70
R
enoir aux
C
ollettes
:
« T
out
pousse
,
c
'
est
la
corne d
'
abondance
... »
100. RENOIR
(Auguste). Lettre autographe signée en deux endroits, «
Renoir
» et « R. », adressée au médedcin,
historien et critique d'art Élie Faure. Cagnes-sur-Mer, 31 mars 1914. 2 pp. in-12, enveloppe.
600 / 800
«
C
her
docteur
,
je
serais
très
heureux
de
vous
voir
à
C
agnes
où je resterai jusqu'à mon retour, mais le voyage entre
Cavallère et Cagnes est si difficile que réellement je n'ose vous y engager.
J
e
serais
content
de
pouvoir
bavarder
un
peu
avec
un
P
arisien
, mais je ne sais si je dois le désirer, à cause de la peine
que cela vous donnerais. J'ai lu votre lettre avec plaisir, lettre pleine d'amitié et de bons souvenirs. Enfin, on verra. Bien
amicalement à vous et aux amis...
P.S. T
emps
superbe
,
tout
pousse
,
c
'
est
la
corne d
'
abondance
...
»
Auguste Renoir avait découvert Cagnes-sur-Mer en
1898
, et, enchanté, y était venu régulièrement avant d'y acheter le
domaine des Collettes en
1907
. Il y passa les hivers, aimant à s'occuper du jardin où il cultivait des rosiers, des orangers
– Claude Monet lui offrit d'ailleurs des soleils pour ce jardin. Bien qu'il s'y sentît parfois un peu abandonné de ses amis
parisiens, Renoir y travailla fructueusement à son art jusqu'à sa mort.
99. RÉGNIER
(Henri de). Manuscrit autographe signé intitulé «
Le sixième mariage de Barbe Bleue
». «
Quimperlé
– Paray-le-Monial, septembre 1892
». 12 pp. 1/2 in-folio, avec ratures et corrections, sur 3 ff. ; estampille des
Entretiens politiques et littéraires
; le tout apprêté pour l'impression, interfolié et relié en un volume de demi-
maroquin bleu à coins, dos lisse avec titre en long, tête dorée (
Canape et Corriez
).
300 / 400
Dédié à l'écrivain Francis Poictevin, ce texte parut d'abord en périodiques, en novembre
1892
dans la revue
Entretiens
politiques et littéraires
et en décembre
1892
dans le
Gil Blas illustré
, avant d'être intégré par Henri de Régnier dans son
recueil
Contes à soi-même
publié en
1893
.
Variation sur le conte
L
a
B
arbe
-B
leue
de Charles Perrault
, inspirée par une visite personnelle des environs de
Quimperlé : le dur seigneur de Carnoët, près de Quimperlé, eut cinq femmes, les aima pour leurs belles robes et les tua,
conservant ces vêtements, mais s'éprit ensuite d'une bergère pour elle-même, l'épousa (elle fut conduite nue à l'église)
et ne la tua pas.
«
... La bergère Héliade qui s'était mariée nue vécut longtemps avec Barbe Bleue qui l'aima et ne la tua point comme il
avait tué Emmène, Poncette, Blismode et Tharsile et cette Alède qu'il ne regrettait plus. La douce présence d'Héliade égaya
le vieux château dont elle avait exorcisé le sortilège meurtrier et sentimental. On la voyait tantôt vêtue d'une robe blanche
comme celle des Dames allégoriques de Sagesse et de Vertus devant qui, sous des architectures, s'agenouillent les pures
licornes aux sabots de cristal, tantôt d'une robe bleue comme l'ombre des arbres sur l'herbe, l'été, ou mauve comme ces
coquilles qu'on trouve sur le sable des grèves grises, là-bas, près de la Mer ou glauque et encoraillée ou d'une mousseline
couleur de l'aube ou du crépuscule selon que le caprice des plis en épaississait ou en augmentait la transparence mais, le
plus souvent, couverte d'une longue cape de laine grossière et coiffée d'une coiffe de toile, car si elle portait parfois l'une
des cinq belles robes que son mari lui avait données, elle préférait pourtant à leur apparat sa cape et sa coiffe...
»
De la bibliothèque André Gide
(n°
299
de la vente de ses livres et manuscrits, Paris, Hôtel Drouot,
27
-
28
avril
1925
).
101. RENOIR
(Auguste). Lettre autographe signée «
Renoir
» au médedcin, historien et critique d'art Élie Faure.
Cagnes-sur-Mer, 3 février 1916. 2 pp. in 12, enveloppe.
400 / 500
Corps périssable du peintre immortel.
«
Cher docteur, ça désemfle. Je commence par vous le dire, en vous remerciant de vos bons conseils, je voudrais, si je
ne m'abuse pas, vous demander si les sels de Vichy (bicarbonate de soude) et le sulfate de magnésie ont le même effet
sur les reins que le sel de cuisine. J'ai été soigné depuis longtemps avec ce bicarbonate pour digérer et à me purger avec
du sulfate de magnésie. Est-ce que je puis continuer ? L'aloès me donne des émoroïdes et le sulfate de magnésie ne
me fait aucun mal au trou de balle, et voilà. Je vous écrirai dans quelques jours, si ce mieux continue. Avec tous mes
remerciements sincères, à vous...
»