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Littérature
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COCTEAU Jean (1889-1963).
2 L.A.S « Jean », 1926-1950, à COCO
CHANEL ; 1 page grand in-fol., et
1 page in-4 à en-tête de
“Santo-
Sospir” S
t
Jean Cap Ferrat
(tampon
de la collection Serge Lifar).
10 000 / 15 000 €
Témoignages de son amitié pour Coco
Chanel, avec une lettre illustrée d’un grand
dessin
.
12 juin 1926
. « à ma chère Coco avec ma
tendresse et ma reconnaissance profondes »…
“Santo-Sospir”
« Noël 1950. Ma très chère
Coco. J’ai traversé Paris comme une flèche
de sauvage. Si ce Paris ne t’avait pas retrouvé
il me déplairait beaucoup. Mais ma tendresse
fidèle ne te quitte JAMAIS. Je t’aime Jean ».
Il a encadré le mot « jamais ». La lettre est
illustrée
d’un grand profil aux crayons
de couleur sur l’ensemble de la page, de
sorte que l’écriture s’adapte comme un
calligramme à ce dessin.
Provenance
: collection Serge LIFAR (son
tampon sur la 2
e
lettre, vente Genève, 13
mars 2002).
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COCTEAU Jean (1889-1963).
L.A.S. « Jean » avec DESSIN, 16
décembre 1952, à Mary HOECK ;
1 page in-4 (environ 27,5 x 21 cm)
découpée en forme de visage avec
dessin original au crayon bleu, au
stylo bille bleu (légèrement passé) ;
encadrée.
1 000 / 1 500 €
Belle lettre illustrée à sa traductrice
anglaise
.
La lettre est découpée en forme de visage,
dont la bouche, le nez, les yeux (les pupilles
en forme de cœur), les cheveux, sont dessinés
au crayon bleu.
« Avant hier, à Milly j’ai été comme écrasé,
étouffé par cette salade de traductions et de
désordre ». La lettre de Mary le réconforte,
« survolant les petites querelles pour que
le bien aboutisse ». Dans ses articles, il
croyait « lire une étrangère assez lointaine
et indifférente », et on lui avait signalé « la
traduction des
Parents Terribles
comme
honteuse et transformant ma pièce en une
œuvre comique et vulgaire ». Il lui demande
conseil au sujet de futures traductions…
Réflexions sur l’inspiration poétique
.
Ce texte était destiné à accompagner la sortie
du disque vinyle 25 cm
Poèmes de Jean
Cocteau dits par l’auteur
, édité par Pathé-
Marconi en 1954. Cocteau y lisait plusieurs
de ses œuvres, dont
l’Ange Heurtebise
, un
poème sur Manolete et des extraits de son
théâtre.
« Il ne suffit pas d’avoir une idée. Encore
faut-il que cette idée nous aie – nous occupe
– nous hante – nous devienne insupportable
et encombrante pour que nous l’expulsions
et qu’elle se mettre à vivre d’une existence
qui lui soit propre ». Le rôle du poète est
« d’ordre moral […] Écrire, en ce qui concerne
le poète, c’est changer de la nuit en lumière.
C’est en quelque sorte mettre de la nuit en
plein jour. Rien n’est plus complexe ni plus
mystérieux que ce travail. […] Somme toute
notre métier (et PICASSO me disait : Le métier
c’est ce qui ne s’apprend pas) notre métier
est un métier d’archéologue. Puisqu’il ne
faudrait pas dire inspiration mais expiration
– que nos œuvres préexistent et que notre
entreprise est de fouiller notre âme ». Le
cinématographe et le disque, par leur grand
tirage, multiplient pour le poète « les chances
de toucher quelques personnes que le poète
ne rencontrait pas jadis ou rencontrait à la
longue et après sa mort. La lutte que mène
le poète de son vivant est un paradoxe car il
est posthume. La France a toujours tué ses
poètes. La liste est longue de ses victimes. Et
c’est une bonne chose. Un poète doit mourir
plusieurs fois avant de vivre. En vérité, c’est
lorsque le poète est mort qu’il vit et s’il vit
il est toujours un peu mort. C’est pourquoi
sa lutte est si rude. L’œuvre qui le mange
et qui veut se débarrasser de lui est la plus
forte. Elle exige l’aide d’un plus faible et elle
le méprise »… Etc.
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COCTEAU Jean (1889-1963).
MANUSCRIT autographe signé
« Jean », [1954] ; 1 page et demie grand
in-fol. (260 x 460 mm) à l’encre noire,
sur deux feuillets, signé au dos du 1
er
feuillet, avec cette indication au verso
du 2
e
feuillet : « Pour le disque ».
1 000 / 1 500 €