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BARTHOLOMEUS ANGLICUS.
Cy commence ung tres excellent livre nomme le proprietaire des choses
translate de latin en francoys a la requeste de treschrestien et trespuissant roy charles quint.
Lyon, Jean Syber,
[vers 1484].
In-folio gothique [395 x 280 mm] de 252 ff. à deux colonnes, le premier blanc : veau fauve sur ais
de bois, dos à nerfs orné de caissons de filets dorés, pièce de titre de maroquin rouge, armes dorées
au centre des plats, tranches ciselées (
reliure du XVIII
e
siècle recouvrant les plats d’origine
).
Deuxième édition de la traduction française.
Traduction établie en 1372 par Jean Corbechon à la requête du roi Charles V dont il fut le
chapelain. Elle a été revue par le Lyonnais Pierre Farget.
En tête du
Prologue du translateur
figure un grand bois où le frère augustin dédie l’ouvrage au
monarque représenté en majesté sous un dais fleurdelisé. La “librairie” du Valois ouverte aux
savants et riche d’un millier de manuscrits s’appuyait sur une intense activité de traduction. Elle fut
en cela l’élément moteur d’une véritable politique culturelle.
Le Propriétaire des choses
: une encyclopédie médiévale en français.
La rédaction du
De proprietatibus rerum
de Barthélemy l’Anglais remonte à 1240. Le bilan de la
connaissance du monde a été dressé par le moine franciscain à l’usage des clercs et des prédicateurs.
L’œuvre est ordonnée en dix-neuf livres abordant l’histoire biblique, la géographie, la médecine,
l’astronomie, la faune, la flore, les minéraux et pierres précieuses, l’arithmétique et même la
musique. Le dernier livre examine les couleurs, les saveurs et les aliments.
Premier ouvrage à traiter amplement du vin, l’auteur en donne une classification, illustrée par les
deux scènes du pressoir et de la distillation. Il cite les auteurs sacrés ou profanes sur lesquels il se
fonde, quitte à contredire la tradition par des observations personnelles. Il en vient à débattre, par
exemple, du célèbre cas du castor. Celui-ci, dit-on, s’arrache lui-même les organes génitaux pour
mieux courir et échapper aux chasseurs. Il émet des doutes sur l’autocastration, fût-elle édifiante
pour le chrétien tombé dans le péché s’il veut éviter de devenir lui-même la proie du diable…
Le miroir des connaissances avait beau dater du règne de Saint Louis, il a connu un succès
durable, assuré par quarante-trois manuscrits et vingt-quatre éditions incunables toutes langues
confondues. On publiait encore le
De proprietatibus rerum
à Francfort en 1659. Largement diffusée
par les presses lyonnaises, la traduction française est recherchée pour ses remarquables figures, ici
en premier tirage.
20 grands bois à mi-page, finement mis en couleurs à l’époque.
L’iconographie reprend avec quelques différences les compositions de l’édition de Matthias Huss
(Lyon, 1482). La facture naïve et vigoureuse des bois, d’un dessin linéaire sans ombres ni hachures,
s’apparente à l’art expressif des cartiers de la cité. Ces artisans dont la production se bornait à
l’exécution de cartes à jouer commençaient à s’enhardir, stimulés par l’installation de graveurs
venus d’Allemagne. Les compositions offrent des scènes empreintes d’un réalisme familier : la
création d’Adam, les travaux et les jours, les Quatre âges de l’homme, la recherche de l’or dans la
rivière, l’achat des œufs au marché, le médecin scrutant la fiole d’urine d’un médecin alité.
La scène d’autopsie animée de cinq personnages est citée comme étant la “première reproduction
iconographique d’une dissection dans un livre” (Hahn & Dumaître,
Histoire de la médecine et du livre
médical,
1962, pp. 59 et 74).
Une
encyclopédie
médiévale
en français