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les collections aristophil
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PROUST Marcel
(1871-1922).
2 L.A.S. « Marcel Proust » et « Marcel », [vers le 7 novembre
1913], à Robert de FLERS ; 4 pages in-8 chaque.
8 000 / 10 000 €
Importante lettre donnant le plan d’
À la Recherche du Temps
perdu
, et une autre sur le lancement de son livre
.
[
Du côté de chez Swann
va paraître le 14 novembre chez Bernard
Grasset.]
[Vers le 7 novembre]
. Son éditeur Bernard GRASSET « voudrait qu’on
annonçât dans un écho du
Figaro
la prochaine apparition de mon
livre. Comme M. Hébrard a chargé un de ses rédacteurs de m’inter-
roger et de faire sur moi un “article d’atmosphère” je voulais attendre
cela qui aurait fourni les éléments de la note », mais il craint « que
cela retarde trop car il faudrait que cette note passât d’ici un jour
ou deux. Mon livre paraît le 14 et ceci est une “indiscrétion” littéraire
(langage d’éditeur). L’ouvrage total s’appellera
À la Recherche du
Temps Perdu
le volume qui va paraître (dédié à Calmette) :
Du Côté
de chez Swann
. Le second
Le Côté de Guermantes
, ou peut’être
À
l’Ombre des Jeunes Filles en fleurs
ou peut’être
les Intermittences
du Cœur
. Le troisième :
Le Temps Retrouvé
ou peut’être
l’Adoration
Perpétuelle
. Ce qu’il faut dire c’est que ce ne sont nullement mes
articles du
Figaro
mais un roman à la fois plein de passion et de
méditation et de paysages. Surtout c’est très différent des
Plaisirs et
les jours
et n’est ni “délicat”, ni “fin”. Cependant une partie ressemble
(mais en tellement mieux) à la
Fin de la Jalousie
. Je voudrais que le
long silence que j’ai gardé et qui m’a laissé inconnu quand d’autres
avaient l’occasion de se faire connaître ne fît pas qu’on annonçât
cela comme un livre dénué d’importance. Sans y en attacher autant
que certains écrivains qui s’en exagèrent certainement la valeur, j’y ai
mis toute ma pensée, tout mon cœur, ma vie même. Si en quelques
lignes tu peux annoncer ce livre tu me ferais bien grand plaisir »…
[16 ? novembre]
. « Mon cher petit Robert Ta lettre me fait beaucoup
de peine parce que tu me dis que je t’en ai fait, et elle me fait aussi
à cause de cela beaucoup de plaisir. C’est que malgré tout ce que
tu dis (et tu t’en doutes peut’être) je t’aime énormément ; je t’ai dit
cela parce que je crois que je le devais, et si cela ne t’a pas laissé
indifférent, c’est que tu es resté bon. Seulement je t’en prie ne fais pas
d’article sur moi, cela enlèverait à ma lettre, à ta réponse, à tout ce
que nous nous sommes dit, tout leur prix. Ta lettre m’a plus ému que
ne pourrait faire ton article. Ce qui me fera plaisir, c’est si plus tard
tu as le temps que tu lises la partie de mon livre sur la jalousie [
Un
amour de Swann
], je crois que tu en seras touché. Si jamais (dans très
longtemps) tu as à rendre compte d’une pièce où il y ait une situation
analogue, si tu veux citer mon livre (si tu l’as aimé) fais-le, dans une
simple parenthèse, mais pas d’article je t’en prie sincèrement. J’ai
eu l’écho que mon éditeur réclamait et c’est tout ce qu’il me fallait.
Je suis très malheureux en ce moment mon petit Robert et je ne sais
si j’aurai même le courage de recopier les deux derniers volumes
qui sont cependant tout faits. Et pendant ce temps-là, pendant que
comme un fou je loue une propriété pour quitter Paris, puis reste
ici, puis veux partir (mais je crois que je vais partir pour toujours), il
faut m’occuper de ce livre, on veut le présenter au Prix Goncourt.
Mon éditeur n’avait consenti à le faire paraître avant que je parte
qu’à condition qu’il fût annoncé avant le flot des livres d’étrennes.
Et je lui avais promis cet écho. Mais tu comprends comme cela
me gênait de le demander à CALMETTE, lui ayant dédié le livre et
l’article du
Temps
ayant ôté tout ce que j’y avais ajouté de gentil à
la dédicace. Je comprends qu’avec tous les grands intérêts que tu
as entre les mains toutes ces vétilles ne puissent t’arrêter. […] Mais je
sens obscurément que quelqu’un qui t’aime vraiment ne peut rien
faire de plus gentil que de maintenir en toi la source des souvenirs
juvéniles, et des émotions désintéressées »...
Correspondance
, t. XII, p. 298 et 325.