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les collections aristophil

935

FLAUBERT Gustave

(1821-1880).

L.A.S. « G

ve

Flaubert », Vichy 2 juillet [1863, à Ernest

FEYDEAU] ; 8 pages in-4 très remplies (infimes fentes aux

plis).

5 000 / 7 000 €

Superbe et très longue lettre d’un style parfois très cru, après

la lecture du roman d’Ernest Feydeau

Le Mari de la danseuse

.

[

Le Mari de la danseuse

, « étude », a paru chez Michel Lévy en

1863. En tête de la lettre, Feydeau a noté au crayon : « marie de la

danseuse – 1863 ».]

Flaubert fait d’abord des remarques sur le mode de publication et

la préface…

« J’arrive au Livre, à l’œuvre. Eh bien, je trouve la chose extrêmement

amusante, je répète

extrêmement

. Tu as voulu faire un roman d’action,

d’aventures ; & tu as réussi. C’est une chanson nouvelle, Feydeau

seconde manière.

Le Mari de la Danseuse

[…] est l’antithèse de

Fanny

,

comme conception sujet & procédé. Voilà jusqu’à présent tes deux

extrémités (style Ste Beuve) & j’aime autant l’une que l’autre. Je suis

ébahi par l’habileté de l’intrigue & les ressources de ton imagination.

Quant à mes goûts

personnels

ils s’assouvissent mieux, tu le sais, dans

les livres de descriptions & d’analyse que dans ceux de drame »…

Flaubert analyse alors le livre dans tous ses détails, à commencer

par les personnages. Saint-Bertrand « est une création originale &

vraie. Il devient un insigne gredin, par des gradations adroitement

ménagées. Tu n’en as pas fait un monstre, un personnage de tra-

gédie. – C’est un homme […] La gracieuse figure de Barberine lui fait

un pendant exquis. On l’aime cette Barberine, ainsi que la bonne

C

tesse

Wanda & que M

e

Medeline qui me fait bander atrocement.

Comme je l’aurais gamahuchée avec plaisir, sur son divan dans la

petite maison de Bade ! »…

À propos de vertu, « ton livre est moral, très moral, abjectement hon-

nête ! Quels imbéciles que les critiques ! Si je voulais te démolir, c’est

par là que j’attaquerais ; […] beaucoup de Barberines n’auraient pas

mieux demandé que d’aider au comfortable du ménage en prêtant

un peu leur cul à MM. les amateurs. […] Ton livre est sympathique,

tu es un malin »...

Il juge la peinture du Bal « un peu maigre,

pittoresquement

parlant » ;

il parle du duel, critique le passage sur Cocodès, « qui me semble le

gandin poncif, le jeune homme du monde dont on se moque dans

tous les livres. Cet endroit me semble lâché […] Tout ce ch. XV d’ailleurs