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ACADÉMIE FRANÇAISE
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LACRETELLE jeune Charles
(1766-1855) publiciste, historien et
professeur [AF 1811, 12
e
f].
L.A.S. « Lacretelle », 26 août [1843], à
Victor HUGO ; 3 pages in-8, adresse
(marque postale
Le Président de la
Chambre des Pairs
) (portrait joint).
500 / 700 €
Belle lettre à Victor Hugo
.
Il espère que son « cher et illustre ami » a
quitté Paris pour « ces retraites qui élèvent
si haut votre pensée, ou de ces voyages où
nous aimons tant à vous suivre ». Il souhaite
qu’il vienne avec son « adorable femme, dans
un jardin dont tous les arbres vous diraient
combien vous êtes présent au cœur de vos
amis et qui seraient bien glorifiés de vous
inspirer des vers plus durables que leurs plus
hautes âmes ». Il y a récemment accueilli
VILLEMAIN. Il félicite Hugo pour les succès
de ses fils. Lacretelle a abandonné la poésie :
« Je suis revenu à la passion de mon âge
mur, à l’histoire et quoique le burin doive
trembler sous des mains presque octogé-
naires, j’y trouve encore un vif attrait. [...] Je
crois que c’est un devoir pour le philosophe
de parler après l’homme d’état et d’énoncer
des scrupules que celui-ci éloigne assez
lestement. Mon histoire du Consulat et de
l’Empire ne doit contenir que six volumes »...
Faisant allusion à l’échec des
Burgraves
,
dont la première lui a fait une « profonde
impression », Lacretelle conclut : « L’âge
des épreuves est passé pour moi, mais mon
anxiété est bien vive quand elles atteignent
mes amis il est beau d’avoir pour les sur-
monter force d’âme, génie, gloire acquise
et bonheur domestique »... [Quelques jours
plus tard, le 4 septembre, Léopoldine Hugo
mourait tragiquement à Villequier.]
On joint
24 L.A.S.
, 1808-1844 et s.d.
7
messidor
, à une citoyenne, belle lettre de
prison : « Le malheur de ma vie a été de
faire quelques apparitions politiques sans
avoir eu un système réfléchi »…
[2 décembre
1808]
, à Bon-Joseph Dacier, présentant sa
candidature à la succession de Bitaubé à la
classe d’histoire et de littérature ancienne.
7 novembre 1821
, à l’abbé Nicolle, en faveur
de Léon de Bruyès.
9 mars [1823]
, à Morel-
Vindé, sur ses enfants.
[30 septembre 1824]
,
à Alexandre Guiraud, sur la mort de son frère
Lacretelle aîné.
28 octobre 1825
, félicitations
au pharmacien lyonnais Cap.
6 novembre
1826
, au duc de La Rochefoucauld-Dou-
deauville, sur sa carrière d’historien.
[1837]
,
au sujet de son éloge de Napoléon. Etc. Plus
un feuillet autographe de brouillon, 2 L.S. et
2 pièces jointes.
les États-unis d’Amérique et
l’esprit
qui anime
depuis 1789 la plus grande partie des libéraux
et des démocrates d’Europe. Encore même
que les États-unis dussent subsister long-
temps, il ne s’ensuivrait pas qu’ils fussent le
modèle invariable et universel de toutes les
sociétés libres. Là comme ailleurs la variété
est une loi du monde, et rien assurément
ne se ressemblait moins que l’Angleterre
et la France de 1814 à 1848, quoique toutes
deux fussent dotées d’institutions monar-
chiques parlementaires. C’est
l’Esprit
qui est
la grande affaire dans cette question ; c’est
l’esprit
anti-religieux, absolument égalitaire,
amoureux de la centralisation civile, qui a
dévoyé la grande révolution de 1789 et l’a
empêchée toujours de produire les fruits
qu’on devait en attendre. Tant que cet esprit
subsistera, le libéralisme sera vaincu par une
démocratie oppressive ou par une autocratie
sans frein, et c’est pourquoi l’union de la
liberté et du christianisme est le seul salut
possible de l’avenir. Le christianisme seul peut
donner à la liberté sa véritable nature, et la
liberté seule peut donner au christianisme
les moyens d’influence qui lui sont essen-
tiels. M. de TOCQUEVILLE l’avait compris,
et ça été là le grand caractère de sa vie. Il a
été par le christianisme un libéral complet,
pur, désintéressé, supérieur aux misères
des partis qui ont divisé son temps, et Dieu
a voulu qu’il obtint, malgré cette supériorité,
l’hommage unanime de la France, de l’Eu-
rope et de l’Amérique. Ses écrits, comme
sa mémoire, doivent être la boussole de
tous ceux qui pensent comme vous, […] et
je n’ai pas eu d’autre intention dans l’éloge
que j’en ai fait en une occasion mémorable,
que de mettre en relief une figure qui nous a
été donnée très évidemment pour modèle.
Chateaubriand, O’Connel, Frédéric Ozanam,
Tocqueville, voilà, dans la génération qui
s’achève, nos pères et nos conducteurs.
J’espère que la race s’en perpétuera, et,
quoique si loin d’eux, ma consolation est
de penser que je les suis »...
L’Académie française au fil des lettres
,
p. 214-217.
On joint
une L.A.S., 23 janvier 1861, à Adolphe
Desmoulins, 23 janvier 1861, pour retirer à
l’Institut auprès d’Antonius Pingard deux
exemplaires de son discours.
pour un temps dont nous ignorons la durée.
Il ne nous reste qu’à maintenir les principes
généraux d’une juste liberté sous un honnête
gouvernement, et d’attendre avec patience
que Dieu nous juge digne de ce bienfait.
Mais il y a une tribune toujours ouverte,
c’est celle de la vérité contre l’erreur, du bien
contre le mal, de la foi contre l’ignorance »…
Il souhaite que le journal
Le Correspondant
,
sans abandonner ses opinions politiques,
« devienne de plus en plus le théâtre d’une
forte et honorable polémique contre les
erreurs religieuses de notre époque.
L’Univers
remplit ce rôle en spadassin, vous devez le
remplir en chrétien convaincu »… –
9 mars
1860
. Lacordaire remercie Falloux de lui avoir
communiqué si rapidement « le résultat de
votre audience des Tuileries. Voilà donc une
affaire terminée, et certes elle avait des diffi-
cultés qui pouvaient paraître insurmontables
avant, pendant et après l’élection » [qui avait
été interprétée comme un blâme à Napoléon
III]. Il est convenu que sa réception n’aura
lieu qu’en janvier 1861. Lacordaire serait heu-
reux de recevoir Jean-Jacques AMPÈRE à
Sorèze : « ça a été pendant un demi-siècle
le rendez-vous du voltairianisme ; il est juste
que les bonnes et saines idées y prennent
leur revanche »… Le résultat de l’entrevue
de Falloux aux Tuileries avec l’Empereur
ne l’étonne pas : il y voit une vraie volonté
politique…
992
LACORDAIRE Henri-Dominique
(1802-1861) prédicateur et pédagogue
[AF 1860, 18
e
f].
L.A.S. « Fr. Henri-Dominique
Lacordaire, des Fr. Prêch. », Sorèze
23 février 1861, à Numa BOUDET,
à Castelsagrat (Tarn et Garonne) ;
2 pages in-4 à en-tête
École de
Sorèze
, adresse.
500 / 700 €
Belle lettre sur son discours de réception
à l’Académie française, et la démocratie
en Amérique
.
[Lacordaire avait été élu le 2 février 1860 au
fauteuil d’Alexis de TOCQUEVILLE ; il fut reçu
le 24 janvier 1861 par Guizot.]
« Dans mon discours de réception à l’aca-
démie française, dont vous voulez bien
me féliciter, je n’ai point entendu donner
la démocratie américaine comme le type
et l’idéal des sociétés humaines, mais faire
ressortir par une comparaison sensible les
différences si graves entre
l’esprit
qui a fondé