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103

ACADÉMIE FRANÇAISE

993

LACRETELLE jeune Charles

(1766-1855) publiciste, historien et

professeur [AF 1811, 12

e

f].

L.A.S. « Lacretelle », 26 août [1843], à

Victor HUGO ; 3 pages in-8, adresse

(marque postale

Le Président de la

Chambre des Pairs

) (portrait joint).

500 / 700 €

Belle lettre à Victor Hugo

.

Il espère que son « cher et illustre ami » a

quitté Paris pour « ces retraites qui élèvent

si haut votre pensée, ou de ces voyages où

nous aimons tant à vous suivre ». Il souhaite

qu’il vienne avec son « adorable femme, dans

un jardin dont tous les arbres vous diraient

combien vous êtes présent au cœur de vos

amis et qui seraient bien glorifiés de vous

inspirer des vers plus durables que leurs plus

hautes âmes ». Il y a récemment accueilli

VILLEMAIN. Il félicite Hugo pour les succès

de ses fils. Lacretelle a abandonné la poésie :

« Je suis revenu à la passion de mon âge

mur, à l’histoire et quoique le burin doive

trembler sous des mains presque octogé-

naires, j’y trouve encore un vif attrait. [...] Je

crois que c’est un devoir pour le philosophe

de parler après l’homme d’état et d’énoncer

des scrupules que celui-ci éloigne assez

lestement. Mon histoire du Consulat et de

l’Empire ne doit contenir que six volumes »...

Faisant allusion à l’échec des

Burgraves

,

dont la première lui a fait une « profonde

impression », Lacretelle conclut : « L’âge

des épreuves est passé pour moi, mais mon

anxiété est bien vive quand elles atteignent

mes amis il est beau d’avoir pour les sur-

monter force d’âme, génie, gloire acquise

et bonheur domestique »... [Quelques jours

plus tard, le 4 septembre, Léopoldine Hugo

mourait tragiquement à Villequier.]

On joint

24 L.A.S.

, 1808-1844 et s.d.

7

messidor

, à une citoyenne, belle lettre de

prison : « Le malheur de ma vie a été de

faire quelques apparitions politiques sans

avoir eu un système réfléchi »…

[2 décembre

1808]

, à Bon-Joseph Dacier, présentant sa

candidature à la succession de Bitaubé à la

classe d’histoire et de littérature ancienne.

7 novembre 1821

, à l’abbé Nicolle, en faveur

de Léon de Bruyès.

9 mars [1823]

, à Morel-

Vindé, sur ses enfants.

[30 septembre 1824]

,

à Alexandre Guiraud, sur la mort de son frère

Lacretelle aîné.

28 octobre 1825

, félicitations

au pharmacien lyonnais Cap.

6 novembre

1826

, au duc de La Rochefoucauld-Dou-

deauville, sur sa carrière d’historien.

[1837]

,

au sujet de son éloge de Napoléon. Etc. Plus

un feuillet autographe de brouillon, 2 L.S. et

2 pièces jointes.

les États-unis d’Amérique et

l’esprit

qui anime

depuis 1789 la plus grande partie des libéraux

et des démocrates d’Europe. Encore même

que les États-unis dussent subsister long-

temps, il ne s’ensuivrait pas qu’ils fussent le

modèle invariable et universel de toutes les

sociétés libres. Là comme ailleurs la variété

est une loi du monde, et rien assurément

ne se ressemblait moins que l’Angleterre

et la France de 1814 à 1848, quoique toutes

deux fussent dotées d’institutions monar-

chiques parlementaires. C’est

l’Esprit

qui est

la grande affaire dans cette question ; c’est

l’esprit

anti-religieux, absolument égalitaire,

amoureux de la centralisation civile, qui a

dévoyé la grande révolution de 1789 et l’a

empêchée toujours de produire les fruits

qu’on devait en attendre. Tant que cet esprit

subsistera, le libéralisme sera vaincu par une

démocratie oppressive ou par une autocratie

sans frein, et c’est pourquoi l’union de la

liberté et du christianisme est le seul salut

possible de l’avenir. Le christianisme seul peut

donner à la liberté sa véritable nature, et la

liberté seule peut donner au christianisme

les moyens d’influence qui lui sont essen-

tiels. M. de TOCQUEVILLE l’avait compris,

et ça été là le grand caractère de sa vie. Il a

été par le christianisme un libéral complet,

pur, désintéressé, supérieur aux misères

des partis qui ont divisé son temps, et Dieu

a voulu qu’il obtint, malgré cette supériorité,

l’hommage unanime de la France, de l’Eu-

rope et de l’Amérique. Ses écrits, comme

sa mémoire, doivent être la boussole de

tous ceux qui pensent comme vous, […] et

je n’ai pas eu d’autre intention dans l’éloge

que j’en ai fait en une occasion mémorable,

que de mettre en relief une figure qui nous a

été donnée très évidemment pour modèle.

Chateaubriand, O’Connel, Frédéric Ozanam,

Tocqueville, voilà, dans la génération qui

s’achève, nos pères et nos conducteurs.

J’espère que la race s’en perpétuera, et,

quoique si loin d’eux, ma consolation est

de penser que je les suis »...

L’Académie française au fil des lettres

,

p. 214-217.

On joint

une L.A.S., 23 janvier 1861, à Adolphe

Desmoulins, 23 janvier 1861, pour retirer à

l’Institut auprès d’Antonius Pingard deux

exemplaires de son discours.

pour un temps dont nous ignorons la durée.

Il ne nous reste qu’à maintenir les principes

généraux d’une juste liberté sous un honnête

gouvernement, et d’attendre avec patience

que Dieu nous juge digne de ce bienfait.

Mais il y a une tribune toujours ouverte,

c’est celle de la vérité contre l’erreur, du bien

contre le mal, de la foi contre l’ignorance »…

Il souhaite que le journal

Le Correspondant

,

sans abandonner ses opinions politiques,

« devienne de plus en plus le théâtre d’une

forte et honorable polémique contre les

erreurs religieuses de notre époque.

L’Univers

remplit ce rôle en spadassin, vous devez le

remplir en chrétien convaincu »… –

9 mars

1860

. Lacordaire remercie Falloux de lui avoir

communiqué si rapidement « le résultat de

votre audience des Tuileries. Voilà donc une

affaire terminée, et certes elle avait des diffi-

cultés qui pouvaient paraître insurmontables

avant, pendant et après l’élection » [qui avait

été interprétée comme un blâme à Napoléon

III]. Il est convenu que sa réception n’aura

lieu qu’en janvier 1861. Lacordaire serait heu-

reux de recevoir Jean-Jacques AMPÈRE à

Sorèze : « ça a été pendant un demi-siècle

le rendez-vous du voltairianisme ; il est juste

que les bonnes et saines idées y prennent

leur revanche »… Le résultat de l’entrevue

de Falloux aux Tuileries avec l’Empereur

ne l’étonne pas : il y voit une vraie volonté

politique…

992

LACORDAIRE Henri-Dominique

(1802-1861) prédicateur et pédagogue

[AF 1860, 18

e

f].

L.A.S. « Fr. Henri-Dominique

Lacordaire, des Fr. Prêch. », Sorèze

23 février 1861, à Numa BOUDET,

à Castelsagrat (Tarn et Garonne) ;

2 pages in-4 à en-tête

École de

Sorèze

, adresse.

500 / 700 €

Belle lettre sur son discours de réception

à l’Académie française, et la démocratie

en Amérique

.

[Lacordaire avait été élu le 2 février 1860 au

fauteuil d’Alexis de TOCQUEVILLE ; il fut reçu

le 24 janvier 1861 par Guizot.]

« Dans mon discours de réception à l’aca-

démie française, dont vous voulez bien

me féliciter, je n’ai point entendu donner

la démocratie américaine comme le type

et l’idéal des sociétés humaines, mais faire

ressortir par une comparaison sensible les

différences si graves entre

l’esprit

qui a fondé