163
Littérature
Grimace est sa chienne. Cette chienne joue
du piano, se couche quand on dit :
Ponsard
et se lève quand on dit
Victor Hugo
».
31
, à
Saint-Mandé pour voir Adèle, et sur la tombe
de Claire Pradier.
Août
.
1
er
. Séance photo chez Carjat.
3
.
« Effroyante histoire de Paul VERLAINE.
Pauvre jeune femme ! Pauvre petit enfant !
Et lui-même, qu’il est à plaindre ! »
7
. « Je
suis allé rue du Bac chez Andriveau-Goujon
acheter des cartes de la Vendée pour mon
livre
93
», puis chez Judith Mendès qui
« cache chez elle un pauvre fugitif de la
Commune (qui s’appelle Marrast). Son père,
Théophile Gautier, est bien malade. J’ai dit
à M
me
Mendès de me l’amener à Hauteville
house. Il sera chez lui, et pourra y vivre et y
mourir »… Départ pour Guernesey.
8
. Arrivée à
Granville : « Il y a une certaine foule autour de
nous ; les uns saluent, les autres me regardent
de travers » ; mot de LECONTE DE LISLE :
«
Victor Hugo est bête comme l’Himalaya
.
Je ne trouve pas le mot désagréable, et
je pardonne à Lecomte de l’Île qui me fait
l’effet d’être bête tout court. Il est né à l’île
Bourbon, ce qui fait qu’il ajoute
de Lisle
à son
nom
Lecomte
. […] Nous arrivons à Jersey à
midi et demi. Une foule m’attend sur le port,
– à moitié amie, à moitié hostile, comme à
Granville. […] Je suis allé prendre un bain de
mer dans les rochers vis-à-vis de Marine
Terrace que j’ai aperçue de loin, et qui a plus
que jamais son aspect de tombeau. »
9
. « Je
songe à une pauvre créature en haillons que
j’ai rencontrée hier dans les alentours du fort
Régent. Elle est toute jeune et paraît vieille ;
elle menait par la main une petite fille de sept
ou huit ans, moins déguenillée qu’elle. Je lui
ai demandé son âge en lui donnant quelque
monnaie. Elle m’a répondu :
Seventeen
. Seize
ans. Elle se prostitue aux soldats pour deux
sous. C’est terrible.
– Je prie. –
– Ô Dieu, ayez pitié de tout ce qui souffre,
de tout ce qui expie, de tout ce qui a failli,
et de tout ce qui peut faillir, sur cette terre
et hors de cette terre.
De tous les heureux,
de tous les justes,
de tous les malheureux
de ma pauvre fille Adèle,
de mes chers petits Georges et Jeanne,
de tous les innocents,
de tous les coupables,
de tous les injustes,
de tous les misérables,
de Louis Bonaparte,
de moi.
Ayez pitié de ma pauvre petite Adèle. Ayez
pitié.
Délivrez, pardonnez, émancipez,
affranchissez, sauvez, transfigurez !
Ayez pitié, d’elle que j’aime, et de moi, de
mon cher fils Victor et de moi, de vous et
de moi. Pitié ! »
10
. « Nous arrivons à Guernesey à 9 h. –
Foule tout à fait cordiale, pour nous recevoir.
Beaucoup d’amis. Julie en tête avec Sénat
qui me fait une fête énorme. Il me caresse
tant que Jeanne a peur ».
11
. « Je me suis
remis au travail. J’ai commencé tout de
suite. J’ai fait vingt-quatre vers pendant la
traversée de Jersey à Guernesey »…
14
, Alice
refuse de couper les cheveux de Georges…
17
, visite et aubade de musiciens écossais.
20
: « Ce matin, Jeanne voulant venir avec
moi chez
Roumet
, et n’ayant pas de chapeau,
je lui en ai improvisé un avec un dessus de
panier cassé, et une ficelle rouge. Elle était
charmante ainsi. Elle riait et disait :
je suis
drôle avec papeau !
» [
dessin
].
25
, une souris
dans sa chambre…
29
, lettre de Lockroy pour
« sauver une femme condamnée à mort par
les conseils de guerre »…
30
: « Hier comme
Mariette revenait de la pompe sa cruche à
la main, des gens d’ici lui ont crié :
A bas
la Commune !
elle a répondu :
A bas les
imbéciles !
»…
31
: « J’ai fait faire à Petite
Jeanne un lit à côté du mien. J’ai eu toute
la nuit ce sommeil d’ange à côté de moi ».
Septembre
.
5
: «
Maria nuda
». 7 : «
Esta
mañana, tercera vez
».
12
: « J’ai lu à notre
groupe intime la première partie du poème
Religions
».
13
, sérénade des joueurs de
cloche du pays de Galles (avec leur photo
collée).
14
: « J’ai lu dans le salon rouge à notre
groupe la scène 1
ère
des
Gueux
(Mouffetard
et le marquis Gédéon) et quelques-unes
des pièces ajournées de
l’Année Terrible
».
15
: «
10
a
vez. – Las espaldas hermosas
»…
17
: « J’ai lu, à 4 h., dans le salon rouge, à
notre petit groupe, quelques-unes des pièces
ajournées
de
L’Année Terrible
. Après quoi,
nous sommes allés sur le balcon, j’ai pris
Petite Jeanne sur mon dos, et je lui ai fait
regarder un beau rayon de soleil qui était sur
Serk. Elle me baisait les cheveux pendant ce
temps-là ».
21
: « Conversation très sérieuse
avec Victor sur les enfants dont l’avenir me
préoccupe ».
22
: « On me presse de rentrer
à Paris. On me dit que mon action politique
est là. Je réponds. Depuis le 7 août que j’ai
quitté Paris, j’ai écrit deux manifestes, l’un
pour le banquet de l’anniversaire du 22 7
bre
,
l’autre pour le Congrès de la Paix de Lugano,
et j’ai sauvé la vie à une femme, Marguerite
Prévost (la cantinière du bataillon de Lockroy)
condamnée à mort par les conseils de
guerre ».
23
: « Le froid vient, et nous allons
être seuls, JJ. et moi. […] Après le dîner,
j’ai couché Petite Jeanne moi-même. Elle
redouble de tendresse comme si elle sentait
qu’elle va me quitter ».
24
: « Je regarde
Georges et Jeanne jouer dans le jardin.
Encore deux jours, et tout cela sera évanoui ».
26
: « Après le déjeuner, j’ai fait pour Petite
Jeanne avec de la mie de pain une
poupie
(toupie) qui, à sa grande joie, a fort bien
pirouetté dans une assiette. […] Petite Jeanne
a voulu diner sur mes genoux. On s’est séparé
à dix heures. J’ai fait faire la prière à Georges
et à Jeanne. J’ai reconduit JJ. chez elle et
je suis rentré. Je suis allé dans la chambre
d’Alice (ancienne chambre de ma femme)
voir une dernière fois les enfants endormis.
Je leur ai baisé leurs petites mains »...
28
,
tempête…
30
, il se retire devant CRÉMIEUX
pour les élections à Alger…
Octobre
.
1
er
, départ des enfants : « Profond
déchirement ».
6
: « Mes chers petits-enfants,
c’est pour vous que je travaille. Cela m’aide
à supporter votre absence ».
7
: « M. Paul
Verlaine m’écrit de Londres »…
12
. « Un rouge-
gorge est venu se poser tout près de moi
sur le coin de mon balcon pendant que
.../...