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les collections aristophil

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BANVILLE Théodore de

(1823-1891).

POÈME autographe signé « Théodore

de Banville »,

Petites odes.

L’Immortelle

, [1888] ; 2 pages et

demie petit in-4.

500 / 700 €

Spirituelle réponse au roman de Daudet,

L’Immortel

(1888), qui attaquait violemment

l’Académie

.

Ce poème de 9 quatrains a été recueilli dans

Sonnailles et clochettes

(Charpentier, 1890).

« Muse, Daudet n’a pas raison ;

Sa justice n’est qu’apparente,

Car ta divine floraison

Vit très bien avec les Quarante.

L’Académie est un phénix

Riant comme Cypris dans l’île ;

Et certes elle a monsieur X,

Mais elle a Leconte de Lisle »…

L’Académie française au fil des lettres

,

p. 256-259.

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BARBEY D’AUREVILLY Jules

(1808-1889).

L.A.S. « Jules B. d’Aurevilly », Bois de

Boulogne [24 juin 1845], à Guillaume-

Stanislas TRÉBUTIEN ; 7 pages in-8

très denses (onglet).

2 000 / 2 500 €

Magnifique et longue lettre à son ami intime

Trébutien, sur

Une vieille maîtresse

,

Du

Dandysme et de G. Brummell

qui vient de

paraître, et sur Balzac

.

Il est en retard avec lui : « Ma vie bifurque et

trifurque de tant de côtés ! Vous qui êtes un

cénobite de bibliothèque, comprenez cette

vie en l’air et aimez-moi d’amitié rassise. […]

J’habite à trois pas de Beauséjour, mais j’ai

pris un appartement pour être plus libre.

Comme les Alchymistes, – quoique je ne

fasse pas d’or, – j’ai besoin parfois de solitude

et de liberté »...

Il faut interroger John Spencer SMITH,

qui est à Caen, sur Edward B. PUSEY et

le Puséisme : « Quels sont les principes

du Puséisme ? quelles ses prétentions ?

dans quels rapports les hommes de cette

doctrine sont-ils avec Rome ? Est-ce là une

question d’Anglicanisme ou de catholicisme

réel ? » Il faut aussi l’interroger sur le Métho-

disme, en prenant des notes : « Les hommes

valent mieux que les livres. J’ai beaucoup

aimé ceux à la garde desquels vous êtes

commis, je les ai feuilletés avec l’amour et

la curiosité d’un vieux savant quoique je n’en

fusse pas un jeune, maintenant les livres qui

m’apprennent davantage ont des reliures de

peau humaine ».

Puis il en vient à

Vellini

(

Une vieille maî-

tresse

) : « Je suis au

dernier

chapitre de

la 1

ère

partie qui à elle seule formerait un

bon volume in-8° », qu’il fera présenter aux

Débats

par V. HUGO… « Je ne suis point de

votre avis pour le nom de

Vellini

que j’ai

toujours trouvé d’une originalité charmante

et allant diablement bien (vous en jugerez)

au personnage qui le porte. L’exemple de

BYRON ne me terrifie pas. Je n’aime point

les noms en

a

. Excepté

Ada

et

Elysa

(

Elysa

écrit ainsi et pour une misérable raison per-

sonnelle) je n’ai pu jamais souffrir ces noms

à la terminaison niaise. Non ! non ! non ! ce

qu’il y a d’hermaphrodite dans le nom de

Vellini

est un mystère de plus jeté sur le livre.

C’est un titre-sphinx. Je voudrais qu’il vous

plût. Quant au livre, je suis sûr qu’il vous

plaira. Je n’entrerai dans aucun détail sur

ce qu’il est, désirant vous laisser la surprise

tout entière. […]

Vellini

surtout est une étude

parmi les autres portraits qui l’entourent et

votre regard profond et rêveur la contemplera

longtemps. Entrée dans votre tête une fois,

elle n’en sortira jamais plus ».

Puis il évoque un article anglais sur son livre

Du Dandysme et de G. Brummell

: « Si je

n’avais pas sur mon amour-propre d’auteur

la peau d’un Rhinoceros, je serais furieux

de l’ignoble mascarade de mon livre. C’est

dégoûtant de non-intelligence de la langue

et de la pensée. On m’a coupé en morceaux

et l’on m’a fait tiédir (car bouillir, non, c’est

énergique, et l’expression Anglaise de

Jesse

est d’une mollesse approchant de la lâcheté)

dans une espèce de gélatine sans épaisseur.

[…] Impuissance et stupidité ». Il faut cepen-

dant remercier JESSE qui a fait connaître son

nom en Angleterre. Quant à l’article de Mme

PANIER : « Elle est aussi bête que son nom.

Elle n’a rien non plus compris à mon livre.

C’est un bas bleu sale et passé, raccommodé

avec du fil blanc, que cette vieille femme-là.

Je ne suis pas allé chez elle. Trois fois elle

m’a attendu et je l’ai laissée m’attendre. Elle

faisait son métier et moi le mien ». D’autres

articles doivent paraître…

Il sera heureux d’avoir « trois exemplaires sur

beau papier […] Je suis le voisin de BALZAC

à Passy et je veux lui envoyer mon livre

par courtoisie, à lui que je ne connais pas

comme homme et que j’aime tant comme

auteur. C’est singulier. Je connais la plupart

des gloires plus ou moins

oripeau

de ma

très

charlatane

époque, et je n’ai jamais ren-

contré dans le monde le plus grand peintre

de ce monde qu’il a dû étudier sur le vif.

Une femme lui a montré un jour des billets

de moi, (car, mon ami, ce n’est pas les livres

que je fais le mieux, mais les billets de trois

lignes,) et il eut la bonté de les trouver à

son goût. Je veux me recommander à lui

par quelque chose d’un peu plus long. Je

lui enverrai le

Brummell

dans lequel il y a

précisément une note où il est question de

son

de Marsay

. Si ça noue une relation entre

nous, tant mieux, car il sait causer, ce que je

préfère à bien écrire »...

Il s’arrête sur la date : « C’est une date pour

moi que le 24 juin, la date de mon premier

amour. Ma

Marie Chaworth

[la fiancée de

Byron] était une marquise de quarante ans,

spirituelle et hypocrite comme la Restaura-

tion tout entière. Son mari, porte-étendard

des Gardes du Corps, était fou de dévotion

mystique et ne pouvait garder celui de sa

femme que je n’ai pas eu pourtant, en digne

Chérubin que j’étais. Quel drôle de souvenir

me revient là ! Excusez ces radoteries du

passé »…

Sur la dernière page, il recopie une note sur

le prince de JOINVILLE et sa brochure sur

la marine, et sur le journal

La Flotte

, qu’il

prie Trébutien de diffuser dans les journaux

anglais.