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les collections aristophil
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LAMARTINE Alphonse de
(1790-
1869) [AF 1829, 7
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f].
2 L.A.S. « Lamartine », 16 et 27 octobre
1829, à Abel VILLEMAIN ; 3 et 4 pages
in-8 (quelques petites fentes).
700 / 800 €
Lamartine prépare son élection à l’Aca-
démie française
(il sera élu le 5 novembre
1829).
Au château de Montculot, 16 octobre
. « Je
ne saurais assez vous remercier de l’intérêt
presque personel que vous voulez bien
prendre à ma nomination à l’Académie. […]
il y a plus qu’une vaine estime poétique dans
vos sentiments pour moi. Soyez sûr que je
vous paye en même monnaye, et qu’il y a
plus que l’admiration dans mes sentiments
envers vous. […] Je sens que je devrais être à
Paris, aider au moins mes amis dans ce qui
me concerne moi-même. Je le sens, je le
dis, j’en rougis et je ne puis prendre sur moi
d’y aller. L’amour-propre est plus fort que la
convenance, je songe au lendemain d’une
élection malheureuse, aux condoléances de
mes amis, au rire mal voilé de mes adver-
saires, à la peine de mon père et de ma mère,
au ridicule d’aller deux fois avec assurance
chercher et raporter un désapointement. […]
Mais je prie du moins sur la montagne ».
On lui dit que CHATEAUBRIAND ne votera
pas pour lui, et que CUVIER votera le duc
de Bassano…
27 octobre
. « Je crois que si je ne suis pas
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LAMARTINE Alphonse de
(1790-
1869) [AF 1829, 7
e
f].
L.A.S. « Al. de Lamartine », château de
Montculot 20 octobre 1829, à un duc ;
3 pages in-4 (petites fentes aux plis).
400 / 500 €
Intéressante lettre sur sa candidature à
l’Académie
.
[Lamartine se présente au fauteuil de Pierre
Daru, face à trois concurrents : Philippe de
Ségur, Azaïs et David. Lamartine l’emportera
le 5 novembre 1829 par 19 voix sur 33 votants.]
Se souvenant de l’accueil si flatteur du duc
et de sa bienveillance à son égard lorsqu’il
s’était présenté en 1825, il se permet d’espérer
à nouveau le soutien du duc. Mais il vient
d’apprendre que M. de
S
ÉGUR
se présente :
étant lui-même un grand admirateur de ce
dernier, « si j’avais connu ses intentions je ne
me serais pas mis en avant contre un homme
de si beau talent, mais mes démarches sont
faites, il est trop tard pour reculer ; M. de
Ségur a l’honneur d’être de vos parents, si
dans la lutte qui aura lieu entre M. de Bas-
sano et moi vous m’abandonnez, si même
vous formez un tiers parti dont M. de Ségur
serait le candidat, mon élection sera vivement
compromise ; et cette élection est la seule
sur laquelle je puisse fonder une légitime
espérance »… Lamartine espère que son
correspondant pourra favoriser M. de Ségur
sans toutefois compromettre sa nomina-
tion. Il espère que son absence forcée de
Paris ne jouera pas contre lui : « J’ai assez
témoigné mon vif désir d’être admis parmi
des hommes qui comme vous Monsieur le
Duc sont l’honneur de leur époque et de
leur pays »…
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LAMARTINE Alphonse de
(1790-
1869) [AF 1829, 7
e
f].
L.A.S. « Al. de Lamartine », château de
Montculot [automne 1829], au vicomte
Amédée de PASTORET ; 2 pages in-8
(portrait joint).
400 / 500 €
Sur sa candidature à l’Académie
.
Il le prie d’intervenir près de son père pour
soutenir sa candidature : « on m’a offert des
voix pour succéder à M. DARU à l’académie.
Je ne demande pas mieux pourvu que je me
présente avec des chances probabilissimes
des succès. Demandez donc pour moi à M.
de Pastoret sa voix […]. Je serais bien aise
de donner cette joie à mon père et vous
comprendrez ce sentiment beaucoup mieux
que le plaisir de quitter ma studieuse retraite
admis vos quatre lettres me consoleront.
Mes descendants diront à l’avenir : regardez
il ne fut pas reçu parmi l’élite des hommes
de son époque mais M. Villemain jugea
leur jugement et le trouva digne d’être son
collègue autant que son ami. N’ayez donc
pas de souci trop fort de mon élection, si j’ai
un échec j’en suis consolé d’avance. Mais
si j’allais à Paris solliciter moi-même, revoir
les figures officielles et négatives, entendre
prononcer face à face ma réprobation, je
serais humilié et affligé. […] J’aime mieux
attendre ici le coup que d’aller le chercher
si loin. Je ne dirai ma honte qu’aux arbres
de mes bois, ils ne me reprocheront rien, ils
ne me diront pas : si vous aviez fait, si vous
aviez dit, si vous aviez voulu ? et je passerai
mon hyver en paix entre une tragédie que
j’ébauche et une harmonie que j’achève. [...]
La tristesse et l’ennui sont mes deux muses.
Qui les connaît mieux que moi ? L’âme se
replie en elle-même et ses tortures sont ce
qu’on appelle du génie »...
L’Académie française au fil des lettres
,
p. 180-183.
On joint
la copie d’une lettre (28 mai 1848).