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Littérature
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DAUDET Alphonse (1840-1897).
CARNET autographe signé,
Sapho
, [1883] ; carnet in-8 de
184 pages (14 x 9,5 cm) ; reliure d’origine à dos de toile
bleue ; étui de maroquin vert en forme de livre.
8 000 / 10 000 €
Précieux carnet, témoin de la genèse du roman
Sapho
.
Sapho, mœurs parisiennes
, écrit en 1883, publié dans
L’
Écho de Paris,
a paru en volume chez Charpentier en 1884. On sait que Daudet y a
transposé sa propre jeunesse et sa longue et orageuse liaison avec
Marie Rieu.
Le carnet porte l’étiquette de la
Papeterie de l’Odéon, Chelu
.
La première page montre les hésitations de Daudet pour trouver le
titre de son « roman parisien » :
Thaïs
,
Léda
,
Psyché
,
Salomé
,
Le
faune
,
La faunesse
sont envisagés ; mais on peut déjà lire la fameuse
dédicace :
« Pour mes fils
quand ils auront vingt ans ».
Sur la même page, Daudet a noté cet envoi autographe :
« A mon cher Henry Céard
L’embryon de Sapho
Alph. Daudet ».
Ce terme d’
embryon
n’est pas mis là au hasard. C’est toute la gestation
du roman qui revit dans ces pages, depuis les brèves notations
jusqu’au début de la rédaction.
Manuscrit de premier jet, abondamment raturé et corrigé, le carnet se
présente en effet comme une première version, un canevas très détaillé
– et parfois déjà rédigé – des XV chapitres du roman, généralement
sur la page de droite ; tandis que sur la page en regard, Daudet note
des développements, des idées complémentaires, des phrases, des
épisodes à ajouter, des répliques, etc. ; par exemple : « Lettres que
Sapho lui écrit, elle parle du bien moral qu’il lui a fait. Meilleure, plus
honnête. Lui au contraire pris son mal » (en marge du chap. VI) ; ou :
« Cette demi-séparation avive le collage. piquant désir du dimanche.
Quelquefois le soir il y va. Le petit salon. Whist. Musique. bonne
façon de Fanny qui se tient bien, que ça amuse. Donne le ton à tout
ce monde. Le péruvien : “une grande
Coucoute
”. – Il y va... étoiles
au dessus de l’arc de triomphe, fait partie de l’éclairage Parisien »
(en marge du chap. VII).
Les premières pages montrent les hésitations de Daudet quant au
nom de son héros : Jean Jourdan, Gastier, Gosselin, et enfin Gaussin ;
quant à son activité : élève à l’école des chartes ou élève-consul.
De même, Sapho (chap. III) se nomme Marie Masson, le nom de
Masson étant surchargé par celui de Legrand ; ce n’est que bien
plus tard que le prénom de Marie (trop proche de la réalité) sera
remplacé par celui de Fanny.
On relèvera sur la première garde des notes sur la famille de Jean
Gosselin-Gaussin ; plus loin, des comptes sur les âges des principaux
personnages ; des listes de noms ; des idées ou des esquisses de
divers épisodes ; des répliques ; le brouillon de la lettre d’adieu de
Fanny qui conclut le roman, etc. Notons que les derniers chapitres
portent des titres qui seront ensuite abandonnés : XIV
La rechûte
,
XV
Le rendez-vous
.
Provenance
: anciennes collections Louis BARTHOU (ex-libris ; II, n°
1031) et Gérard de BERNY (ex-libris ; I, n° 95) ; Daniel SICKLES (I, 51).