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les collections aristophil

Les ensembles ici présentés sont évidemment très touffus, plus

développés que le texte final. Un même thème se développe en de

nombreuses variations, avec des richesses qui n’ont pu être exploitées.

Ainsi cette phrase de la version imprimée : « Le taureau doit donc

être considéré comme un ambassadeur de la mort » apparaît comme

un concentré de ce développement : « J’en arrive à cette conclusion

que la grandeur des arènes vient de ce que le dialogue final est entre

l’homme et la mort, que le taureau n’est que délégué par elle et que

c’est elle qui porte un masque noir et des cornes, que c’est entre son

ambassadeur et le torero que se déroule le dernier acte du drame. »

Parmi les passages écartés, citons cette réflexion : « Un examen de

conscience honnête obligerait le spectateur de course à s’avouer

qu’il n’irait pas aux arènes sans que le danger de mort y règne. » Ces

différents ensembles, écrits en tous sens, raturés, sont donc une mine

de passages inédits et de fulgurances d’une saisissante beauté, dans

leur désordre même et leur état brut.

Nous présentons brièvement les différents ensembles du dossier

tels qu’ils nous sont parvenus, en en citant les débuts et quelques

brefs passages.

* « Épigraphe. Larmes de dragon ! J’en veux faire un philtre. Mérimée

(

Carmen

) ». 21 pages sur 19 ff in-4 et 3 ff in-8 principalement sur papier

filigrané

Paris Renage

(comme la plus grande partie du manuscrit,

nous ne le signalerons plus), au stylo-bille bleu, à l’encre marron et à la

mine de plomb. La page chiffrée 9 comporte un

dessin

au stylo-bille

bleu (profil de Théophile Gautier), signé et daté du 11 juillet 1954. On

y trouve notamment le début du texte : « D’avoir passé tant de feux

verts et de feux rouges que je feignais de ne pas voir j’ai rencontré

un vrai feu rouge. Une crise cardiaque m’immobilise encore et je

retrouve l’ébauche d’un texte rapporté d’Espagne après une longue

halte, une longue interdiction de lire et d’écrire. Je me demande si

les arènes de Séville et les courses dangereuses que nous y vîmes ne

sont pas à l’origine de la crise dont je viens d’être victime et si le sang

que je reprochais aux spectateurs de ne pas saigner par les pores de

la peau ne se coagulait pas en ma personne et ne prouvait pas, par

un phénomène interne, une participation émotive sur les signes de

laquelle je me trompais »… Suivent des notes sur l’Espagne, Séville,

Théophile Gautier, etc. Transcription dactylographiée jointe (12 ff in-4).

* « Rien ne m’apparaît alors plus drôle que ces voisins de cirque et la

certitude d’être le veau d’or – une mesure idéale – faite à “l’image de

Dieu” au point qu’au lieu de dire que telle chose est plus grande qu’eux

et telle autre plus petite – diront de la plus petite qu’elle est naine et

de la plus grande qu’elle est atteinte de gigantisme »… 10 pages in-4

(chiffrées 1 à 10) au crayon noir, au recto des feuillets. Transcription

dactylographiée jointe (4 ff in-4).

* « Le “banderillero” – c’est de la sorte que me surnomment mes amis

d’Espagne.

Celui qui plante bien ce qu’il veut dire

. De ce surnom

j’avoue être plus fier que de n’importe quel éloge »… Sur une page

rassemblant des noms de toreros et des termes tauromachiques, ce

projet de titre : « Essai d’un ignorant sur l’art de la tauromachie ». Plus

loin, ce développement : « J’estime que la corrida reste le spectacle

populaire le plus noble dans une époque où les manifestations

sportives tendent à perdre toute noblesse par suite des exigences

publicitaires et des intrigues qui les pervertissent. Le sang et la mort

empêchent la corrida de descendre au médiocre »… 19 pages sur 16

ff in-4 et 3 ff in-8, au stylo-bille bleu et quelques notes au crayon.

* « On a plus de peine dans les partis, à vivre avec ceux qui en sont qu’à

agir contre ceux qui y sont opposés. Cardinal de Retz. […] Hoerbiger

(gigantisme et catastrophe périodique par les lunes) rapproché de

nous par le livre de Denis Saurat.

L’Atlantide et le règne des géants

doit être connu de toute personne qui ne se livre pas à la paresse

des apparences et trouve dans le vertigineux du Cosmos un remède

à l’absurde orgueil des hommes »… À la fin, notes sur l’Espagne. 18

pages sur 13 ff in-4 et 3 ff in-8, principalement au stylo-bille bleu, et

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