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167

Littérature

jours »… L’année suivante, il fait, à l’automne

un nouveau séjour, plus dur, à la Trappe

(« Le lever à 3 heures, en pleine nuit, est un

supplice, mais les braves gens ! ») ; il y attend

de Stock les épreuves de son livre ; il donne

des nouvelles d’Anna Meunier « à peu près

gâteuse », et dit sa joie d’avoir trouvé « chez

le libraire Foulard la 1

ère

édition de

la Vieille

Maîtresse

, 3 volumes complets arrivant d’un

cabinet de lecture de Charleville, le tout pour

6 francs... Ça donne au moins dans une vie

sans joie quelques minutes de plaisir »…

30

janvier 1895

 : il n’en peut plus de subir au

ministère son Directeur « impulsif, malade,

pur aliéné, révoquant à tort et à travers, faisant

appeler les gens le soir, etc. » ; il annonce la

mort de la femme de Descaves en couches,

et l’enfermement de la femme de Léon BLOY,

sur lequel il émet un terrible jugement : « C’est

une âme bien méprisable, bien noire, mais

quelle vie il aura eue ! Si encore il se rendait

compte que de tels cataclysmes pourraient

bien être la terrible punition de ses méfaits

– mais non, il est trop orgueilleux pour

cela ! Satanisé par ce vice, jusque dans les

moelles »… Il ne peut guère compter sur ses

droits d’auteur : les affaires de Stock vont

de mal en pis, et « l’infortune me le révèle

menteur comme un arracheur de dents et

foncièrement malhonnête. La mauvaise foi

devait évidemment venir avec la débine. C’est

fait »… Parmi ses amis, Boucher se retrouve

sans travail, Landry « clopine » ; « il n’y a

de valides que les 2 abbés. Le bon Ferret,

plus actif que jamais […] Mugnier, plus gai

et en verve que jadis encore. […] La maman

Thybaut […] déraille toujours doucement sur

la mystique, mais fabrique des céleris au

lard opulents »…

Avril 1896 

: il se débarrasse

de son lit mais garde les matelas « que je

referai faire à la largeur du lit monastique ».

17

décembre 1896

 : il donne des nouvelles des

deux abbés, Mugnier et Ferret, dont la toux

l’inquiète, et se réfugie dans le travail : « Je

suis toujours plongé dans mon bouquin, noyé

dans ma

Cathédrale

. […] L’édition nouvelle

d’En Route

a paru »...

Ligugé 22 août

1898

 : « L’oblature, ici, permet

d’être libre, de voir et de recevoir ses amis,

d’être tout à fait en dehors du monastère et

nullement, au point de vue intellectuel, sous

sa coupe » ; il va faire construire une petite

maison à Ligugé : « Moi, proprio ! est-ce

assez cocasse ! » ; sa retraite et le produit

de ses livres lui permettront de subsister

là-bas.

25 août

 : il espère que la toiture sera

terminée pour l’hiver et il attend les Leclaire

qui veulent aussi acheter un terrain ; « c’est

une fête perpétuelle. Les moines, le clergé de

Poitiers, tout le monde m’invite », mais il ne

veut pas emmener la mère Thibault, « cette

sorcière qui me vaudrait dans un village, de

gros ennuis »...

Paris 18 octobre 

: sa maison

se construit, et

Le Quartier

Saint-Séverin

« est sous presse. Une édition illustrée par

Lepère à 5 f le volume, se fera, d’autre part,

pour l’Exposition de 1900 » ; il a toujours des

problèmes avec la Sol : « elle arrive comme

une bombe chez moi [….] c’est une crise de

sanglots et de larmes à faire pitié […] est-elle

folle ? » ; mais une autre femme entre en

scène : « une blonde, cette fois, demeurant à

Vaugirard ! –. La vie ! la vie ! est-ce assez bête

! Rien quand on aurait voulu, tout quand on

ne veut plus ! Mais la blonde, je l’ai plaquée,

du premier coup, une peintresse ! »…

En

1899

, il s’installe à Ligugé, où il vit dans la

compagnie des moines et de ses bons amis

Leclaire.

13 juillet

 : il attend ses bibliothèques

et tâche de préserver son indépendance,

« suivant point par point la ligne de conduite

tracée par l’abbesse de Solesmes et très

approuvée par le P. Besse de sorte que j’ai

toutes les joies du cloître sans être mêlé

à tous les bas potins. […] Il y a eu, avant-

hier, cérémonie magnifique à propos de la

translation des restes de St Benoit » ; ils sont

envahis de photographes « qui braquent leurs

appareils sur la maison ».

18 septembre

 :

malgré les ennuis domestiques, « la vie est

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