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les collections aristophil

littérature

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ROBBÉ DE BEAUVESET PIERRE-HONORÉ (1714 ?-1792).

44 L.A.S. (quelques non signées), 1778-1791, à Aignan-

Thomas

DESFRICHES

à Orléans ; environ 60 pages in-4,

plusieurs adresses (légers défauts à quelques lettres).

1 000 / 1 500 €

Intéressante correspondance de ce poète libertin au dessinateur

orléanais Desfriches, négociant

,

artiste et collectionneur

.

[Robbé, originaire du Vendômois, fut un homme de son siècle. Sa corres-

pondance avec Aignan-Thomas DESFRICHES (1715-1800), pleine d’anec-

dotes et de potins sur les célébrités et les événements du temps, témoigne

de ses sympathies révolutionnaires, de ses fréquentations et ambitions

mondaines, et de ses nombreux projets d’œuvres épiques, satiriques

ou lyriques. Nous ne pouvons donner ici qu’un rapide aperçu de cette

partie d’une importante correspondance, restée inédite, dont quelques

lettres ont été citées par Paul Ratouis de Limay dans son ouvrage sur

Un

amateur orléanais au XVIII

e

siècle, Aignan-Thomas Desfriches

(1907).]

1778

.

8 janvier

 : vœux ; il compte bientôt toucher du comte de Beaufort le

legs de la duchesse d’OLONNE, « somme Péruvienne pour un poete »…

2

mars

, expliquant ce qu’il fera du legs de la duchesse ; histoire du « petit de

Varenne » qui tyrannise et bat sa femme…

8 mai

. Son ami GUIDI brûle du

désir de posséder quelques dessins de Desfriches ; histoire d’un tableau

acheté par Guidi à Venise et dérobé par des Génois…. Robbé vient d’arrêter

un appartement rue Saint-Antoine en face de ma vieille rue du Temple. Il

espère pouvoir faire engager son fils dans le régiment de Beauvoisis qui

est en Guadeloupe ; ce fils au caractère indomptable n’est bon qu’à faire

un soldat… Il transcrit son

Epitre à M. Courlesvaux

22 juin 

: mort de sa

femme ; sa gêne en attendant la succession de la duchesse…

27 juin

 : il ne

peut placer son fils dans le régiment de Beauvoisis pour noblesse insuffi-

sante, et ne sait qu’en faire…

20 août

 : vers sur

PASCAL

pour son portrait

dans une nouvelle édition de ses œuvres…

26 septembre

 : il va bientôt

quitter Montargis…

30 octobre

 : il a passé quelques jours à Ermenonville

chez M. de GIRARDIN ; son déménagement ; il compte faire travailler

son fils chez un procureur…

1779

.

2 janvier

 : il ne sait quand il touchera le legs de la duchesse d’Olonne ;

il a fait la sottise de quitter Montargis et de prendre un appartement…

18 mars

 : projet de s’établir au château de Blois auprès du marquis de

MÉNARS 

; visite à M. de

MARIGNY

qui l’a comblé de compliments…

24 mars

 : il s’interroge sur l’emploi qu’il va faire de ses 15.000 livres…

1

er

avril

 : M. de

SAINTE-FOIX

, qui en est gouverneur, lui offre un logement

au château de Saint-Germain… Il raconte le suicide de PIDANSAT DEMAI-

ROBERT…

4 juin

 : son installation au château vieux de Saint-Germain ; le

comte d’ARTOIS prendra ses fonds à 10 %...

15 juillet

 :

NECKER

l’a rassuré

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quant à son brevet de pension… Il n’a pas encore été présenté au comte

d’Artois, mais il a couché à son château de Maisons, dans la chambre

de

VOLTAIRE

… Visite au maréchal de NOAILLES, gouverneur du vieux

château de Saint-Germain…

2 novembre

 : anecdote scatologique sur les

fosses d’aisances de Saint-Germain…

21 novembre

, sur les frasques de

son fils…

7 décembre

 : l’abbé

PINEL

s’est mis en tête de le remarier, mais

Robbé n’y pense pas ; son voisin JOMBERT, 70 ans, vient de prendre

une poulette de 19 : « si j’avois quinze ans de moins je ne desespererois

pas de lui procurer le cocuage en deux volumes »…

1781

.

17 janvier

 : éloge des dessins qu’il a reçus de Desfriches ; projet d’une

nouvelle édition de ses œuvres, pour laquelle il demande à Desfriches

des dessins pour illustrer

La Montmorenciade

26 janvier

 : mariage de

son neveu Robbé de la Grange avec Mlle de Moges, parente du maré-

chal de Noailles…

9 septembre

 : copie d’une lettre anonyme concernant

les convulsionnaires que Desfriches avait soignés et dont il avait pris la

défense, et ce qu’en dit Louis-Sébastien MERCIER…

20 septembre

 : les

renseignements de l’abbé Pinel sur la fortune de la famille de Moges

étaient faux ; M. de Sainte-Foix travaille a faire entrer son fils aux dragons

d’Artois, sion il l’enverra dans les colonies d’Amérique… Il a envie d’écrire

une épitre sur les convulsionnaires, mais n’ose le faire…

1789

.

3 mai

 : suite des émeutes ; le bois de Vincennes est farci des coquins

révoltés à qui sont venus se joindre ceux d’Orléans et Lyon ; récit d’une

pendaison ; les États généraux vont s’ouvrir, alors que les députés parisiens

ne sont pas tous nommés…

17 août

, adhésion enthousiaste à l’étonnante

révolution déclenchée par la prise de la Bastille…

26 septembre

 : il s’in-

quiète des conséquences financières des événements sur son revenu…

29

septembre

 : il s’interroge sur la solidité de la Révolution, face aux ennemis

de l’étranger…

12 octobre

, il travaille un poème sur la Révolution, mais

ne le communiquera qu’avec prudence…

18 novembre

 : sur sa pension

qu’il considère comme un marché fait avec le feu Roi qui a exigé de lui

le sacrifice de ses œuvres libres…

3 décembre

 : projet de remariage…

8

décembre

 : mort de Joseph

VERNET

1791

.

12 janvier

, dîner avec

BERNARDIN DE SAINT-PIERRE

, « qui m’a fait

present d’un joli roman de sa façon intitulé

la Chaumière indienne

. C’est

toujours la vertu que cet honnête homme prêche de ce stile enchanteur

qui a toujours le secret d’entrainer ses lecteurs » ; son propre poème a

été lu et fort applaudi ; il l’enrichira d’une invocation adaptée au sujet…

26

janvier 

: retaillant sa plume politique, il va commencer une

France libre

qui sera vraisemblablement sa dernière production ; il en communique

par la suite plusieurs extraits, notamment sur la prise de la Bastille…

On joint

un ensemble de 8 lettres familiales ou amicales, la plupart à

Desfriches, relatives à Robbé de Beauvezet, par

ROBBÉ

fils,

ROBBÉ DE

LA GRANGE

, la comtesse de

MOGES, TROCHEREAU DE LA BERLIÈRE

,

plus une copie.

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ROUSSEAU JEAN-BAPTISTE (1669-1741).

L.A.S. « Rousseau », Bruxelles 23 janvier 1729, [à l’abbé

d’

OLIVET

] ; 4 pages in-4.

800 / 1 000 €

Belle lettre littéraire

.

Il lui envoie les vers dont il a demandé la traduction, en insistant

pour ne pas en faire un mérite auprès du public, malgré l’agrément

qu’il aurait de paraître associé avec lui dans le même travail. « Je ne

connois personne qui se puisse aquiter mieux que vous de l’Histoire

que vous avez entreprise de l’Académie, car je ne connois rien de

plus difficile à bien faire aujourd’hui comme rien n’estoit plus aisé du

temps que

PELLISSON

l’a commencée. […] Cependant il n’y a rien

qui puisse rendre un ouvrage durable que la vérité. Il faut estre bien

habile pour l’accorder jusques avec la discretion. De combien de Le

Clercs et de Boyers bon Dieu aurez vous à faire l’eloge ! »… Il est fort

curieux des

Poësies latines

de feu l’abbé

FRAGUIER

, qui possédait

mieux que quiconque les délicatesses de cette langue : « c’est une

impatience veritable que j’ai de recevoir et de devorer les traductions

de l’Œdipe de Sophocle, et des Oiseaux d’Aristophane que feu M

r

BOIVIN

a faites. Je n’ai point connu de savant avec tant d’esprit ni

d’homme d’esprit avec tant de sçavoir. Je respecte sa mémoire

comme d’un des plus grands hommes de nos jours, superieur à

tous les sçavans de son tems et superieur à son sçavoir même par

sa modestie et la candeur de ses mœurs. Je me souviens de sa

traduction ou j’estois son confrere. Le Dialogue estoit en prose et

les chœurs en vers, je ne me souviens de rien qui m’ait fait autant de

plaisir, et j’aurois de bon cœur si j’en avois esté le maître donné tout

Nicéphore Gregoras pour les dix autres pieces traduites de la même

main. On ne connoit pas son Aristophane. On pourra le connoitre

par l’echantillon que vous avez sauvé du naufrage de l’oubli. C’est

un service que le Public ne sauroit assez reconnoitre. Il sera peut

estre bien aise de voir lequel des deux a meilleure grace de l’Œdipe

de Sophocle ou de celui de La Mothe tous deux en prose. Je sai

bon gré a ce dernier de son déchaînement contre la versification de

pieces de theatre. Il sait bien ce qu’il fait

Prenant le parti de la prose

Il prend le parti de ses vers.

Ce pourroit estre la fin d’une épigramme dont je laisse le commen-

cement a faire à qui voudra s’en donner la peine, car en verité c’est

battre un homme à terre que d’attaquer un poete si extravagant et

si decrié »…

199

ROUSSEAU JEAN-BAPTISTE (1669-1741).

L.A., Bruxelles 25 février 1732, à l’abbé d’

OLIVET 

; 3 pages

in-4, adresse.

400 / 500 €

Intéressante lettre sur une pièce de théâtre

.

Il lui envoie une copie de sa pièce : « Je vous prie de commencer par

la bien lire en vostre particulier, et avant tout la feuille dans laquelle

j’ai ecrit les caracteres des personnages et les situations des acteurs

sur la scene, ce que j’ai crû indispensablement necessaire de mettre

par ecrit, pour faciliter à M.

QUINAULT

l’intelligence de la piece et

de la maniere dont les acteurs doivent la joüer. Ces observations et

une ponctuation scrupuleusement exacte jointes à de courtes notes

marginales sont tout ce que j’ai pû faire pour suppléer à ce que

j’aurois eu à lui dire de vive voix ou à lui faire entendre par la lecture

dont les tons ne se peuvent mettre sur le papier comme les sons

de la musique »… Il le prie de faire en sorte que M. Quinault y fasse

198

199

attention, et recommande de faire distribuer aux acteurs la partie qui

concerne leurs rôles. « Vous serez surpris de voir une piece sans son

titre. Il m’en a passé plusieurs par la teste depuis qu’elle est faite et

aucun n’a satisfait mon oreille. Vous verrez par la lecture quel est le

ridicule que d’y joüer et vous serez peut estre en état aprez cela de

me suggerer quelque retitulation plus à mon gré que toutes celles

que j’ai imaginées, sinon je lui donnerai tout simplement le nom de

mon premier personnage à l’exemple de Terence et de notre Moliere

qui en ont usé souvent ainsi »…