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ACADÉMIE FRANÇAISE
connaître tous les appartemens du cœur et du corps social, depuis la
cave jusqu’au grenier, – et même ne pas oublier les latrines – & surtout
ne pas oublier les latrines ! il s’y élabore une chimie merveilleuse, il
s’y fait des décompositions fécondantes. […] A-t-on compté tout ce
qu’il faut de bassesses contemplées pour constituer une grandeur
d’âme ? tout ce qu’il faut avoir avalé de miasmes écœurants, subi de
chagrins, enduré de supplices pour écrire une bonne page. – Nous
sommes cela nous autres, des vidangeurs et des jardiniers – nous
tirons des putréfactions de l’humanité des délectations pour elle-
même. Nous faisons pousser des bannettes de fleurs sur ses misères
étalées. Le Fait se distille dans la Forme et monte en haut, comme un
pur encens de l’Esprit vers l’Éternel, l’immuable, l’absolu, l’idéal »...
Correspondance
(Pléiade), t. II, p. 483.