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« J'

ai

passé à

S

éville un hiver

entier avec

lui

,

et

très agréablement

,

N

ous

travaillions

tous deux

comme des nègres

... »

 80. MATISSE

(Henri). 2 lettres autographes signées au médecin, historien et critique dl'art Élie Faure. 1921 et 1922.

800 / 1 000

– Nice,

21

octobre

1921

. «

C

her ami

,

je

suis bien peiné de ce qui arrive à ce pauvre

I

turrino que

j

'

aime beaucoup

.

J'ai passé

à Séville un hiver entier avec lui, et très agréablement, nous travaillions tous deux comme des nègres. Vous pouvez

compter sur moi pour votre tombola, quand voulez-vous la toile ? Rappelez-moi au bon souvenir de ce pauvre ami et

croyez-moi votre tout dévoué...

» (

1

p. in-

8

, quelques rousseurs ; enveloppe).

– Nice,

10

mars

1922

. «

Mon cher ami, je lis avec beaucoup d'intérêt le livre que vous m'avez envoyé

[Élie Faure a publié

et préfacé plusieurs ouvrages en

1921

et

1922

].

Je viens de l'avoir en mains seulement ces jours-ci, car ma famille égoïste

l'a gardé un certain temps.

J’

espère que la tombola de ce bon

I

turrino a donné un certain résultat

.

Veuillez lui présenter

mes amitiés. Je vais, du reste, lui écrire – pour lui

[dire]

le plaisir que j'ai eu d'apprendre qu'il est en convalescence.

Encore une fois merci, cher ami, et croyez-moi votre bien dévoué...

» (

1

p. in-folio,

10

mars

1922

).

Condisciple de Matisse aux Beaux-Arts dans la classe de Gustave Moreau, le peintre espagnol Francisco

Iturrino

(

1864

-

1924

) fit de fréquents séjours à Paris avant la Première Guerre Mondiale. Il fut l'introducteur du

fauvisme en Espagne, sous l'influence de Matisse avec qui il travailla en Andalousie de novembre

1910

à janvier

1911

,

puis à Tanger en

1912

. Amputé d'une jambe en

1921

, Iturrino connut une vieillesse difficile, achevée à Cagnes-sur-Mer.

Pour lui venir en aide, Élie Faure organisa en

1922

la tombola dont il est question ici.

 81. MENDÈS

(Catulle). Manuscrit autographe signé intitulé «

D'une fillette tout à fait innocente qui, fort en peine

d'obéir à son confesseur, interrogea sur son cas un jeune moine camaldule et se trouva si bien d'avoir suivi le

conseil donné que désormais elle put entendre sans impatience les joies du paradis

». 10 ff. in-4 oblong avec

ratures et corrections, apprêtés pour l'édition puis montés sur feuillets de papier.

150 / 200

Conte licencieux anticlérical dans lequel le dévoiement du discours pastoral mène une jeune fille à la découverte des joies

terrestres. Catulle mendès le publia en

1893

dans son recueil

Nouveaux contes de jadis

(Paris, Ollendorff).

«

... – Oh !, dit-elle. – Qu'est-ce, ma fille ? – Ces petits n'ont aucun vêtement ! – Aucun vêtement, en effet. – Serait-ce

donc que, pour mériter le paradis, l'on doit... – On doit, pour se rendre digne des célestes récompenses, obéir à la volonté

divine. – Ainsi, mon Père, il faudra que je quitte mon corsage, ma jupe... – Et votre chemise, oui, ma fille. – Hélas ! Que

voilà une extraordinaire obligation ! – Votre confesseur ne vous a-t-il pas conseillé, que dis-je, ordonné d'être comme

les petits enfants ? – Il est vrai, dit-elle. Ce soir, donc, quand tout le monde sera endormi, quand les chandelles seront

éteintes, je ne manquerai point de me mettre toute nue. – Vous l'entendez mal, mon enfant. Je ne vois pas que ces petites

filles et ces petits garçons aient attendu pour se dévêtir le sommeil des gens et l'obscurité. – Quoi ? Me déshabillerai-je

en plein jour ? – Vous ferez comme il vous plaira, ma fille. Je n'ai point de commandement à vous faire, n'étant pas le

directeur de votre conscience. Je me borne à vous montrer, dans l'intérêt de votre salut, le moyen d'éviter les chaudrons

et les bouchers d'enfer. – Ah ! Que vous m'épouvantez, mon Père ! Je tâcherai de m'accoutumer l'esprit à un si singulier

devoir, et, sans doute, quelque jour... – Prenez votre temps. Je ne vous veux point presser. Je dois vous faire remarquer

pourtant, par charité, que la promptitude dans l'obéissance rend la soumission plus agréable au Seigneur...

»

Joint

, un portrait photographique de Catulle Mendès tiré sur carte postale.