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CASANOVA, Giacomo.
Icosameron
ou Histoire d’Edouard, et d’Elisabeth qui passèrent quatre vingts un ans chez les
Mégamicres habitans aborigènes du Protocosme dans l’intérieur de notre globe, traduite de l’anglois
par Jacques Casanova de Seingalt Vénitien, Docteur ès loix bibliothécaire de Monsieur le comte
de Waldstein seigneur de Dux chambellan de S.M.J.R.A.
Prague, Imprimerie de l’école normale, sans date
[1788].
5 volumes in-12 [177 x 94 mm] de 1 portrait replié, XXXII pp., 265 pp., VI pp. d’index ; XL pp.,
306 pp. mal chiffrées 305, VI pp. d’index ; 377 pp., VII pp. d’index ; 370 pp., VI pp. d’index ;
380 pp., V pp. d’index, (7) pp. pour la liste des souscripteurs : demi-veau bleu nuit, dos lisses
ornés de filets dorés
(reliure pastiche)
.
Édition originale.
Imprimée à Prague, elle a été tirée à quelque 500 exemplaires aux frais de l’auteur. La liste limitée à
156 souscripteurs, reliée à la fin du tome V, explique la déroute financière du fait que l’imprimeur
avait réclamé deux mille florins.
En frontispice, célèbre portrait de Casanova (1725-1798) sous forme de médaillon,
précisant qu’il est âgé de soixante-trois ans ; premier tirage de l’eau-forte gravée par
Johann Berka.
Avant d’être le romancier de sa vie, Casanova rédigea en français ce qu’il estimait être son testament
spirituel. Commencé à Venise en 1782, l’
Icosameron
est dédié au comte de Waldstein qui l’avait
recueilli dans son château de Dux, en Bohême. Le neveu du prince Charles de Ligne l’avait engagé
en qualité de bibliothécaire au salaire annuel de mille florins, achetant tous ses manuscrits présents et
futurs, pour qu’il puisse rembourser une partie de ses dettes.
Utopie, récit initiatique d’un voyage au centre de la Terre et anticipations.
Le roman foisonnant de mille huit cents pages est divisé en “vingt Journées”, d’où le titre
hellénisant. Voyage dans un univers d’androgynes où se déploie le fantasme préadamite d’une
rêverie sexuelle – et délirante. Les Mégamicres, petits par la taille mais grands par l’esprit, ignorent
le sommeil et la vieillesse, se gouvernent en république et adorent le soleil. Nombre des intuitions
de la science-fiction sont en germe, mais le voyage imaginaire conduit avant tout à l’exploration
intérieure, selon l’expérience de l’auteur – de surcroît maçonnique -, en vue du perfectionnement
de soi-même et de la découverte de la vérité.
Bon exemplaire.
Cachet sur les titres du cabinet de lecture de
J.G. Taubert
. Rousseurs.
Rives Childs,
Casanoviana
, 1956, pp. 93-96.- Pollio, pp. 134-144.- Brunet,
Supplément
, 212 : “de la plus grande rareté.”-
Bibliothèque
Jean A. Bonna, XVIII
e
siècle
, 2007, n° 19.-
Utopie
, BnF, 2000, n° 102.- Versins,
Encyclopédie de l’utopie et de la science-fiction
, 1984,
pp. 152-153.
6 000 / 8 000 €
Son
testament
spirituel