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les collections aristophil

519

RILKE Rainer Maria (1875-1926).

L.A.S., Hôtel Bellevue Sierre (Valais)

4 novembre 1926, à un ami ; 2 pages

in-4 sur papier bleu.

1 500 / 2 000 €

Émouvante lettre, une des toutes dernières

lettres de Rilke, déjà très malade

.

[Le 30 novembre, Rilke sera hospitalisé

à la clinique de Valmont à Glion près de

Montreux, où il mourra d’une leucémie

incurable le 29 décembre.]

« Que je suis navré de ne pas pouvoir

vous dire : venez ! Mais

prendre la

responsabilité de vous attirer dans ce pays

si inhospitalier en ce moment et qui, les

derniers échalas arrachés de ses vignes, se

désintéresse de lui-même en s’abandonnant

aux influences de neiges de plus en plus

voisines ? Les chemins, d’un jour à l’autre,

deviennent de plus en plus impraticables…

Tout cela ne serait pas tellement grave, si je

pouvais corriger vos impressions par cette

autre conscience que j’ai de ces parages,

magnifiques à leur temps, et si je pouvais

vous recevoir à mon foyer : mais étant tombé

malade et ne trouvant pas, dans ma vieille

tour (quelque peu héroïque), la commodité

qu’il faut à un être souffrant, j’ai, pour l’instant

fermé Muzot : j’habite une pauvre chambre

d’hôtel […], en attendant le moment de me

transférer soit dans le sanatorium de Val-

Mont, soit dans quelque ville suisse où je

serais mieux soigné ». Il recommande la

lecture des

Beautés de la Provence

de Jean-

Louis VAUDOYER, « qui depuis cet été est

mon livre de chevet »… Les médecins lui

recommandant l’air de la mer, il interroge

son ami à propos de Cavalière sur la Côte

d’Azur…