1089
1088
151
ACADÉMIE FRANÇAISE
1088
PROUST Marcel
(1871-1922).
L.A.S. « Marcel Proust », [14 janvier 1907], à Robert de
FLERS ; 2 pages in-8.
1 000 / 1 200 €
Robert de Flers vient d’être nommé chevalier de la Légion d’honneur
.
« Mon petit Robert “Joie ! Joie ! pleurs de joie !...” Ces mots de Pascal
à propos d’une autre Croix, peignent bien mon immense satisfaction
de celle qui vient de t’être décernée avec tant de justice. Je voudrais
t’embrasser et aimerais bien embrasser ta grand’mère mais je suis
dans un état qui est mille fois pire qu’il n’a jamais été, vraiment atroce.
[…] Si tu es auprès de tes parents, de ta femme dis-leur ma joie »...
Correspondance
, t. VII, p. 33.
1089
PROUST Marcel
(1871-1922).
L.A.S. « Marcel Proust », [27 février 1907], à Robert de
FLERS ; 2 pages in-8 (deuil).
1 200 / 1 500 €
Belle et tendre lettre de condoléances à son « petit Robert » qui
vient de perdre son père
.
[Raoul de La Motte-Ango, marquis de Flers (1846-1907) est décédé
le 26 février.]
« Mon petit Robert Ne pas pouvoir me lever, venir près de toi comme
autrefois quand tu avais du chagrin, sentir que tu souffres et que je
suis loin de toi, quelle angoisse. Je pensais si souvent à ton père, à sa
fragilité qui le rendait plus charmant encore, presque touchant, à sa
tendresse pour toi qu’il ne t’a peut’être pas exprimée toujours comme
il aurait voulu parce qu’il était malade, mais elle était infinie et quand
il parlait de son Robert ses beaux yeux brillaient d’amour et de fierté.
De fierté, oui mon petit Robert, toi, tu as fait le bonheur et l’orgueil
de tes parents. Ce sera une douceur pour toi dans ta douleur. Tu ne
t’en consoleras jamais mais elle sera moins amère parce que tu te
représenteras heureux par toi celui que tu ne pourras plus embrasser
et chérir. Je pense tant à ta pauvre mère, à tes sœurs qui aimaient
si tendrement leur père. Je souffre tant de la main que je ne peux
pas écrire veux-tu être mon interprète auprès d’elles et crois mon
cher petit Robert que de loin comme de près mon cœur est plein
de toi, plein d’affection, de tristesse, d’admiration et de tendresse »…
Correspondance
, t. VII, p. 93.