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159

ACADÉMIE FRANÇAISE

1096

PROUST Marcel

(1871-1922).

3 L.A.S. « Marcel Proust », [mai-juillet 1914], à Robert de

FLERS ; 6, 3 et 1 pages in-8.

3 000 / 4 000 €

Proust, ruiné, voudrait une rubrique de courriériste dans

Le Figaro

.

[Mai]

. Il évoque d’abord un article ou écho sur une exposition de

Madeleine LEMAIRE, par Poncetton ou André Beaunier. Puis il parle

de son ami le baron Alexandre de NEUFVILLE « (celui qu’on appelle

Papillon) » qui « vient d’être entièrement ruiné par la faute d’un frère

banquier chez qui était tout son argent. Alexandre de Neufville est

l’homme le plus sincèrement aimé dans ce qu’on appelle bien à tort

la haute société. Mais enfin dans ce cas elle se comporte très bien

et on le tirera aisément d’affaire. Seulement il paraît que le frère a

très mal agi, il

peut

se faire qu’un créancier exerce des poursuites

et qu’ainsi un scandale éclate malgré les sacrifices que fait toute la

famille. Alexandre de Neufville m’a demandé si dans ce cas je ne

pourrais pas te demander la discrétion du

Figaro

pour que ne soit

pas sali leur nom respecté ». Quant à Proust lui-même, il est « à peu

près ruiné aussi (pas par un frère, ni pour rien de malhonnête !). Si

jamais quelque rubrique comme la Température, ou les chiens écrasés

ou le courrier musical, ou le courrier des théâtres, ou le courrier de

la Bourse, ou le courrier mondain, se trouvait sans titulaire, je serais

ravi d’être le titulaire et tu verrais que je suis capable de m’abstenir de

littérature, d’être bref et pratique ». Mais il espère pouvoir refaire sa

fortune « beaucoup moins considérable que celle du pauvre Neufville,

mais qui n’est pas aussi totalement anéantie ». La lettre de Robert

lui a donné une « impression d’élégance morale extraordinaire »…

[Début juillet]

. « J’ai pensé, avec une profonde reconnaissance, à ta

proposition. […] Si depuis notre téléphonage tu as gardé la même

intention, tu peux annoncer une nouvelle de moi sous celui de ces

trois titres que tu préféreras

Odette mariée

ou :

Les goûters de Gilberte

ou :

Les intermittences du cœur

.

Tu en seras quitte si ton journal est trop encombré, pour ne pas la

publier. En tous cas, à tout hasard, je serai prêt pour la date que tu

me fixerais ». Il rédige alors un petit écho à insérer : « La

Nouvelle

Revue Française

continue dans son numéro de Juillet la publica-

tion, commencée par elle le mois dernier, d’importants fragments

du prochain livre de M. Marcel Proust,

Le Côté de Guermantes

».

[

29 juillet

, après l’acquittement de Mme Caillaux pour l’assassinat

de Gaston Calmette]. « Ne connaissant pas les fils du pauvre et cher

CALMETTE, c’est à toi que j’adresse, au moment où j’apprends le

verdict, l’expression de mon indignation douloureuse ». Il aimerait

qu’il la transmette à la famille. « Je devine ta peine et je la partage

de tout mon cœur »...

Correspondance

, t. XIII, p. 195, 260 et 278.