168
les collections aristophil
celle que vous connaissez ici : offices, ballade
et lectures chez soi » ; il va faire « la vendange
avec les moines, dans leurs vignes »….
18
octobre
: il rentre d’un voyage en Vendée
militaire avec le Père Besse et il attend des
épreuves que Stock ne lui envoie pas.
1
er
janvier
1900
: « Je ne crois pas qu’une
année se soit encore annoncée aussi trouble
et barrée par des horizons plus noirs. Ce
gouvernement de chenapans n’est pas sans
nous inquiéter sérieusement, ici, avec ses
lois sur les congrégations qu’il prépare » ;
il raconte la dernière « exquisité » d’Arthur
MEYER qui exige une lettre du curé de
Sainte-Clotilde « pour lui affirmer l’orthodoxie
des
Pages Catholiques
et de la préface (!!) » ;
ce volume paraîtra aussi chez Oudin, « un
des grands éditeurs catholiques. C’est la
seule façon de le faire pénétrer, si possible,
dans ce monde-là que le nom de Stock,
trop mêlé aux affaires de Rennes, effraie »...
7 février
: « LE CARDONNEL va entrer ici,
sous mes auspices, comme novice au
cloître » ; il assiste en mars à la cérémonie
de prise d’habit d’oblat de Huysmans.
14
mai
: les troubles parviennent jusqu’à Ligugé :
« La franc-maçonnerie compliquée de
Dreyfusardisme a subitement éclaté […] Des
ouvriers d’usine et des femmes en cheveux,
en procession de 8 heures du matin à 8
heures du soir, […] portant un mannequin de
curé, hurlant la Carmagnole, gueulant mort
aux moines, coupons les curés en 4, à bas les
bourgeois, vive la Commune ! »… Il travaille
et doit chercher des débouchés car « Stock
est à peu près en ruines » ; il a conclu « une
affaire avec la Société d’éditions artistiques
du Palais de Hanovre pour le recueil d’une
partie de mes articles de
l’Écho
».
12 juillet
:
il a eu la visite du « fol abbé » (MUGNIER) et
peste contre un manuscrit égaré que cherche
Stock (« c’est un tas de youpins parbleu ! ») ;
cérémonie magnifique pour la translation
des reliques de Saint Benoît, et dîner de gala
avec les novices des Dominicains : « Eux tout
blancs, les Bénédictins tout noirs, un vrai
piano ». Girard vient le voir en août et les jours
passent avec les Leclaire ; « le cloître continue
sa marche placide » et les « exhibitions
liturgiques » le rendent heureux. L’arrivée en
octobre d’une pensionnaire, une jolie jeune
femme, nièce des Leclaire, dont le mari est
parti à Haïti, ne lui déplait pas, mais il est
heureux de retrouver sa solitude.
25 octobre
:
il attend la visite du père Broussolle ; la lutte
se poursuit entre le curé et le cloître, les
tiraillements avec le Père Mayol continuent :
« Est-ce drôle d’être un très pieux moine
et un brave homme comme le P. Mayol et
d’être ainsi doublé d’un emmerdeur à la
20
e
puissance. […] Je fais Lydwine [
Sainte
Lydwine de Schiedam
] comme un pensum
qui commence, Dieu merci, à toucher à sa
fin. Impossible de trouver un tremplin d’art.
C’est de la cendre pénible et de la filasse
d’anecdotes plus ou moins intéressantes ».
4 novembre
: Le Cardonnel a pris « la coule
des novices […] très belle cérémonie, lavement
et baisement de ses pieds par tout le cloître.
[…] Nous attendons toujours les événements,
avec cette loi scélérate des associations » ;
si les moines s’en vont, comme il le craint,
il partira aussi : « car vivre à Ligugé, sans
offices, sans amis, ça non !! – je me fous
de la campagne, dans laquelle je ne mets
même pas les pieds – s’il n’y a pas autre
chose, zut », à moins qu’il ne reste avec
le père Besse et Le Cardonnel ; il termine
Lydwine
« qui m’a donné tant de mal pour
pondre un livre de Monsieur tout le monde
– mais il faut que je le reprenne encore, que
je le recopie, etc. Il y en a pour quelques
mois ».
9 novembre
: l’abbé Broussolle est
venu surveiller l’impression de son livre sur
le Pérugin ; les offices de la Toussaint ont
été magnifiques.
29 décembre
: Noël a été
le cadre d’un « miracle » : FORAIN, perdu de
vue depuis 20 ans, est venu passer Noël avec
lui, et a communié « après s’être fait récurer
par le P. Besse. […] Le Cardonnel, ahuri de
retrouver un tel Forain, en bâillait, et le voilà,
avec le P. Besse, rêvant de tous tes artistes
convertis !! – eh là ! quels gourmands ! »…
20 janvier
1901
: il va lui faire envoyer « un
volume de
la Bièvre et Saint-Séverin
» et
regrette qu’on ait fait sauter sa dédicace à
Girard ; les événements ne manquent pas de
l’inquiéter : il espère le « non-votage » de la
loi, mais n’y croit guère : « Au fond, ce que
cette affaire DREYFUS aura été sursaturée
de diabolisme ! il est juste d’ajouter que
la lâcheté, l’imbécillité des catholiques
méritent vraiment une leçon. Mais ils ne
la comprendront même pas ».
24 avril
: il
a des soucis domestiques et doit faire le
tampon entre le P. Besse et Le Cardonnel,
qui sont au bord de la brouille ; Ligugé lui
semble moins plaisant et il regrette l’ancienne
génération des moines : « je crois bien que
j’aurai vu les derniers moines bénédictins,
vraiment dignes de ce nom ; le reste, c’est
.../...