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[GIRARDIN, Stanislas, vicomte d’Ermenonville comte de.]

Promenade ou Itinéraire des jardins d’Ermenonville

, auquel on a joint vingt-cinq de

leurs principales vues, dessinées & gravées par Mérigot fils.

À Paris, chez Mérigot père, Gattey, Guyot et à

Ermenonville, chez Murray, 1788

.

In-8 [217 x 135 mm] de 68 pp., (2) ff. de musique gravée pour la

Chanson du berger

, 25 planches hors

texte : maroquin rouge, dos lisse orné, pièce de titre de maroquin vert, triple filet doré encadrant les

plats, coupes et bordures intérieures décorées, tranches dorées

(reliure de l’époque)

.

Édition originale : elle est ornée de 25 planches hors texte gravées à l’aquatinte

et tirées en sépia.

Texte et illustrations sont l’œuvre des propriétaires du jardin d’Ermenonville : le marquis René-

Louis de Girardin (1735-1808) et ses enfants, en particulier l’aîné, Stanislas, futur général comme

son père. Le marquis était un original : il se tenait à l’écart de la ville et de la cour jugées corrompues.

Ermenonville, c’est Clarens, revu et corrigé par la science physiocratique pour ce qui est de

l’exploitation agricole.

Le plus beau jardin paysager de France.

Le domaine est situé dans l’Oise, à cinquante kilomètres de Paris sur la route de Compiègne. Sur

un sol ingrat, Girardin entreprit des travaux gigantesques. Il avait engagé un bataillon de deux

cents jardiniers écossais. Les marécages cédèrent bientôt la place à un gracieux réseau de cascades,

d’étangs, avec des

fabriques

dans le genre d’Hubert Robert, une

prairie arcadienne

inspirée de Poussin,

un

verger

issu de

La Nouvelle Héloïse

, un désert sablonneux et parsemé de rochers moussus, la cabane

de Philémon et Baucis, un

temple de la Philosophie

dédié à Montaigne. Pas une allée rectiligne, mais un

séjour enchanteur qui reflète la personnalité du disciple fervent de Rousseau.

Le marquis était aussi l’auteur d’un traité

De la Composition des paysages

(Genève, 1777) prônant un

renouveau esthétique pour mieux s’écarter du modèle anglais dominant.

La réputation du jardin paysager connut son apogée à la mort de Jean-Jacques Rousseau, le 4 juillet

1778, consacrant à jamais le site. Le philosophe était venu s’y réfugier les dernières semaines de sa vie.

Son tombeau à l’antique dans l’

Ile des Peupliers

devint un lieu de pèlerinage. Le roi Louis XVI et ses

frères, l’empereur Joseph II, Benjamin Franklin, Napoléon, écrivains et artistes, autant de visiteurs

prestigieux ont permis de dire que toute l’Europe se rendait à Ermenonville. Enfin, Gérard de Nerval

venait en voisin : le parc et ses “peupliers effeuillés” hantent plus d’une page de

Sylvie

.

Les inondations de 1787 et la Révolution dévastèrent le parc qui est resté à l’abandon au XIX

e

siècle :

le présent ouvrage témoigne de sa beauté originelle, de son histoire, de ses curiosités, de même que

du génie inventif de son créateur.

Bel exemplaire en maroquin décoré du temps.

Rahir,

Bibliothèque de l’amateur

, 443.- Ganay,

Bibliographie de l’art des jardins

, 1989, n° 124.-

Jardins en France 1760-1820

, 1977,

n° 281.- Girardin (F. de),

Iconographie de Jean-Jacques Rousseau

, pp. 219-221 : les gravures de Mérigot sont parfois inspirées des

aquarelles de Georg-Fr. Mayer et des dessins des Girardin.

2 000 / 3 000 €

Jardin

paysager et

renouveau

esthétique