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Littérature
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DROUET Juliette (1806-1883).
L.A.S. « Juliette », « 16 août dimanche
après midi » [1846], à Victor HUGO ; 4
pages in-4 sur papier bleuté.
700 / 800 €
Amusante lettre d’amour et de reproches
.
« Je suis très fachée contre vous, mon Toto,
parce que vous vous êtes enfui comme un
voleur ou comme un homme qui n’aime
pas, ce qui est synonime, sans me donner
le temps de vous baiser et vous dire adieu.
Je ne suis pas contente du tout. Si j’avais su
cela je vous aurais forcé à vous empiffrer
d’artichauts à la barigoule, une autre fois je
ne serai pas si bête et je vous ferai avaler
de l’ail plein votre gueule […] Baisez-moi en
attendant gros monstre et dépêchez-vous de
m’apporter votre paletot à arranger. Je vous
préviens que je veux être plus d’un mois en
voyage ou sans cela je pousse d’affreux cris
tout le long de la route et dans les diverses
auberges […] Je n’ai déjà pas tant d’occasion
de bonheur pour me rogner la moitié de ma
pauvre petite joie annuelle. Je vous préviens
que cela ne sera pas que cela peut pas être
quand même le bon dieu serait mort &
enterré. Aussi apprêtez vous à ne revenir que
deux mois au plus tôt après le jour de notre
départ de Paris. Taisez vous vieux scélérat
vous n’avez pas la parole […] Mais je vous
aime, je vous aime, je vous aime. Juliette».
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DROUET Juliette (1806-1883).
L.A.S. « Juliette », 28 avril [1847], à
Victor HUGO ; 4 pages in-8.
700 / 800 €
Lettre un peu triste de Juliette Drouet qui
se sent délaissée
.
« Je ne demande pas mieux que de t’attendre
chez moi, mon doux bien aimé, et même je le
préférerais à sortir. Mais ce qui est agaçant,
c’est l’incertitude. Tu ne peux pas savoir à quel
point le
peut-être
?
à de certain moment a
quelque chose d’irritant. Aujourd’hui surtout
que j’ai une sorte de malaise moral qui me
rend la vie sédentaire seule odieusement
insupportable. Je te demande pardon, mon
Victor, de t’occuper de moi toujours. Je
devrais m’effacer complètement devant
toi, je le sais, et j’y fais tous mes efforts.
Seulement je n’y parviens pas autant qu’il
faudrait et que je le voudrais. […] tu es d’une
discrétion alarmante et qui n’annonce rien
de bien rassurant pour moi. Enfin, il en sera
ce qu’il plaira à Dieu et à toi. Tu sais que j’ai
un grand couteau à ton service, quand tu
voudras je t’en ferai part », allusion aux liens
qu’il peut trancher. Hugo doit s’occuper de
« l’affaire de Charles [la liaison de son fils
Charles avec Alice Ozi]. C’est d’un bon père.
Quant à l’affaire
C
haumontel
tu la négliges à
cause de lui, cela se comprend de reste.
Cependant tu ferais bien de ne pas l’oublier
tout à fait. On ne sait pas tout ce que peut
contenir de cornu et de cornette cette affaire
Chaumontel. Je te la recommande en tout
bien tout honneur et je te prie de passer à
la mairie le plus tôt possible »… [« L’affaire
Chaumontel » est évoquée par Balzac dans
les
Petites misères de la vie conjugale
: pour
justifier ses absences du domicile conjugal,
Adolphe invente cette « affaire Chaumontel »
dont il doit s’occuper.]