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ACADÉMIE FRANÇAISE
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PROUST Marcel
(1871-1922).
3 L.A.S. « Marcel Proust », [mai-juillet 1914], à Robert de
FLERS ; 6, 3 et 1 pages in-8.
3 000 / 4 000 €
Proust, ruiné, voudrait une rubrique de courriériste dans
Le Figaro
.
[Mai]
. Il évoque d’abord un article ou écho sur une exposition de
Madeleine LEMAIRE, par Poncetton ou André Beaunier. Puis il parle
de son ami le baron Alexandre de NEUFVILLE « (celui qu’on appelle
Papillon) » qui « vient d’être entièrement ruiné par la faute d’un frère
banquier chez qui était tout son argent. Alexandre de Neufville est
l’homme le plus sincèrement aimé dans ce qu’on appelle bien à tort
la haute société. Mais enfin dans ce cas elle se comporte très bien
et on le tirera aisément d’affaire. Seulement il paraît que le frère a
très mal agi, il
peut
se faire qu’un créancier exerce des poursuites
et qu’ainsi un scandale éclate malgré les sacrifices que fait toute la
famille. Alexandre de Neufville m’a demandé si dans ce cas je ne
pourrais pas te demander la discrétion du
Figaro
pour que ne soit
pas sali leur nom respecté ». Quant à Proust lui-même, il est « à peu
près ruiné aussi (pas par un frère, ni pour rien de malhonnête !). Si
jamais quelque rubrique comme la Température, ou les chiens écrasés
ou le courrier musical, ou le courrier des théâtres, ou le courrier de
la Bourse, ou le courrier mondain, se trouvait sans titulaire, je serais
ravi d’être le titulaire et tu verrais que je suis capable de m’abstenir de
littérature, d’être bref et pratique ». Mais il espère pouvoir refaire sa
fortune « beaucoup moins considérable que celle du pauvre Neufville,
mais qui n’est pas aussi totalement anéantie ». La lettre de Robert
lui a donné une « impression d’élégance morale extraordinaire »…
[Début juillet]
. « J’ai pensé, avec une profonde reconnaissance, à ta
proposition. […] Si depuis notre téléphonage tu as gardé la même
intention, tu peux annoncer une nouvelle de moi sous celui de ces
trois titres que tu préféreras
Odette mariée
ou :
Les goûters de Gilberte
ou :
Les intermittences du cœur
.
Tu en seras quitte si ton journal est trop encombré, pour ne pas la
publier. En tous cas, à tout hasard, je serai prêt pour la date que tu
me fixerais ». Il rédige alors un petit écho à insérer : « La
Nouvelle
Revue Française
continue dans son numéro de Juillet la publica-
tion, commencée par elle le mois dernier, d’importants fragments
du prochain livre de M. Marcel Proust,
Le Côté de Guermantes
».
[
29 juillet
, après l’acquittement de Mme Caillaux pour l’assassinat
de Gaston Calmette]. « Ne connaissant pas les fils du pauvre et cher
CALMETTE, c’est à toi que j’adresse, au moment où j’apprends le
verdict, l’expression de mon indignation douloureuse ». Il aimerait
qu’il la transmette à la famille. « Je devine ta peine et je la partage
de tout mon cœur »...
Correspondance
, t. XIII, p. 195, 260 et 278.