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Littérature
jours »… L’année suivante, il fait, à l’automne
un nouveau séjour, plus dur, à la Trappe
(« Le lever à 3 heures, en pleine nuit, est un
supplice, mais les braves gens ! ») ; il y attend
de Stock les épreuves de son livre ; il donne
des nouvelles d’Anna Meunier « à peu près
gâteuse », et dit sa joie d’avoir trouvé « chez
le libraire Foulard la 1
ère
édition de
la Vieille
Maîtresse
, 3 volumes complets arrivant d’un
cabinet de lecture de Charleville, le tout pour
6 francs... Ça donne au moins dans une vie
sans joie quelques minutes de plaisir »…
30
janvier 1895
: il n’en peut plus de subir au
ministère son Directeur « impulsif, malade,
pur aliéné, révoquant à tort et à travers, faisant
appeler les gens le soir, etc. » ; il annonce la
mort de la femme de Descaves en couches,
et l’enfermement de la femme de Léon BLOY,
sur lequel il émet un terrible jugement : « C’est
une âme bien méprisable, bien noire, mais
quelle vie il aura eue ! Si encore il se rendait
compte que de tels cataclysmes pourraient
bien être la terrible punition de ses méfaits
– mais non, il est trop orgueilleux pour
cela ! Satanisé par ce vice, jusque dans les
moelles »… Il ne peut guère compter sur ses
droits d’auteur : les affaires de Stock vont
de mal en pis, et « l’infortune me le révèle
menteur comme un arracheur de dents et
foncièrement malhonnête. La mauvaise foi
devait évidemment venir avec la débine. C’est
fait »… Parmi ses amis, Boucher se retrouve
sans travail, Landry « clopine » ; « il n’y a
de valides que les 2 abbés. Le bon Ferret,
plus actif que jamais […] Mugnier, plus gai
et en verve que jadis encore. […] La maman
Thybaut […] déraille toujours doucement sur
la mystique, mais fabrique des céleris au
lard opulents »…
Avril 1896
: il se débarrasse
de son lit mais garde les matelas « que je
referai faire à la largeur du lit monastique ».
17
décembre 1896
: il donne des nouvelles des
deux abbés, Mugnier et Ferret, dont la toux
l’inquiète, et se réfugie dans le travail : « Je
suis toujours plongé dans mon bouquin, noyé
dans ma
Cathédrale
. […] L’édition nouvelle
d’En Route
a paru »...
Ligugé 22 août
1898
: « L’oblature, ici, permet
d’être libre, de voir et de recevoir ses amis,
d’être tout à fait en dehors du monastère et
nullement, au point de vue intellectuel, sous
sa coupe » ; il va faire construire une petite
maison à Ligugé : « Moi, proprio ! est-ce
assez cocasse ! » ; sa retraite et le produit
de ses livres lui permettront de subsister
là-bas.
25 août
: il espère que la toiture sera
terminée pour l’hiver et il attend les Leclaire
qui veulent aussi acheter un terrain ; « c’est
une fête perpétuelle. Les moines, le clergé de
Poitiers, tout le monde m’invite », mais il ne
veut pas emmener la mère Thibault, « cette
sorcière qui me vaudrait dans un village, de
gros ennuis »...
Paris 18 octobre
: sa maison
se construit, et
Le Quartier
Saint-Séverin
« est sous presse. Une édition illustrée par
Lepère à 5 f le volume, se fera, d’autre part,
pour l’Exposition de 1900 » ; il a toujours des
problèmes avec la Sol : « elle arrive comme
une bombe chez moi [….] c’est une crise de
sanglots et de larmes à faire pitié […] est-elle
folle ? » ; mais une autre femme entre en
scène : « une blonde, cette fois, demeurant à
Vaugirard ! –. La vie ! la vie ! est-ce assez bête
! Rien quand on aurait voulu, tout quand on
ne veut plus ! Mais la blonde, je l’ai plaquée,
du premier coup, une peintresse ! »…
En
1899
, il s’installe à Ligugé, où il vit dans la
compagnie des moines et de ses bons amis
Leclaire.
13 juillet
: il attend ses bibliothèques
et tâche de préserver son indépendance,
« suivant point par point la ligne de conduite
tracée par l’abbesse de Solesmes et très
approuvée par le P. Besse de sorte que j’ai
toutes les joies du cloître sans être mêlé
à tous les bas potins. […] Il y a eu, avant-
hier, cérémonie magnifique à propos de la
translation des restes de St Benoit » ; ils sont
envahis de photographes « qui braquent leurs
appareils sur la maison ».
18 septembre
:
malgré les ennuis domestiques, « la vie est
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