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PISAN, Christine de.
Le Livre de Paix
. Manuscrit réalisé en
Flandre, vers 1470.
Manuscrit sur vélin in-folio [304 x 198 mm] de (86) ff. les deux premiers et les deux derniers
blancs : veau fauve raciné, dos à nerfs recouvert de maroquin rouge à grain long orné de caissons
de filets dorés avec fleurs de lys dorées dans les angles et alternance au centre de fleurs de lys et du
chiffre couronné du roi Louis XVIII, double filet et roulette fleurdelisée dorés encadrant les plats,
coupes et bordure intérieure décorées (
Lefebvre
).
Superbe manuscrit exécuté vers 1470 pour Jean V de CrÉquy : il est orné d’une grande
miniature par Jean Hennecart.
La peinture au premier feuillet représente Christine de Pisan (1364-1430) offrant son livre au
dédicataire Louis de Guyenne : en pied les armoiries peintes du commanditaire, J. de Créquy,
conseiller de Philippe Le Bon, mort en 1474.
Le Livre de Paix
, dédié au dauphin Louis de Guyenne alors âgé de quinze ans, a été composé en deux
temps. La première partie, commencée le 1
er
septembre 1412 après la paix d’Auxerre, fut terminée
le 30 novembre. Puis Christine de Pisan abandonna l’ouvrage “pour cause de matiere de paix
deffaillie”. Les deuxième et troisième parties ne furent mises en chantier qu’après la paix
de Pontoise, le 3 septembre 1413. L’ensemble du
Livre de Paix
était achevé le 1
er
janvier 1414.
Le dernier des grands livres de Christine de Pisan est aussi le plus politique.
Rédigé durant une période de troubles particulièrement graves,
Le Livre de Paix
dessine le portrait
du souverain idéal dont l’action doit être empreinte de sagesse et de prudence : il a été composé
pour le dauphin Louis de Guyenne dans l’espoir, hélas vain, qu’il s’en inspire. Christine de Pisan
lui avait déjà dédié un autre livre, le
Livre du corps de policie
.
Bien que née à Venise, la “première femme de lettres française”, est souvent intervenue dans
les débats de son temps, composant des ouvrages dans l’espoir de promouvoir des politiques
équilibrées et d’influer sur les souverains.
Le Livre de Paix
est le plus abouti de ses essais politiques. “One of the most important of her prose
works” selon George Warner, il avait attiré l’attention de Gabriel Naudé qui songea un temps à
l’éditer.
Dans son introduction à la première traduction anglaise du
Livre de Paix
parue en 2008, Karen
Green remarquait : “By emphasizing the foundation of good government in prudence, and by
demonstrating women’s exercise of prudence in many spheres of life, Christine developed what
might be called an image of an androgynous ideal of monarchy capable of being exemplified as
much by a woman as by a man. Her hopes for Louis of Guyenne were not realized; he died soon
after the battle of Agincourt, without ever having justified the aspirations that Christine had held
for him. But Christine has left us in her
Livre dePaix
a passionate and timely call for the adherence
to the princely virtues that are necessary for peace.”
Le
Livre de Paix
ne connut sans doute pas une grande diffusion, n’étant attesté que par trois copies
seulement, dont deux dans des collections publiques (Bruxelles et Paris). Celle-ci est donc la seule
en mains privées.
Repeints anciens sur la miniature, notamment les visages. Petits manques sur le mors supérieur.
Deux feuillets de vélin restaurés dans les angles, sans atteinte au texte.
Provenance :
Jean V de Créquy
, avec ses armoiries peintes dans la lettrine du premier feuillet de texte.
-
Louis XVIII
, roi de France, pour qui l’exemplaire a été relié par Lefebvre.-
Robert Danon
(19 mai
1976, nº 18 : “Le manuscrit, proposé à la Bibliothèque royale en 1817, fut relié, à ses frais, par le
relieur Lefebvre, en 1818, d’où la présence du monogramme de Louis XVIII au dos de la reliure.
L’acquisition ne fut pas réalisée et le manuscrit fut rendu à son propriétaire en 1819.”).-
Paul-Louis
Weiller
(cat. 2011, nº 555).
Karen Green, J. Mews & Janice Pinder,
The Book of Peace by Christine de Pizan
, Penn State University Press, 2008.
40 000 / 60 000 €