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ACADÉMIE FRANÇAISE

856

BARBEY D’AUREVILLY Jules

(1808-1889).

MANUSCRIT

autographe signé

« J. Barbey d’Aurevilly »,

L’Académie

sans candidats

, [1873] ; 3 pages

in-fol. aux encres brune, rouge et

verte, découpées pour composition

et remontées sur onglets sur papier

vélin, reliure demi-maroquin rouge,

pièce de titre sur le plat sup.

5 000 / 6 000 €

Amusant article polémique contre l’Aca-

démie Française

.

Publié dans

Le Gaulois

du 19 mai 1873, l’article

sera recueilli dans

Dernières Polémiques

(1891). Barbey d’Aurevilly avait déjà brocardé

l’Académie française dans

Les Quarante

Médaillons de l’Académie

(1864).

Barbey constate ce fait, aussi inexplicable

que comique : depuis l’élection de

VIEL-

CASTEL

, l’Académie n’a plus de candidats !

« L’Académie Française, cette République des

Quarante, créée par le caprice d’un cardinal

despote, qui avait malheureusement du Tris-

sotin sous sa robe rouge, et qui trouva drôle

de fonder sur le nombre et le vote ce gouver-

nement littéraire qui ne devait rien gouverner

du tout, bien avant qu’on boutât

là-dessus

nos amours de gouvernements politiques,

l’Académie Française est, pour le moment,

aussi embarrassée que la République conser-

vatrice de M. Thiers, et menacée de ne pas

se conserver davantage ! »…

Avec beaucoup de verve, Barbey commente

cette situation, tout en ridiculisant les mani-

gances habituelles des candidats : « Il y a

cependant encore en France quelques gens

d’esprit plus ou moins dépravés – ils le sont

parfois, ces gueux de gens d’esprit, – qui

humaient naguère le fauteuil et en avaient la

fantaisie, mais ce saut (sans aucun calem-

bourg) de M. de Vieil-Castel qui comme un

clown éblouissant, tout terne qu’il soit du

caoutchouc de la

Revue des Deux Mondes

,

leur a passé par-dessus le corps et la tête

avec une si insolente facilité, les a terrible-

ment refroidis… Je n’entends plus parler ni

de M. About, ni de M. de Pontmartin, ni de

M. Arsène Houssaye, ni de personne. Tous

envolés, comme des moineaux francs, ces

picoreurs d’Académie ! […] Il est vrai que les

gens d’esprit lui manquant, il lui restera les

imbécilles pour candidats, à l’Académie, et

si les imbécilles eux-mêmes

vieilcastelisés

ne voulaient plus mordre à la grappe de

l’Académie, elle aurait, en dernier désespoir,

les femmes, qui déjà la guignent avec convoi-

tise »… Combien de bas-bleus pour faire la

monnaie du moindre des candidats ?...

Et de terminer par une attaque politique

directe : « Pauvre Académie ! Tombée en

quenouille, enjupponnée, finie, morte sur

pied, faute de candidats ! C’est triste, mais ce

serait gai, n’est-ce pas ? si l’autre république,

comme celle-ci, discréditée, dépopularisée,

sous l’

use

du mépris public, allait périr aussi,

faute de candidats ! »

Le manuscrit, aux encres multicolores, pré-

sente des ratures et corrections. Il se clôt

sur une spectaculaire signature, avec des

paraphes en volutes.

L’Académie française au fil des lettres

,

p. 234-241.