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53

fait naître des pensées de calme et de douceur ? Cite-t-on un homme qui ait commis une action sanglante après avoir vidé une

coupe de lait ? La sensation du réveil si souvent triste et désolante, qui vous replace au milieu des songes favorables et souhaités

vis-à-vis de la réalité qui blesse ou qui trompe, quel remède lui apporterez-vous plus efficace que cette liqueur qui, par la qualité

suave de sa couleur et de son goût, paraît comme l’antidote naturel de l’amertume ? [...] Buvez du lait avant même votre première

pensée, et votre humeur contractant la vertu de ce breuvage philosophique se montrera conciliante et aimante toute la journée »...

Il évoque alors son récent voyage dans le sud-est de la France : l’amphithéâtre de Nîmes, et la Maison carrée, « joli petit et frêle

bijou d’architecture grecque » ; il dénigre cette campagne chantée par des « poètes menteurs », avec ses murailles de pierre grise et

les oliviers, « arbre charmant dans les pastorales mais si austère et si rude aux yeux que l’imagination ne peut vraiment placer sous

son ombrage que la scène d’une agonie ». Il a, dans son voyage, contracté le germe d’une maladie : « Le traitement de la nouvelle

maladie contrarie un peu celui de l’ancienne […] Ce pêle mêle de souffrances et de remèdes et le long malaise qui a précédé

l’apparition des accès, n’ont pas peu ajouté au poids naturel d’une vie de campagne, isolée et monotone comme la notre. Toutes mes

distractions consistent dans quelques promenades au petit pas de mon cheval. Mais dans la pensée que mes sœurs m’entourent de

mille soins et qu’on doit se rétablir vite au milieu de tant d’affection, je trouve ce qui me console et m’encourage »...

Reproduction page 51

133.

José-Maria de HEREDIA

(1842-1905). L.A.S., Villa Belle-Vue, Veules en Caux, 15 juillet 1884, à un ami ; 3 pages

in-8.

250/300

V

acances

en

N

ormandie

. Il regrette d’avoir manqué son ami à Paris, mais il a fui le choléra « dont Louise a une

peur

atroce ». Ils sont installés en Normandie « au-dessus de Meurice, dans une maison assez agréable, avec une admirable vue sur la

mer », et il invite son ami à les rejoindre. Il a été si bousculé qu’il n’a pu faire ses adieux à

L

econte de

L

isle

,

qui peut venir prendre

des vacances chez lui : « On y sent le varech à plein nez et malgré le galet, la mer y est fort belle. Le pays est gentil. […] C’est

d’un Flaubert étonnant, je demeure chez Bornibus. Pécuchet, Pécuchet lui-même a sa villa en face et si Bouvard manque à la fête,

nous avons du moins l’illustre Bouvier, auteur de la Grande Iza, qui a un fort joli cottage acquis à l’aide de sa laide littérature »…

O

n

joint

une L.A.S. de

L

econte

de

L

isle

, Paris 28 novembre 1883 (1 p. in-8), informant un ami de la maladie d’Étienne Arago

qui donne les plus vives inquiétudes.

134.

Élisabeth-Françoise-Sophie de La Live de Bellegarde, comtesse d’HOUDETOT

(1730-1813) femme de lettres,

amie de Jean-Jacques Rousseau et Saint-Lambert.

M

anuscrit

autographe,

De la fortune de Buonaparte

, [vers

1800] ; 6 pages petit in-4.

300/400

P

rophétique

vision

du

futur

E

mpereur

. « La révolution française dont le grand caractère a été la destruction n’a produit pour

l’histoire aucun personnage distingué. […] Un seul homme aujourd’hui semble annoncer une sorte de génie et se présente aidé

d’un grand bonheur et d’une grande fortune […] Buonaparte ne sera jugé par l’histoire et la postérité que par ses succès. Il lui est

imposé d’être grand et de faire de grandes choses »… Etc.

*

135.

Victor HUGO

(1802-1885. L.A.S., Hauteville House 31 mars [1869], à Louis

U

lbach

, rédacteur de

La Cloche

, à

Paris ; 1 page in-4, enveloppe (encadrée avec un portrait, légère mouillure).

2 000/2 500

B

elle

lettre

de

soutien

après

la

condamnation

du

rédacteur

de

L

a

C

loche

,

hebdomadaire

satirique

.

« Mon vaillant confrère,

cette lettre vous parviendra-t-elle ? Je suis indigné, et cependant content. Cette condamnation inouïe est pour votre noble esprit

une victoire de plus. Six mois, c’est affreux. Je vous les rachèterais volontiers avec quelques années d’exil de plus pour moi. J’ai

l’habitude de ma solitude et de mon préau »...

Reproduction page 55

136.

Victor HUGO

(1802-1885).

M

anuscrit

autographe,

Déclaration

, [5 septembre 1870] ; ¾ page in-fol. avec corrections

(pli réparé, un bord un peu rogné ; encadré).

2 000/2 500

R

etour de

V

ictor

H

ugo à

P

aris

en

1870

. Il s’agit ici d’une première version de la déclaration faite par Hugo à son retour à Paris

après 19 ans d’exil, au lendemain de la proclamation de la République, et alors que l’armée prussienne marche sur Paris [voir

Actes

et Paroles

III

,

i

, 1 « Rentrée à Paris »].

« Le peuple de Paris nous fait appel. [

Rayé :

De suprêmes évènements s’approchent.] Nous sommes prêts à tous les dévouements

comme à tous les sacrifices. Mais c’est dans le peuple qu’est la force suprême. En présence des graves événements qui s’approchent,

il faut que le peuple se fasse pour ainsi dire visible, qu’il élise d’urgence des représentants immédiats, qu’il mette en eux sa

volonté et la majesté de la République, et que, dans le péril de la patrie, en leur imposant tous les devoirs, il leur donne tous les

droits. Nous demandons au peuple de nommer, dans un délai de quarante-huit heures, au scrutin de listes, une assemblée de cent

membres, qui prendra le titre d’

assemblée des représentants de Paris

, et qui siégera à l’Hôtel de Ville. Cette assemblée nommera son

pouvoir exécutif. Elle aura un mandat : Représenter Paris. Elle aura une mission : sauver la France. Sauver la France, c’est sauver

la République. Sauver la République, c’est sauver la civilisation ».

Reproduction page 55