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Littérature
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RENAN Ernest (1823-1892).
L.A.S. « ERenan », Rosmapamon 28 septembre 1889 ;
4 pages in-8.
400 / 500 €
Intéressante lettre politique
.
« Comme vous, je me réjouis fort des élections d’il y a huit jours ; le
triomphe du boulangisme qui, selon moi, eût entrainé la guerre à très
courte échéance, eût été la perte de la France. Je n’ai contribué en
rien à faire la république ; mais seule, à l’heure qu’il est, la république
peut nous donner ce qui est l’équivalent d’une dynastie, une stricte
et inflexible égalité ». Il remercie des nouvelles de Prangins : « Le
prince Napoléon est pour moi un des premiers esprits de notre
temps. Mais quelle triste destinée ! Il semble que le sort ait voulu se
venger des dons supérieurs dont il a été pour lui si prodigue en lui
enlevant toute possibilité d’en faire usage ». Il aurait souhaité voir le
prince renoncer à toute activité politique, « admettant tacitement que
le titre napoléonien est périmé », et se consacrer à l’histoire et à la
rédaction de ses mémoires. « Par moments, je me prends à espérer
que nous le verrons un jour en France, sur la foi d’une réconciliation
loyale, causant avec ses amis philosophes des souvenirs de sa vie
agitée ». Mais il pense que « la situation de notre pauvre patrie, bien
qu’améliorée, laisse place encore à de terribles appréhensions. […]
vous avez fait de grands sacrifices à la vérité, et, si j’ai quelque droit
à parler au nom de Jésus, j’oserai dire qu’il n’a pas de notre temps
de disciple plus authentique que vous »…