieu ?” – La vraie liberté n’est pas l’indifférence, le libre arbitre, c’est l’accord intime de la
raison & de l’activité », etc.
6 juillet
. Il confirme l’impression favorable que lui donnent ses dissertations : « ce qui vous manque –
et ce qui s’acquiert – c’est une bonne méthode de travail et ce sont des connaissances plus précises, plus étendues. Par le progrès
de vos réflexions et de vos lectures, vous arriverez vite à prendre les problèmes philosophiques directement, avec un sens plus vif
du concret ; vous vous débarrasserez d’une certaine phraséologie abstraite ; vous vous intéresserez davantage aux questions, quand
vous serez plus affranchi des cadres artificiels e superficiels des manuel ».... 25
juillet
. La correction du Baccalauréat a retardé sa
réponse, mais il propose à Chambon, pour le faire travailler, de lui prêter plusieurs ouvrages ou revues pendant les vacances...
25
octobre
. Il l’encourage à continuer ses efforts et à s’habituer à écrire chaque jour « une page ou deux de méditation philosophique
[...]. Cet exercice ne fût-il que de 20 ou 30 minutes par jour est extrêmement profitable à tous égards »...
14 novembre
. Il se réjouit
de causer avec lui « de votre travail & de vos préoccupations philosophiques »...
1911
.
20 avril
. Il conseille à Chambon de venir à Aix : « la conversation des étudiants, le secours des bibliothèques, les causeries
de la conférence vous seront très utiles, pour ne pas dire indispensables », car il semble que sa préparation « reste défectueuse,
faute de ressources pour les lectures et d’indications pour vos réflexions personnelles [...]. Et par correspondance il est vraiment
impossible d’orienter votre effort, alors que souvent il faut plusieurs mois aux étudiants qui vivent à la faculté pour se rendre
compte du travail qu’on leur demande »...
12 novembre
. Renseignements sur le « tableau des cours et des conférences » de la
prochaine rentrée...
17 juillet 1914
. Il le remercie pour ses félicitations. « Vos anciens élèves de Grasse continuent à vous être attachés et à vous faire
honneur »...
13 mai 1917
. Sa belle-sœur recherche un précepteur de confiance pour ses enfants pendant les vacances...
5 octobre
1921
. Il essaie, avec le concours de l’abbé
M
ulla
, de lui trouver « pour l’avenir une situation plus avantageuse et plus stable », avec
« une classe laborieuse, intelligente, capable de profiter de votre enseignement »...
Les autres lettres sont dictées.
10 janvier [1928]
. Il est tout à fait à la retraite, mais « avec une difficulté croissante dans le travail
que, par devoir, je poursuis coûte que coûte. En ce moment je suis amené à interrompre un peu mes dictées doctrinales pour
corriger les placards des entretiens que j’ai eus avec F.
L
efèvre
et qui doivent paraître en février » [
L’Itinéraire philosophique de
Marice Blondel
, propos recueillis par Frédéric Lefèvre, 1928]...
9 novembre [1928]
. Il a de bonnes nouvelles du cher abbé
M
ulla
« qui a pris une excellente situation et exerce une heureuse influence à Rome » ; il prépare ses cours à l’Institut pontifical oriental...
8 janvier 1929
. Il est heureux de savoir Chambon « toujours plein de vaillance laborieuse et d’activité ». L’état de ses yeux ne lui
permet plus d’écrire...
10 janvier 1932
. « Avec Mgr
M
ulla
qui a passé les fêtes auprès de moi, nous parlions de vous. [...] Nous
sommes heureux du poste important qui vous est confié, du succès que vous y obtenez, du bien que vous y faites. Pour moi, de
plus en plus infirme, je continue à travailler péniblement, en
dictant
, sans pouvoir rien lire »...
11 janvier 1933
. Il évoque leurs
souvenirs de Grasse et Aix, et donne des nouvelle d’anciens élèves qui lui font honneur, tous à des postes importants. « Pour moi,
malgré des infirmités accrues, je poursuis une tâche qui sera encore longue mais qui dès cette année pourra aboutir à 2 nouveaux