les collections aristophil
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ROUSSEAU JEAN-JACQUES
(1712-1778).
CORRESPONDANCE de 61 lettres
autographes, 1754-1758, à la marquise
d’ÉPINAY ; environ 110 pages la
plupart in-8 (ou in-4 et in-12), 42
adresses avec quelques cachets
de cire rouge (rousseurs, petites
déchirures à 2 lettres par bris du
cachet), chaque lettre montée sur
onglet sur des feuillets de papier vélin
fort, le tout relié en un volume in-4 (26
x 21 cm), plats souples en huit lames
articulées de bois d’acajou, bordés
en gouttière d’une baguette d’ébène,
pièces d’attaches trapézoïdales en
galuchat noir, appuyées en tête et
queue sur une pièce polygonale
d’ébène bouchardée, couture sur
deux nerfs noirs, dos requin noir,
doublures de nubuck châtaigne,
gardes de papier noir (signé
J. de
Gonet
2002
).
200 000 / 250 000 €
Importante correspondance de Jean-
Jacques Rousseau à son amie et protectrice
Madame d’ÉPINAY, qui accueillit Rousseau
à son château de la Chevrette et le logea
dans l’Ermitage près de Montmorency,
jusqu’à leur brouille et rupture.
[Louise-Florence-Pétronille
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ardieu
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s
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clavelles
, marquise d’ÉPINAY (1726-1783)
femme de lettres, amie des philosophes, avait
épousé en 1745 le fermier général Denis-Jo-
seph Lalive d’Épinay, mais le mariage fut un
échec ; elle devint vite la maîtresse de Louis
Dupin de Francueil, qui lui présenta Jean-
Jacques Rousseau, puis celle du baron von
GRIMM. En 1755, ayant finalement renoncé
à retourner s’établir en Suisse, Rousseau
accepta l’hospitalité de Mme d’Épinay,
d’abord dans son château de la Chevrette,
dont il devint un familier, puis dans le petit
pavillon de l’Ermitage à Montmorency,
dépendant du domaine de la Chevrette, où
il s’installa le 9 avril 1756 avec sa compagne
Thérèse LEVASSEUR et la mère de celle-ci.
C’est là qu’il commença l’écriture de
La Nou-
velle Héloïse
. En janvier 1757, Sophie de La
Live comtesse d’HOUDETOT, belle-sœur de
Mme d’Épinay, vint rendre à visite à Rous-
seau, qui éprouva pour elle une très vive
passion dont on trouve des échos dans
La
Nouvelle Héloïse
. La jalousie du marquis de
Saint-Lambert, amant officiel de Mme d’Hou-
detot, et les indiscrétions de Grimm et Mme
d’Épinay provoquèrent de vives tensions ; il
y eut également la brouille avec DIDEROT, au
sujet de Mme Levasseur, puis à l’occasion
du voyage de Mme d’Épinay à Genève où il
voulait que Diderot l’accompagnât, et enfin
les griefs confiés par Rousseau à Diderot, qui
contribuèrent à la brouille définitive avec Mme
d’Épinay en décembre 1757. Rousseau quitta
alors l’Ermitage et s’installa à Mont-Louis.
Ces lettres s’échelonnent entre 1754 (1 lettre),
1755 (3 lettres), 1756 (31 lettres), 1757 (25
lettres), février 1758 (1 lettre). Cet ensemble
de 61 lettres, sur les 69 recensées, avait été
conservé par Madame d’Épinay dans un
dossier, à côté du manuscrit d’un roman
autobiographique inachevé (qui sera publié
par Brunet comme ses
Mémoires
). Les lettres
furent d’abord acquises en 1817 des héritiers
de Lecourt de Villière, le dernier secrétaire
de Grimm en France, par le bibliographe
Jacques-Charles Brunet qui prépara avec son
ami Parison l’édition des pseudo-
Mémoires
de Madame d’Épinay citant une trentaine de
ces lettres, et donnant, à la suite du texte des
« Mémoires », 22 autres lettres (
Mémoires
et correspondance de Madame d’
Épinay,
1818). L’ensemble fut publié dans la
Corres-
pondance générale
de Rousseau (éd. Th.
Dufour, 1924-1934), dans la
Correspondance
complète
(éd. R.A. Leigh, 1965-1998), puis
dans les
Lettres
(éd. J.-D. Candaux, F. Eigel-
dinger, R. Trousson, 2012).
Le classement des lettres dans le recueil suit
l’ordre chronologique, mais les redatations
des éditeurs des
Lettres
l’ont quelque peu
modifié depuis ; ausssi nous donnons pour
chaque lettre entre crochets le numéro de
l’édition des
Lettres
(tome I) suivi de sa place
dans le manuscrit.]
Ce Dim. matin
[26 mai 1754]
[120/1]. « Voilà
mon maitre et consolateur Plutarque. Gar-
dez-le sans scrupule aussi longtems que vous
le lirez mais ne le gardez pas pour n’en rien
faire, et sur tout ne le pretez à personne, car
je ne veux m’en passer que pour vous ». Il la
prie de verser à Mlle LEVASSEUR « l’argent
de sa robe […] car elle a de petites emplettes
à faire avant nôtre depart. Faites moi dire si
vous etes delivrée de vôtre colique et de vos
tracas domestiques et comment vous avez
passé la nuit. Bonjour, ma Dame et amie ».
Ce Jeudi matin [25 décembre 1755]
[182/2]. Il
obéit à Madame et n’enverra pas sa lettre au
comte de Lastic qui « peut desormais voler
le Beurre de toutes les bonnes femmes de
Paris, sans que je m’en fache ». Quant aux
ordonnances de TRONCHIN, « vôtre expé-
rience me les rend furieusement suspectes ;
il a tant de reputation qu’il pourroit bien
n’être qu’un charlatan. […] Quoi qu’il en soit
j’approuve beaucoup le parti que vous avez