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[PROUST, Marcel.] RUSKIN, John.

Sésame et les Lys

. Des trésors des rois. Des jardins des reines. Traduction, note et préface par

Marcel Proust.

Paris, Société du Mercure de France

,

1906.

In-12 [183 x 110 mm] de 224 pp., (2) ff., le dernier blanc ; demi-maroquin gris à coins, pièce de titre

ovale de maroquin prune sertie de deux filets dorés, couverture et dos conservés, tête dorée

(Devauchelle)

.

Édition originale de la traduction et de la préface de Marcel Proust.

Exemplaire sur papier d’édition, numéroté 596. (Il a été tiré 12 exemplaires sur Hollande.)

Deuxième ouvrage de John Ruskin traduit par Marcel Proust, peu après

La Bible d’Amiens

parue en 1904.

Il est composé de deux conférences données par Ruskin à Manchester :

Sesame

, sous-titré

Of Kings’ Treasuries

, qui aborde la question de la lecture, et

Lillies

, sous-titré

Of Queens’ Gardens

, traitant

de l’éducation propre aux femmes. La correspondance de Marcel Proust témoigne du soin

méticuleux qu’il mit à traduire au plus juste l’ouvrage.

La préface dédiée à la princesse de Caraman-Chimay, “Sur la lecture”, est importante : Proust, qui

évoque ses propres souvenirs de lectures d’enfance, y prend ses distances avec Ruskin. Surtout,

“la traduction contient de nombreuses images qui supportent l’édifice d’

À la recherche du temps perdu

(D. Leonard). De son côté, Philip Kolb souligne combien le commentaire de Proust sur le procédé de

Ruskin, qui consiste à dissimuler son propos de manière à n’en rendre évident la structure qu’à la fin,

marque la grande découverte du romancier de la structure de la

Recherche

– cette “composition voilée”

qu’il évoque dans sa correspondance : “Ce n’est qu’à la fin du livre et une fois les leçons de la vie

comprises que ma pensée se dévoilera”, confiait-il en 1914 à Jacques Rivière.

Précieux envoi autographe signé sur le faux-titre :

à Madame Catusse

Hommage de respectueuse et

profonde amitié

Marcel Proust

Une provenance des plus intimes.

Amie et confidente de la mère de Proust à qui la liait notamment le goût de la musique, Marie-

Marguerite Catusse (1858-1928) joua un rôle essentiel dans la vie du romancier. Tombé sous son

charme lorsqu’enfant il accompagnait sa mère à Salies-de-Béarn pour un séjour thermal, il en fit

une mère de substitution quand sa propre mère décèda en 1905 : il reporta sur elle le sentiment filial

désormais privé de son objet. “Il trouve en elle, ce qu’il aime, un souvenir vivant de sa mère, mieux, un

réservoir de souvenirs partagés. […] Mme Catusse remplit donc auprès de lui un double rôle, d’amie

et de mère. […] Proust sollicite auprès d’elle de petits et de grands soucis matériels” (G. Henrot) –

trouver pour lui des cadeaux à offrir, orchestrer déménagements et emménagements, fleurir la tombe

d’Agostinelli ou l’aider à vendre les meubles dont il souhaite se séparer… Ghislain de Diesbach a

surnommé avec humour “Notre-Dame-des-Corvées” cette mère d’emprunt, attentive et dévouée.

Papier uniformément jauni et un peu cassant, comme toujours.

Henrot in

Dictionnaire Marcel Proust

, article

Catusse

, pp. 198-199.

8 000 / 12 000 €

À Madame

Catusse